Aimé Richardt
JEAN CALVIN
1509-1564

A sa manière, efficace et vivante, Aimé Richardt recadre les personnalités dont il retrace la vie dans la perspective historique de l'époque où elles ont vécu.

On doit à cet auteur quelques ouvrages remarquables sur le Jansénisme, la Régence, les Savants du Roi-Soleil ou les Médecins du Grand Siècle. Ses portraits de Bossuet, Bourdaloue, Massillon ou Fénelon parviennent à rendre passionnants ces personnalités plutôt austères.

Je dois avouer qu'Aimé Richardt est le seul auteur qui soit parvenu à m'intéresser et à me faire comprendre la subtilité des querelles théologiques autour du Jansénisme et de la bulle unigenitus !

Quant à La vérité sur l'affaire Galilée, Aimé Richardt nous dévoile cette singulière affaire sous un autre angle et une autre lumière.

Après Martin Luther, son Calvin, personnage austère et controversé s'il en fut, est traité avec sobriété, sans polémique inutile, en relatant les faits historiques tels qu'ils apparaissent dans les documents de l'époque et dans la doctrine du pasteur, à travers les nombreux écrits que le réformateur nous a laissés.

Si une certaine véhémence se dégage parfois de ce récit, elle appartient à la vivacité du réformateur lui-même qui, dans son ouvrage majeur "L'Institution chrétienne" affirma :

«Je soutiens que le pape de Rome est le chef et le prince du royaume maudit de l'antéchrist...

Je soutiens que toutes les fois qu'on représente Dieu dans des images, sa gloire est flétrie et ravalée par l'impiété du mensonge; que toutes les statues qu'on lui taille, que toutes les images qu'on lui peint lui déplaisent infiniment, comme autant d'outrages et d'opprobres [...]

Les pages traitant de la "transsubstantiation" resteront de brillants morceaux d'anthologie dans l'histoire des religions.

Intelligence froide, caractère déterminé, sans pitié pour ses contradicteurs, Jean Calvin ira jusqu'à livrer son disciple et ami Michel Servet aux flammes du bûcher.

Rappelons que les autres réformateurs, tels Mélanchthon, Théodore de Bèze ou Bucer approuvèrent cette exécution, le délicat Martin Bucer allant jusqu'à ajouter que «Servet méritait d'avoir les entrailles arrachées et déchirées».

Promu gouverneur de Genève, Calvin y régna en maître, imposant son pouvoir temporel avec la même rigueur que son pouvoir spirituel, soutenant ses luttes politiques avec les Libertins avec la même impitoyable férocité, sans jamais faire preuve de la moindre charité chrétienne ou d'un quelconque amour du prochain.

M.S.

 


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