Georges Ohsawa :
LA MACROBIOTIQUE


Ohsawa
Georges Ohsawa (1893-1966)

Une vie hors du commun
Il est né à Kyoto le 18 octobre 1893, sous le patronyme de Nyoiti Sakurazawa, devant le temple Tenryu a-t-on dit, sous le nom de Nyoiti Sakurazawa. Il connut une enfance difficile. Son père abandonna le foyer conjugal laissant son épouse malade de la tuberculose avec quatre enfants dont trois moururent en bas-âge. (Sa mère décéda elle même à 29 ans).

A l'âge de 15 ans (en 1908) il est lui-même atteint d'une tuberculose pulmonaire et intestinale dont les médecins ne parviennent pas à le guérir. Pour se consoler, il écrit des vers.

Ohsawa
Il a la chance de connaître le docteur Hiziduka Sagen (1850-1910), un ancien médecin militaire hors normes, nutritionniste renommé, adepte de la physiognomonie et des thérapeutiques naturelles, qui le prend en mains et le débarrasse durablement de son affection.

Le jeune homme poursuit ses études à l'École française de Kobé, tout en travaillant comme gratte-papier dans une maison d'import-export de la ville.

En 1914, il perd son emploi, s'enrôle dans la marine, devient commissaire de bord ce qui lui permet de voyager. Son premier voyage en France date, semble-t-il, de cette époque.

L'année 1918 le trouve à Yokohama où tout en poursuivant des études de médecine traditionnelle, il se consacre à la société Shokuo-kaï et se consacra à la diffusion de la méthode d'alimentation naturelle du Dr. Sagen qui allait devenir la Macrobiotique.

Âgé de 25 ans, muni d'un solide bagage intellectuel et d'une exceptionnelle expérience pratique de la vie, le jeune homme se trouve au carrefour de plusieurs courants de pensée.

En effet, à cette époque, le Japon est en pleine mutation, achevant le passage d'une société traditionnelle ancestrale à l'ère industrielle, confronté au bouillonnement des idées nouvelles opposant d'une part l'esprit "samouraï" des seigneurs de la guerre aux pacifistes adeptes de la non violence.

Ohsawa choisit la voie médiane initiée par quelques grands penseurs orientaux et son enseignement sera imprégné par la constatation que l'existence de l'homme est tributaire de forces antagonistes et complémentaires symbolisées par le yin et le yang.

Développant l'enseignement de son maître le Dr Sagen, basé sur l'exigence de l'équilibrage des forces du Ki dans l'alimentation, il formulera les règles de la Macrobiotique, méthode par laquelle il obtiendra la célébrité suite à d'innombrables succès thérapeutiques.

Sagen
Dr Ishizuka Sagen
En 1929, Ohsawa se rend à Paris par le Transsibérien, emportant avec lui la quantité de riz complet précuit qui lui serait nécessaire pour subsister durant tout son voyage !

Georges Ohsawa qui vit dans une grande simplicité, étudie en auditeur libre à la Sorbonne et à l'institut Pasteur, tout en composant des articles sur le Judo, le Bonsaï, l'acupuncture – travaillant notamment avec Soulié de Morant pionnier en France de l'acupunture.

A Montparnasse, il rencontre son compatriote, le peintre Fujita et sa compagne Youki, bambocheurs richissimes, en pleine gloire, qui le pilotent dans le Tout-Paris des artistes, sans se rallier aux préceptes de vie simple préconisés par Ohsawa.

1931 : Publication du «Principe unique» son premier ouvrage en langue franç?aise, à la librairie philosophique Vrin. Le livre, préfacé par l'académicien René Grousset et par Serge Éliseev est accueilli avec un grand succès malgré sa traduction malhabile.

Lorsqu'il rentre au Japon, après avoir semé la bonne graine de l'alimentation saine à travers le monde, ce touche-à-tout de génie introduit dans sa patrie le concept d'un avion ultra léger qu'il baptise le "Pou du Ciel", s'engage dans le mouvement pacifiste aux côtés d'Albert Schweitzer, Albert Einstein, Norman Cousin et Thomas Mann préconisant un Gouvernement Mondial.

