Médium, Guérisseur et Voyant

 

EDGAR CAYCE
(1877-1945)
 


 

Edgar Cayce est une des figures les plus attachantes et les plus troublantes de l'ésotérisme du XXe siècle. Né le 18 mars 1877 dans la modeste ferme de ses parents aux environs de Hopskinville dans le Kentucky, il est décédé à Virginia Beach (Virginie) le 3 janvier 1945.

Edgar ne poussa pas ses études bien loin. Chez lui, le seul livre disponible était La Bible, mais ce livre vénéré était pour cette famille d'origine simple la base de son instruction, de la morale, de sa culture.

L'ambition du jeune Cayce, que les travaux des champs ennuyaient, était de devenir pasteur. Mais les circonstances de la vie modeste qu'il dut mener dans la première partie de sa vie ne lui permirent pas de nourrir cette ambition.

 
Instable et peu instruit

Quittant la ferme pour la ville, le jeune Edgar, instable et peu instruit, devint d'abord commis de librairie, puis agent d'assurance.

À l'âge de 21 ans, une maladie étrange, une sorte de laryngite pernicieuse alors inconue des médecins, lui fit perdre l'usage de la voix. Aucun docteur, aucun traitement ne parvinrent à le guérir.

Or un agent d'assurance avait besoin de sa langue pour persuader ses clients de souscrire aux contrats qu'il leur proposait.

Abattu par ce coup du destin, Edgar dut retourner à la ferme où il demeura un an, désœuvré et révolté contre son sort, au grand dam de son père qui le traitait de feignant.

 
Cayce apprenti photographe

 
Au bourg, il fit la connaissance d'un photographe qui l'incita à tâter de ce métier qui nécessitait davantage le regard que la voix. Il devint son apprenti.

A la même époque, un illusionniste ambulant du nom de Hart, donna une représentation de magie au théâtre municipal de Hopskinville.

Désignant au hasard parmi les spectateurs le jeune Edgar, il le fit monter sur la scène pour une démonstration de mise en état d'hypnose.

Le tour fut une totale réussite. Le jeune homme s'endormit immédiatement, exécuta parfaitement ce qu'il lui demandait dans son sommeil, répondait d'une voix claire à ses questions et se réveilla à la première injonction, aussi muet qu'auparavant.

Son spectacle achevé, le magicien s'intéressa à ce jeune homme timide donc l'handicap l'intriguait, et il lui proposa d'essayer de le guérir. Edgar accepta avec enthousiasme.

L'expérience révéla que sous hypnose le jeune homme parlait avec une voix normale mais qu'aussitôt réveillé, il retrouvait son infirmité.

Hart tenta sur son cobaye la méthode bien connue de la suggestion post hypnotique qui réussit très bien avec certains sujets. Avec Cayce cela ne donna rien de positif.

 
Une nouvelle proposition

Hart dut reprendre ses tournées mais un guérisseur et voyant de Hopskinville, Francis Layne, qui avait suivi les tentatives du magicien, proposa au jeune homme de poursuivre l'expérience hypnotique. Assez doué dans son domaine, homme de terrain, expérimentateur passionné, Layne suggéra à son patient de décrire lui-même, une fois mis sous hypnose, la nature de son mal et le remède aqéquat.

Cette expérience réussit parfaitement. Endormi, Edgar Cayce se mit à décrire d'une voix grave, parfaitement normale, un peu emphatique, comme venue d'ailleurs sous la dictée d'un professionnel de santé, l'état de ses cordes vocales:

« Oui, nous pouvons voir le corps... A l'état normal, le corps est incapable de parler en raison d'une paralysie partielle des muscles inférieurs des cordes vocales, due à une tension nerveuse. Il s'agit là d'un état psychologique produisant un effet physique. Pour s'en défaire, il faut activer par suggestion la circulation dans les parties malades pendant que le patient est inconscient. »

Ce fut sa première "lecture" comme le médium appellera plus tard ses prestations dictées sous hypnose.

Aussitôt, sans même le réveiller, Layne suggéra à son patient, à haute voix, que sa circulation sanguine augmente dans les parties malades afin d'améliorer son état.

