Rêves, Songes, Prémonitions, Hypnose


FREDERIC WILLIAM MYERS
1843-1901

myers

Curieux et lettré

Essayiste et poète anglais, il fit ses études au Trinity College de Cambridge avant de s'investir dans un poste qui correspondrait chez nous à celui d'inspecteur d'académie.

Après avoir publié différentes œuvres littéraires qui rencontrèrent un succès d'estime, Myers tomba amoureus des Sybilles de l'antiquité et publia un essai intitulé Les anciens oracles grecs.

Il s'était intéressé assez tôt aux sciences dites occultes, aux manifestations mystérieuses, au monde de l'étrange, aux communications avec les esprits.

Au Trinity College déjà il avait participé à un cercle spirite réunissant professeurs et étudiants, sans toutefois adhérer avec conviction aux thèses ésotériques avancées, qu'il considéra dans un premier temps avec un certain recul et une méfiance certaine.

Une apparition merveilleuse

Vers 1863, une expérience personnelle l'amena à réviser son scepticisme. En effet, au cours d'une promenade de détente en barque sur la rivière Cam après un après-midi d'étude à la Wren bibliothèque, Myers fut pris d'un soudain étourdissement au cours duquel il eut une "vision" (nous dirions aujourd'hui un "flash") au cours duquel il vit distinctement apparaître une jeune femme fascinante, aux yeux magnifiques, entourée de volutes de fumée. Assise entre les colonnes d'un petit temple, elle parlait le grec ancien, langue que comprenait l'étudiant.

Parfois, dans le ciel, apparaissait un immense aigle blanc, alors la pythonisse le fixait en lui parlant. Myers s'éveilla de son "ravissement" sans se rappeler les paroles sibyllines entendues dans son état second mais gardant l'image de la merveilleuse apparition.

Tout en poursuivant ses travaux littéraires, il se mit à fréquenter des cercles spirites, rencontra des médiums, se livra à des expériences paranormales. Dix ans après sa vision Myers rencontra au cours d'une séance spirite un médium très jeune et très doué en qui il reconnut son apparition de Cambridge.

Saisi, impressionné, enthousiasmé, Myers vécut quelques semaines de rêve auprès de la jeune femme, littéralement envoûté, expérience qu'il raconte à demi mot et avec beaucoup de précaution dans une lettre à l'un de ses amis.

Fondation de la SPR

Henry Sidgwicks

En 1882, après avoir beaucoup étudié ces phénomènes, Myers fit partie avec quelques anciens camarades et de chercheurs passionnés tels William Fletcher Barrett (1844-1925), Edmund Gurney (1847-1888), Shadworth Hodgson, Frank Podmore (1856-1910), son ami Henry Sidgwicks (1838-1900), Edmund Dawson Rogers (1823-1910), des membres fondateurs de la Society for psychical Research (SPR) qui devint la référence dans le domaine de l'étude des phénomènes paranormaux.

Eusapia Palladino

Myers estima que le meilleur moyen d'apporter la preuve que l'esprit demeure après la mort était d'envoyer une série de messages par l'intermédiaire de médiums doués. Il s'y employa avec énergie et passion et, après quelques remarquables réussites, des "contacts" impressionnants, il se rendit assez vite compte que la plupart des médiums trichaient, que leurs "communications" n'étaient pas fiables. Il fut de ceux qui "déculottèrent" la célèbre Eusapia Palladino, idole de la métapsychie, qui avait réussi à mystifier pour un temps un homme de science aussi considérable que Charles Richet

Pour en avoir le cœur net, Frederic Myers fit venir Eusapia Palladino à Cambridge en 1895, pour une nouvelle série de séances médiumniques devant les membres de la SPR. Sidgwick rédigea un compte rendu très sceptique sur ces expériences dans les Proceedings de la société, affirmant que la médium italienne tenta constamment de frauder. Les chercheurs anglais refermèrent définitivement le dossier Palladino qu'ils considéraient comme une tricheuse professionnelle.