Son militantisme actif, son opposition à la guerre, ses prédictions provocatrices lui vaudront la prison et la torture, sans abattre son courage et sa détermination.

Ohsawa dont ceux qui l'ont connu ont vanté le don de voyance, aurait notamment prédit l'entrée en guerre du Japon et son inéluctable défaite, la fin du colonialisme britannique, l'indépendance de l'Inde, l'assassinat de Gandhi.

Après de nombreuses actions militantes qui lui vaudront de nouvelles tribulations, il retourne en France où ses travaux avec Louis Kervran sur la transmutation ouvrent à la science d'intéressantes perspectives.

Ohsawa
Georges Ohsawa et son épouse

Voici un extrait de son ouvrage
«La Philosophie de la Médecine d'Extrême Orient»

La liberté se trouve seulement dans l'esclavage
La lumière se trouve seulement dans la nuit noire : les étoiles innombrables et des milliards de soleils ne brillent pas dans la journée, les sages ne se rencontrent pas dans un pays de sages, les millionnaires ne sont pas millionnaires dans un pays de millionnaires.

La liberté préparée et donnée, la liberté dans un pays démocratique, n'est pas du tout la vraie liberté. La liberté sauvegardée par la loi n'est qu'un esclavage. La paix sauvegardée par la loi n'est qu'une paix établie par la violence.

La santé établie avec la médecine, ou par quelques instruments, est dépendante, incertaine, mendiante ou violatrice. Telle santé est une honte comparée à la vie saine des animaux, des plus grands aux plus petits même les plus insignifiants.

La santé véritable s'obtient par la l'élimination des facteurs nocifs qui menacent notre vie, sans employer la violence, par la coopération et la bonne entente des éléments qui la composent, une solidarité universelle du vivant voire la fraternité la plus intime, établie avec l'adversaire.

Les idées fondamentales de la médecine symptomatique qui s'occupe de la destruction totale des facteurs malfaisants, sont enfantines, primitives, impraticables, exclusives, pré-coperniciennes.

Le front ne peut pas exister sans l'arrière. Le bien n'existe pas sans le mal. La beauté ne peut pas exister sans laideur. La destruction totale des antagonistes est un suicide. La disparition complète de la laideur, de l'arrière, du mal ou de l'esclavage, signifie la mort de la beauté, du front, du bien ou de la liberté.

Si l'union internationale des mouvements féministes condamne l'homme à mort comme responsable des guerres, et si elle l'exécute, c'est un suicide de toute l'espèce féminine en même temps.

La liberté a sa signification dans l'esclavage et dans les difficultés. La beauté a sa beauté seulement en présence de la laideur. Travaillons donc à créer toutes les difficultés, tous les maux, toute la laideur et tous les malheurs, pour faire de nous un homme libre, beau, fort et heureux. C'est faire de la vie un roman d'aventures, comme celle de Tom Sawyer.

La liberté se trouve seulement dans l'esclavage. La vraie santé ne s'établit que dans les conditions les plus anti-hygiéniques. Vous en avez vu tant d'exemples vivants parmi les soldats au front, pendant la guerre.

Le bonheur doit être exploré au fond du malheur.

L'endroit le plus sûr sous un bombardement violent, c'est l'endroit le plus proche de l'endroit où la dernière bombe vient de tomber.

La médecine, ainsi que toute institution médicale moderne a une orientation négative, pessimiste, défaitiste et malfaisante pour l'humanité.

Que l'on comprenne bien que la liberté se trouve et s'établit seulement dans l'esclavage et au fond des difficultés.

La liberté ne doit pas être distribuée. La liberté doit être conquise par celui qui la veut. C'est pour présenter l'homme libre sur la scène que ce monde est créé. L'homme libre, fort, loyal et admirable se présente seulement et toujours dans la détresse, humilié par la violence. C'est seulement au fond des difficultés qu'on peut déployer tout son courage.