Peu à peu, le haut de la poitrine et la gorge du patient endormi passèrent du rose pâle au rouge foncé et, au bout d'une demi heure, Edgar toussa pour s'éclaircir la voix et dit : « Tout va bien. Je suis guéri. Ordonnez que la circulation redevienne normale et que mon corps de réveille.» Layne procéda comme son patient l'avait indiqué et Cayce s'éveilla et parla normalement pour la première fois depuis bien des mois.

 
Nouvelles expériences

Or, nous l'avons dit plus haut, Layne était un chercheur et cette surprenante guérison l'incita à poursuivre plus loin l'expérience en utilisant les facultés médiumniques de son patient.

Puisque Cayce était capable de voir son propre corps et de faire son propre diagnostic, Layne voulut se rendre compte si son sujet pouvait examiner de la même manière, sous hypnose, le corps d'autres personnes malades et d'en faire le diagnostic.

La première expérience fut faite sur lui-même. Le thérapeute souffrait de l'estomac et il demanda à Cayce placé en état second, de décrire l'état interne de son corps et de suggérer le traitement nécessaire. Cette fois encore l'expérience réussit.

Edgar décrivit parfaitement la maladie dont il souffrait, prescrivit le régime, les médicaments et les exercices physiques nécessaires pour y remédier.

Layne se montra enthousiasmé par sa découverte et voulut à tout prix se rendre compte si cette méthode pouvait soulager d'autres malades.

Cayce, lui, demeurait perplexe. Il avait retrouvé la voix, certes, ce qui représentait pour lui un énorme soulagement lui permettant de se perfectionner dans son métier de photographe et de gagner sa vie, mais une fois guéri par cette technique, il se demanda si ce n'était pas un simple coup de pot.

Mais, pour ne pas fâcher son bienfaiteur, Edgar poursuivit à ses heures perdues les expériences entreprises sous la conduite de Layne. Ce qu'il y avait d'étonnant dans les diagnostics que le jeune homme formulait sous hypnose était leur précision anatomique et l'exactitude des termes médicaux utilisés.

Or, à l'état de veille, Cayce ne connaissait rien de la médecine, n'ayant jamais de sa vie ouvert un manuel d'anatomie ou de physiologie. Le plus fantastique était aussi que de plus en plus de gens se disaient effectivement soulagés ou guéris à la suite des "lectures" du médium et de ses prescriptions.

En quelques mois la renommée de guérisseur de Layne et de son étrange médium grandit dans la contrée et d'innombrables malades eurent recours à leurs services.

 
Guérisons spectaculaires

Ce qui étonna ses concitoyens, notamment les médecins, c'est c'est que Layne et Cayce ne pratiquaient pas comme les innombrables faiseurs de miracles et charlatans qui pullulaient à cette époque. Avec eux pas d'imposition des mains, de prières, de passes magnétiques, d'invocations. C'était de la clairvoyance à l'état pur.

Voici un exemple typique de la manifestation de cette voyance hypnotique que rapporte Gina Cerminara dans un livre passionnant :

"Une adolescente de Selma (Alabama) perdit soudain la raison et fut placée dans un hôpital psychiatrique. Son frère, bouleversé, fit appel à Cayce. Le voyant s'allongea, respira fort et profondément à plusieurs reprises et s'endormit. Layne l'invita à examiner le corps de cette jeune fille et d'établir un diagnostic.

Après un bref instant de silence, Cayce commença à parler comme le font la plupart des sujets sous hypnose lorsqu'on leur en donne l'ordre. Mais dans ce cas le médium se mit à décrire l'état physique de la jeune malade comme si ses yeux étaient des rayons X.

Il indiqua de sa belle voix de bronze, - "une voix venue d'ailleurs" - qu'une de ses dents de sagesse était incluse et compressait un nerf cervical. Il fallait extraire cette dent pour supprimer la pression et ainsi ramener la jeune fille à l'état normal. Un chirurgien examina la bouche de la malade selon les indications du médium, découvrit la dent de sagesse incluse qui effectivement contrariait un nerf. Après l'intervention du chirurgien dentiste l'adolescente recouvra la raison".

