SECTES
& SOCIÉTÉS SECRÈTES
 

Doit-on avoir peur des sectes ?

      Une secte, selon la définition des dictionnaires, représente un ensemble de personnes professant une même doctrine philosophique ou religieuse. D'une manière plus restrictive, la secte est devenue de nos jours un mouvement religieux, clos sur lui-même et créé en opposition avec des idées, des rites, des pratiques religieuses dominantes. (Larousse)
        Ainsi, à sa naissance, le christianisme fut considéré par les prêtres juifs et romains comme une secte ayant à sa tête comme "gourou" un certain Jésus-Christ. Et ils la combattirent comme telle.
        Pour l'Église catholique apostolique et romaine devenue religion officielle, la Réforme représenta un schisme, et sera dès lors considéré comme une secte, comme l'Église orthodoxe ou l'Église anglicane : de dangereux mouvements sectaires qui venaient saper les fondements même de la foi.
        Toutes les grandes religions traditionnelles ont connu des schismes et des mouvements sectaires. En Occident, depuis que les Églises officielles ont perdu de leur poids dans la société moderne, que leur doctrine et leurs rites se sont affadis, nous assistons à une extraordinaire prolifération des sectes.
        Certains de ces mouvements ont une vocation universelle. Parmi les plus influentes: les différentes obédiences maçonniques, la Rose-Croix, l'Association internationale pour la conscience de Krishna (fondée par Swâmi Prabhupâda à partir des textes védiques), l'Association pour l'unification du christianisme mondial, fondée par Sun Myung Moon, l'Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, (ou Mormons fondée à New-York en 1830), l'Église de Scientologie (Ron Hubbard - Californie, 1954), les Témoins de Jéhovah (fondation en 1874 aux USA, par Ch. Taze Russell, la Soka Gakaï au Japon, etc.
        Les points communs entre la plupart des grandes sectes sont d'avoir à leur tête un fondateur ou un leader charismatique, des buts politico-religieux séduisants souvent ambigus, de faire subir à leurs adeptes un endoctrinement intensif, de maintenir dans leurs rangs une forte discipline, un langage ésotérique troublant, parfois inquiétant, des rites contraignants, une façon de vivre aliénante, une soif ardente de communication, un prosélytisme agressif, une soif d'absolu allant jusqu'à l'extrême, la négation de la valeur des autres religions, l'exigence du don total de soi, la quête de nouveaux points de repère, un dépaysement par le rituel, des exigences financières excessives.

A quoi reconnaît-on une secte dangereuse ?

        Comme dans toutes les choses humaines, le beau, le bon, le positif d'une doctrine, se voient non dans la théorie, mais aux fruits.
        Premier test: l'argent. Les sectes néfastes sont avant tout des pompes à fric.
        Si vous souhaitez vous informer sur un mouvement religieux qui vous paraît séduisant, n'acceptez jamais de payer des stages, des enseignements, des séances à des prix prohibitifs.
        Refusez toute procuration sur vos comptes de chèque ou d'épargne, refusez de financer la secte au delà du versement d'une obole légitime ou de la cautionner.
        A fuir également tout mouvement spirituel, philosophique ou religieux qui prêche la haine des autres, l'exclusion; à fuir tout mouvement qui endoctrine sans admettre la libre discussion, la critique, qui empêche ses adeptes de communiquer avec l'extérieur, de quitter librement le groupe, d'accueillir des visiteurs, parents ou amis.
        A éviter aussi ceux qui prônent un mode de vie contre nature, des interdits contraires à l'intelligence ou à la raison, une ascèse excessive, l'initiation à la drogue, la séquestration.
        Tout mouvement, dont le gourou tout puissant et l'entourage exigent la remise des fonds personnels, le droit de cuissage, ou dont le comportement moral ne correspond pas au discours, est à fuir, de même que ceux qui refusent la scolarité normale des enfants, qui interdisent le recours à la médecine et aux soins hospitaliers dans les cas graves, etc.