Ohsawa
Lima et Georges Ohsawa à Paris
La belle fleur du lotus se nourrit et grandit dans la boue la plus souillée. Si le monde absolu, éternel et infini, le septième ciel [...] est le monde réel, ce monde relatif, infinitésimal, limité, fini, doit être un monde faux et irréel.

La plus grande vérité dans ce monde relatif et faux est donc la plus grande erreur dans le monde absolu et éternel. De même, le bien et le mal, la beauté et la laideur, l'honnêteté et la malhonnêteté, la fidélité et l'infidélité, les secours et la tuerie.

Tout ce qui existe dans ce monde irréel, relatif et faux a la nature tout à fait contraire de son nom. Rien n'est vrai, ni réel, ni infini : tout est illusoire.

C'est pourquoi un jour Sinran dit, à la stupéfaction de ses disciples : « Même les honnêtes peuvent être sauvés, pourquoi pas les malhonêtes » ?

Vraiment, donner la liberté à quelqu'un paraît bienfaisance à nos yeux, mais c'est dérober la liberté ou empêcher la germination de la faculté de liberté. C'est un grand crime. Si vous aidez quelques pauvres mendiants, tous les jours, en leur fournissant de quoi manger, et cela pendant des années et des années, ils resteront mendiants toute leur vie.

C'est commettre une erreur. D'ailleurs, vous ne pouvez pas nourrir des milliers de pauvres pendant des années. Tout ce que vous ne pouvez pas réaliser entie?rement et pour toujours est toujours un bien limité, palliatif, ou un mal

C'est pourquoi beaucoup d'honnêtes sont envoyés en enfer, tandis que beaucoup de malhonêtes sont envoyés au paradis. [...]

La médecine moderne est-elle une superstition nouvelle ?

C'est un meurtre social, universel, protégé par la loi. La médecine moderne est-elle la plus grande meurtrie?re dans toute l'histoire de l'humanité, plus destructrice que l'ensemble des guerres qui ont opposé les peuples à travers les âges ?

Ohsawa Lina
Georges Ohsawa et Lima

Rencontre
Ce fut par Mademoiselle Sauvagnac, la collaboratrice et comptable de mon ami Roland Massot que j'entendis parler pour la premi¸re fois de Georges Ohsawa, vers 1960. Adepte enthousiaste de la macrobiotique, Mlle Sauvagnac suivait toutes ses conférences avec assiduité et affirmait que c'était grâce à l'alimentation simple et à la vie saine qu'il préconisait, qu'elle était en excellente santé, et disposait d'une grande énergie lui permettant d'assumer ses nombreuses activités.

Elle m'amena une fois à une de ses causeries où, en présence de Louis Kervran, autre personnalité hors du commun, je découvris un monde fascinant, dont mon ignorance en matière scientifique et mon incompétence, ne me permettait pas de mesurer toute l'importance.

Lorsque, vers la fin de l'année 1976, j'eus atteint un surpoids de 40 kg par rapport à mon "altitude" (120 kg pour 1m80) et que surgirent mes premières alertes de santé, je me souvins des principes d'Oshawa et je relus ses ouvrages.

J'entrepris une cure de riz complet selon sa méthode, cure fortement découragée par le médecin que je consultais alors. Une femme elle-même très rondelette.

Elle me dit que le riz complet c'était bon pour les Asiatiques, qui n'ont rien d'autre à manger. Que pour nous, Européens, valait mieux un régime de steaks, salade, haricots verts, yaourths !

Extrême en tout, je ne l'écoutai évidemment pas, et me lançai dans le régime que suivait depuis des années Mlle Sauvagnac, la comptable de Roland Massot.

Un petit bol de riz complet agrémenté de germes de soja, deux fois par jour. Pas d'alcool. Une coupe de champagne le dimanche.

Cela me réussit fort bien.

Marc Schweizer (1990)
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Ohsawa Vrin

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