Autre exemple impressionnant, toujours puisé à la même source :

Une jeune femme du Kentucky, épouse d'un médecin, donna naissance à un prématuré. A quatre mois, le bébé, maladif depuis sa naissance souffrit subitement de convulsions si graves que les trois médecins qui l'assistaient, parmi lesquels se trouvait le père de l'enfant - se demandèrent s'il passerait la journée.

Désespérée, la mère s'adressa à Cayce pour un diagnostic. Sous hypnose, le clairvoyant prescrivit l'administration d'une dose de belladone suivie à bref délai d'un antidote.

Passant outre aux objections des médecins qui estimaient le traitement dangereux, la mère insista pour donner elle-même la dose de poison. Les convulsions de l'enfant s'arrêtèrent bientôt et, après la prise de l'antidote, le bébé calmé détendit ses membres et s'endormit tranquillement. Il était sauvé.

Ces exemples montrent bien l'originalité de la méthode mise au point par Layne. En effet, peu de guérisons sont instantanées, miraculeuses. Dans la plupart des cas traités il s'agit d'un diagnostic précis de l'affection et de la prescription d'un traitement, parfois de longue durée :

médicaments, interventions chirurgicales, régime, cure de vitamines, massages, auto-suggestion, hydrothérapie, manipulations vertébrales, traitement électrique, etc.

Des guérisons spectaculaires Cayce en obtint des milliers au cours de sa vie de thérapeute. Près de trente mille dossiers précis de ces "lectures" sont archivés à Virginia Beach à l'A.R.E., fondation Edgar Cayce, et mis à la disposition des chercheurs.

 
Voyance à distance

La presse s'empara du phénomène Cayce et cette renommée grandissante du clairvoyant lui valut des centaines d'appels à l'aide auxquels il était incapable de répondre.

Entre temps, les recherches de Layne, toujours aussi enthousiaste, aboutirent à ce fait extraordinaire que les "lectures" de Cayce pouvaient non seulement guérir un sujet en sa présence, mais également à distance.

Il suffisait qu'au cours de la suggestion on lui indiquât le nom exact du malade dont il s'agissait et l'endroit précis où le sujet se trouverait au moment de la lecture : rue, ville, pays.

Cent fois, en présence de sceptiques, Cayce décrivit avec une suprenante exactitude, non seulement l'intérieur du corps de son patient, mais aussi son physique, ses vêtements, son environnement. Au cours de sa carrière il examina et guérit des malades dans le monde entier.

Certains de ces observateurs tentèrent évidemment de mettre la clairvoyance du médium en défaut en dressant des pièges tels que malades imaginaires, faux noms, adresses inexistantes. Or, à quelques exceptions près, jamais Cayce ne tomba dans le panneau.

 
Le cas Béatrice Bates

On cite le curieux exemple d'une certaine Béatrice Bates sœur présumée de William Bates, chroniqueur scientifique newyorkais de renom qui espéra confondre le voyant en lui demandant d'examiner sa sœur Béatrice. Or Bates n'avait pas de sœur.

Il inventa pour elle une adresse imaginaire : Béatrice Bates, New York city, Manhattan, telle rue, tel numéro, tel étage, porte de gauche.

Sous hypnose, Cayce décrivit la jeune femme, son studio, précisant qu'elle jouait du violon, et qu'elle était en parfaite santé. Il suggérait seulement qu'elle fasse examiner sa vue par un ophtalmologiste car elle souffrait d'une myopie qui devait beaucoup la fatiguer dans son travail d'enseignante !

En son for intérieur Bates jubilait. Cette fois il tenait la preuve que Cayce n'était qu'un vulgaire charlatan, et il publia in extenso dans sa revue scientifique la "lecture" du célèbre médium, précisant le nom de Béatrice Bates, son adresse et la description que Cayce en avait faite.

Quinze jours après la parution de la revue, quelle ne fut pas la surprise de la rédaction du journal scientifique, lorsque le courrier lui apporta une lettre signée Béatrice Bates, affirmant qu'elle habitait bien à l'adresse indiquée, qu'elle était institutrice, qu'elle jouait du violon et qu'elle venait de consulter un ophtalmo qui lui avait prescrit des lunettes pour corriger sa myopie !