Aller plus loin

Cet échec - parmi beaucoup d'autres - ne découragea nullement les recherches de Myers et de ses amis. Contrairement à Richet qui déclara en toute honnêteté qu'aller plus loin que les phénomènes ne l'intéressait pas, Myers affirma dans La personnalité Humaine :

« Je prétends qu'il existe une méthode d'arriver à la connaissance de ces choses divines avec la même certitude, la même assurance calme auxquelles nous devons les progrès dans la connaissance des choses terrestres. (...) Les impulsions de la foi se transformeront en convictions raisonnées et résolues qui feront naître un idéal supérieur à tous ceux que l'humanité avait conçus jusqu'ici.»

Myers étudiait avec attention, patience et sans a priori, les phénomènes les plus étranges qui lui étaient soumis. Aucun témoignage, même le plus farfelu n'attirait ses sarcasmes même si dans son for intérieur il cultivait le doute et la réserve nécessaires à toute approche scientifique

Voici quelques-unes de ces affaires qu'il étudia:

Autres cas étranges

Comment expliquer la connaissance en rêve de choses absolument ignorées du sujet et l'exacte prévision de la date de sa mort ?

Le lendemain du décès d'une amie, Miss Alicia Carleton la voit en songe et la morte lui annonce qu'elle reviendra en rêve vingt-quatre heures avant sa mort, ce qui arriva en effet quarante ans après.

Miss Arabella Barret voit en songe sa sœur morte, laquelle lui prédit qu'elle mourrait au bout de cinq ans, ce qui se vérifia.

Les cas ci-après nous montrent dans le rêve une lucidité vraiment inexplicable.

Le capitaine Brighton dormant dans sa cabine par temps calme, entend en rêve : « Prends garde, vous allez couler ». L'angoisse le réveille, il court à demi vêtu sur le pont et voit la mer tranquille sans rien de menaçant. Il revient s'habiller dans sa cabine, la voix continue de l'obséder. Il retourne sur le pont et, regardant dans la direction de la voix, il voit venir au loin un grand vapeur dont la trajectoire indiquait qu'il l'aurait infailliblement coulé.

Un magistrat, juge entre deux associés, dont l'un était mort. Le survivant se disait créancier, tandis que l'héritier du défunt le prétendait débiteur.

La nuit d'après, le juge, voit en songe un livre de commerce d'un des plaideurs et y découvre des renseignements sur l'affaire. Il se le fait apporter, à son réveil, et y retrouve la page vue en rêve qui lui permit de rendre un jugement équitable.

Vampire de l'intelligence

Dans les dernières années du XIXe siècle, Steve Harrisson, officier supérieur de la police anglaise, s'intéressa à un certain Douglas Smith, un vagabond qui prétendait être âgé de cent-cinquante ans.

Cet homme qui vivait misérablement, sans domicile fixe, dont les traits étaient marqués par la vieillesse, au parler généralement fruste, retrouvait inexplicablement, à certaines époques, une apparence jeune et une vive intelligence.

Or, à plusieurs reprises, le constable qui mit plusieurs agents de la force publique sur l'affaire, constata que la résurrection apparente de cet individu coïncidait toujours avec la mort apparemment naturelle d'un vagabond avec qui cet inquiétant clochard partageait sa misérable vie.

Intrigué par ces faits bizarres, le constable étudia durant plus de dix ans l'étrange comportement du personnage, observa ses allées et venues, nota minutieusement ses faits et gestes. Il arriva à la conclusion que «sans qu'il y eut des faits de vampirisme physique avérés, le sieur Smith parvenait à opérer à son profit une sorte de transfert psychologique de l'énergie vitale et des facultés intellectuelles des personnes qu'il côtoyait, opérant ainsi à leur détriment, sa propre régénération

Lorsque le constable remit son rapport à ses supérieurs hiérarchiques, on le prit pour un fou et il fut mis d'office à la retraite.

(Correspondance de Frédéric William Myers).

Wren bibliothèque


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