Beau comme Apollon, il a eu deux maîtres : Henry Kassagi, le prince des prestidigitateurs et Gérald Lucas un hypnotiseur de génie. A noter que tous deux se sont donné volontairement la mort et sont partis le jour où ils l'ont décidé et programmé.

Ces deux maîtres, Richard l'avoue volontiers, lui ont presque tout appris. Le reste... le plus dur... sans doute l'essentiel, il l'a appris par lui-même, deviné, expérimenté, découvert sur le tas, les mains dans le cambouis et la tête dans les étoiles.

Richard Merveille se dit "illusionniste". Il ne détient aucun "pouvoir" mais des savoirs, du savoir-faire, l'art de manipuler les êtres et les choses.

Il semble très riche mais nul ne sait d'où il tire sa fortune.

Né de père et mère inconnus, il fut trouvé dans une poubelle, un 3 avril, par la sœur tourière d'un monastère. Il fut baptisé Richard (en l'honneur de saint Richard Wyche né un 3 avril). Curieusement, il ne fut pas remis à la DDASS qui ne le réclama pas, mais élevé par les saintes femmes qui l'avaient accueilli en leur couvent.

A 16 ans, il fugua, trouva refuge auprès de manouches, dans un petit cirque provincial, où il apprit sur le tas, mille tours de magie, d'acrobate et de funambule, mais aussi à lire dans les mains, dans les pensées d'autrui, à manipuler les cartes.

Un jour, il disparut pendant trois ans. Parti en Orient, il vécut en Inde, au Népal et au Thibet.

A Madras, sa route croisa celle de Gérald Lucas qui faisait un reportage sur les Yogis et les médecines ayurvédiques. Gérald expérimenta sur Richard les différentes techniques de suggestion utilisées par les fakhirs.

Puis, dans les années 80 il rencontra Henry Kassagi qui venait de démonter le mécanisme des chirurgiens-escrocs philippins prétendant opérer les tumeurs à mains nues. Le célèbre illusionniste l'initia à l'art de la "palpation" et du détournement de l'attention par l'hypnose.

Lorsque Richard Merveille reparut en Europe, il avait apparemment fortune faite et de l'or dans ses belles mains d'artiste. C'était un beau jeune homme élégant, au regard vif, quasi insoutenable, au port de tête altier.

Il ne se produira jamais plus sur une scène.

Homme de l'ombre, de coulisses, conseiller occulte, il vit, aime, agit, travaille, pour le plaisir et à son rythme. Chercheur infatigable, il met au point des techniques d'illusion et de manipulation époustouflantes.

Mais jamais il n'a déposé de brevets pour les innombrables tours de magie, trucs, trouvailles, découvertes, qu'il a inventés.

Il sait faire de l'or avec de la boue, il sait se rendre invisible, léviter en apesanteur, on l'a vu au même instant à plusieurs endroits à la fois, il fait apparaître ou disparaître à volonté hommes, bêtes et choses.

Richard Merveille calcule de tête plus vite qu'un ordinateur. Doté d'une mémoire prodigieuse, il apprend les langues avec une facilité déconcertante. Il connaît des milliers de textes, de poèmes, de chansons, de musiques ou de formules mathématiques par cœur.

Nul n'a jamais vu Richard Merveille boire ou manger, cependant il ne dépérit pas et sait faire jaillir pour ses amis de l'eau, leur offrir des fruits, du pain dans le désert le plus retiré.

On dit qu'il n'a jamais pris une voiture, ni un avion, pourtant il est toujours ponctuel à ses rendez-vous aux quatre coins du monde.

Il sait soulager de son regard les malades les plus gravement atteints, cautériser sans les toucher les plaies les plus atroces, rebouter les corps disloqués, ramener à la vie un moribond, réharmoniser les disgrâces.

Cet homme étonnant lit dans l'esprit des autres à livre ouvert, capte les énergies dispersées dans la nature pour les redistribuer. Sa voix apaise les excités, réarme les infirmes, endort les insomniaques.

Son illusion la plus spectaculaire - à laquelle je n'ai personnellement jamais assisté - est de rendre ses jambes à un cul de jatte, à réhabiliter un laideron. Par suggestion ?

Certains disent qu'il n'existe pas, d'autres que c'est une création publicitaire; pour les psychologues c'est un vulgaire phantasme, pour les hommes de science un agrégat virtuel, pour les humoristes une bulle de savon, pour les physiciens un artefact, pour les satanistes un zombie, pour les hermétistes, un égrégore, pour des ésotéristes, "Richard Merveille" serait un moderne mantra, une clé, un sésame, la portée mélodique capable d'ouvrir toutes les portes matérielles et spirituelles tel l'OM des Hindous ou la "Séquence" des moines thibétains, le révélateur du Yahvé de la kabbale.

Dans les milieux de la zététique il se colporte sur l'Internet, que Richard Merveille a toujours refusé d'entrer dans une cage Faraday, et un journal japonais a prétendu qu'il serait le premier clone humain robotisé lâché dans la nature.

Mais tout cela, personnellement, me dépasse. Car, Richard Merveille je ne l'ai pas rêvé, je l'ai rencontré, je lui ai parlé, il m'a étonné, bouleversé, subjugué, infiltré, transformé. Sans doute vous dirai-je un jour ce qu'il m'a dit.

Richard Merveille... retenez bien ce nom... vous en entendrez encore parler, même s'il n'apparaît jamais à la télévision, dans les journaux ou les magazines, il est présent sur cette terre, circule parmi nous, époustoufle les incrédules et stupéfie les cons.

Pour le voir, pour le sentir vivre en vous, faites comme moi, fermez les yeux en prononçant tout simplement son nom : Richard Merveille.

NB : Plusieurs personnes ont tenté de prendre des photos argentiques ou numériques de Richard. Curieusement son image n'imprègne pas la pellicule, ne se laisse pas numériser, n'apparaît nulle part...