Une secte c'est comme l'amour-passion

        Pourquoi l'adhésion enthousiaste et spontanée à un mouvement spirituel, à une secte apporte-t-elle souvent les mêmes déconvenues que l'amour-passion?
        Au début, le nouvel adepte, en quête de spiritualité authentique, trouve dans la communauté d'une secte une chaleur humaine, une présence affective, une fraternité qu'il n'avait encore jamais connues.
        De même que lors d'une psychanalyse, la cliente tombe le plus souvent amoureuse de son analyste, la nouvelle initiée d'une secte tombe presque toujours amoureuse de son gourou. Et quand il y a amour, il y a élan spontané, abnégation, don total de soi, adoration.
        Dans un premier temps, l'impétrant et l'impétrante perdent tout esprit critique. Jusqu'au jour où, la passion retombée, l'amour contrarié par la jalousie, les yeux enfin dessillés, la lucidité revient.
        Alors, souvent, il est parfois trop tard. La secte a dépouillé l'adepte trop confiant, qui ne sait plus où aller.
        C'est là que la famille, les amis peuvent intervenir en douceur. A ce moment seulement.
        Quant aux techniques de "décontamination" que l'on appelle pudiquement "déprogrammation", elles sont souvent plus dangereuses encore que le décervelage de la "programmation" de l'adepte, appelé initiation.

Existe-t-il de bonnes sectes ?

        Toute secte, tout mouvement spirituel, tout enseignement, toute initiation religieuse ou philosophique qui embellit, qui enrichit, qui améliore l'homme, le fait réfléchir sur sa condition, l'amène à harmoniser sa vie et ses relations avec autrui sans le détacher de la réalité, de sa famille, de la société est positif. L'arbre nous l'avons déjà dit, se reconnaît à ses fruits.
        Parmi les milliers d'associations à vocation spirituelle, beaucoup sont parfaitement enrichissantes pour l'individu, utiles à la société, et pallient l'injustice et la médiocrité ambiante en aidant matériellement et moralement les gens dans le besoin. Le choix est souvent difficile, car les sectes dures et dangereuses avancent toujours masquées. Lorsque l'imprudent est ferré, il lui est difficile de reculer.

Pourquoi cet engouement pour les sectes ?

        D'abord, il faut remettre les choses à leur place. Selon toutes les statistiques, le mouvement sectaire ne toucherait en France que 300 à 500 mille adeptes. (Estimation 1992). Le recul de la fréquentation des Églises, la non adaptation du message et du discours des prêtres à la très forte demande des jeunes pour un renouveau spirituel, la quête d'une morale adaptée à notre société, entraînent une partie des fidèles en manque, vers des substituts de pacotille.
        Il existe pourtant, même au sein de l'Église ou à sa marge, des mouvements, tels que le Renouveau charismatique, qui, sans bruit, sans propagande, attisent l'enthousiasme et la ferveur de dizaines de milliers de jeunes. Je dirai même, - et là je risque de faire bondir les opportunistes -, que la majorité des adhérents des sectes aujourd'hui critiquées et honnies par des autorités et des médias, pour le moins complaisants à leur égard jusque là, réprouvent le procès qui leur est fait.
        Seule une minorité d'adeptes, le premier engouement passé, se sentent floués.
        Or, rien ne ressemble davantage à une secte qu'un parti politique. On y retrouve des mouvements démocratiques et des partis totalitaires. Bien des partis fonctionnent aujourd'hui comme des sectes, sans l'alibi d'une morale ou d'une spiritualité. Bien des partis sont devenus de véritables pompes à finances et machines à décerveler le citoyen, en vue d'une prise du pouvoir.

Fric et pouvoir

        Toute secte "hard", et tout parti politique "organisé", vise à enrichir ses promoteurs et à prendre le pouvoir. D'ailleurs, les sectes dominantes, à commencer par la Franc-maçonnerie, Moon ou la Scientologie, recrutent de préférence leurs adeptes dans les allées du pouvoir politique et financier.

 
Pierre Genève

 


Haut de page          Accueil Science et Magie           S&M N° 50