 
La technique de Cayce

En quelques années, la technique d'Edgar Cayce se stabilisa. Il n'eut plus nécessairement besoin d'un praticien pour le mettre sous hypnose. Layne lui avait appris à se plonger lui-même en un état second. Plongé dans son sommeil, tandis que Layne, soit son épouse, son fils Hugh ou n'importe quelle personne lui fournissait une suggestion appropriée à la demande du patient, il dictait sa lecture.

Qu'il s'agît d'une lecture donnée à distance ou à des personnes se trouvant dans son cabinet de consultation, il procédait toujours de la même manière.

Il se déchaussait, libérait son col de sa cravate, s'étendait sur un divan la tête orientée vers le sud, les pieds vers le nord, et fermant les yeux, se mettait en complète détente. Quelques respirations profondes et il "partait".

L'expérience pouvait avoir lieu de nuit comme de jour.

 
Aventuriers et spéculateurs

La renommée et le succès des guérisons et des voyances d'Edgar Cayce incitèrent des gens de toute sorte à bénéficier de ses dons de clairvoyance, de ses "lectures".

Parmi eux, des spéculateurs en bourse, des compagnies pétrolifères, des marchands internationaux, des chercheurs de trésor, des joueurs professionnels, etc.

A plusieurs reprises, Cayce se laissa persuader d'essayer à titre d'expérience de donner des lectures de cette nature.

S'il réussit quelquefois à prédire le résultat exact d'une course de chevaux et plus rarement l'emplacement précis où un forage pétrolier se révélerait fructueux, il échouait le plus souvent dans cet exercice et se réveillait épuisé et mécontent de lui-même.

Il acquit très vite la conviction qu'il ne devait se servir du don qui lui avait donné que dans un seul but : venir en aide aux malades.

On venait également consulter le médium dans le but de rechercher une personne disparue. Les "lectures" de ce type aboutissaient parfois. On cite souvent le cas de Jeremy Hardt dont le corps broyé et le visage défiguré reposait dans un caveau de famille après une enquête de police bâclée suite à un accident d'avion.

Une "lecture" de Cayce rendit le jeune homme à sa famille :

il avait fugué à l'autre bout du pays après avoir cédé à un inconnu le billet de l'appareil qu'il devait prendre et s'était écrasé!

 
Vies antérieures

Edgar Cayce fut un pionnier dans la recherche des vies antérieures. C'est dans ce domaine qu'il rencontra ses plus grands succès et d'innombrables imitateurs. Mais nous consacrerons un prochain article à ce sujet passionnant.

 
Conclusion

La vie d'Edgar Cayce fut simple. Il ne faisait partie d'aucun parti, n'appartenait à aucune société, n'adhéra à aucune confrérie. Il vivait dans la ferme conviction qu'il n'était qu'un instrument un "channel" dont la vocation était d'apporter une aide et si possible la guérison à ceux qui souffrent.

Durant des années Cayce continua d'exercer sa profession de photographe n'acceptant aucune rémunération pour ses lectures. Même, lorsque submergé par les demandes de consultations, il dut exercer la voyance à temps complet, il donnait des "lectures" gratuites aux gens dans le besoin et n'acceptait des honoraires ou des cadeaux (parfois somptueux) que des gens riches.

Citons pour finir cette "lecture" sous hypnose demandée par un plongeur souhaitant retrouver l'épave du "Cumberland", un navire disparu dans les Caraïbes au cours de la Première guerre mondiale et réputé contenir des diamants, des lingots d'or et de platine.

Cayce indiqua l'emplacement précis où gisait le bâtiment, affirmant que son trésor avait été pillé par des pirates qui le coulèrent pour mieux effacer les traces de leur forfait. Il ajouta qu'une pieuvre hantait son épave.

Le plongeur retrouva le bâtiment à l'endroit et à la profondeur indiquée, dépouillé de son trésor, mais gardé par le gigantesque poulpe annoncé par Cayce.

A LIRE

  • Edgar Cayce : Ma vie de prophèteEditions du Rocher

  •  
  • Dorothée Kœchlin de Bizemont : L'Univers d'Edgar Cayce,
    six volumes parus aux Editions Robert Laffont et Editions du Rocher.

  •  
  • Gina Cerminara : De nombreuses demeures,Adyar.

  •  
  • Marc Schweizer : Edgar Cayce,in Science et Magie.
     


 


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