Témoignage
 

 

LÉTRANGE MESSAGER
Les animaux ont-ils une âme?
 


 
Une nuit, il y a plus de deux ans, près de la place des Ternes où j'habite, un chien s'est mis à hurler sous mes fenêtres.
Intrigué par ces aboiements tragiques j'ai regardé par la baie vitrée de mon atelier. C'était un setter irlandais au poil fauve. Une belle bête qu'un maître cruel ou inconscient semblait avoir abandonné pour s'en débarrasser. Des voisins irrités ont dû appeler la police car à deux reprises un fourgon de police a patrouillé dans le quartier mais, à chaque fois, méfiant, le chien s'est éloigné dans une ruelle voisine sans se faire remarquer pour recommencer à gémir et à aboyer près de chez moi.
Ami des animaux j'ai fini par me lever et descendis dans la rue recueillir cet animal qui, dès mon apparition, se mit à gambader autour de moi, jappant joyeusement comme s'il me reconnaissait.
Je l'attrappai, il se laissa faire, me lécha les mains. Il était trempé. Je voulus le monter à l'appartement mais il refusa de franchir la porte cochère, esquissant le simulacre de s'éloigner vers le bas de la rue de la rue du Faubourg Saint-Honoré comme pour m'inviter à le suivre.
Je finis par le rattrapper et lui ayant passé une laisse improvisée, je le tirai jusqu'à l'appartement où j'examinai son collier. Une plaque sertie dans le cuir portait un numéro de téléphone. Malgré l'heure tardive je composai le numéro du propriétaire présumé de l'animal. Nul ne répondit. Le chien m'échappa et se campa derrière la porte d'entrée me faisant comprendre par ses jappements qu'il voulait sortir.
Intrigué, je passai une gabardine et suivis l'animal. Il m'entraîna en-bas du faubourg vers le boulevard Haussmann, se retournant souvent pour voir si je le suivais. Il descendit jusqu'à Saint-Philippe-du-Roule où il biffurqua vers l'avenue Franklin-Roosvelt en direction de la Seine.
Fatigué par cette marche rapide je hélai un taxi en maraude. Le chauffeur dut me prendre pour un fou lorsque je lui demandai de suivre le chien qui, accélérant son trot nous guida vers la Seine. Il traversa le Pont de l'Alma et remonta les quais de la Rive-Gauche, s'assurant de plus en plus fréquemment que nous le suivions. La chaussée étant à double-sens à cet endroit le taxi fut obligé de rouler sur la droite de la chaussée.

A un moment donné le chien s'arrêta net

A un moment donné le chien s'arrêta net en haut de l'escalier qui descendait vers la berge. Je fis stopper le taxi, lui demandai de m'attendre et rejoignis la bête. Elle dégringola rapidement les marches, traversa l'auto-berge comme une flèche, se faufila entre les jambes des quelques rares badauds attroupés autour d'une voiture de police au gyrophare allumé. A bord d'une vedette de la brigade fluviale, des gendarmes, projecteurs braqués sur l'eau glauque ramenaient à la surface, grâce au treuil d'une grue mobile, une voiture accidentée. C'était un taxi.
A l'intérieur deux noyés. Le chauffeur coincé à l'avant et une passagère recroquevillée sur la banquette arrière en qui, effaré, je reconnus ma fille Ghislaine qui travaillait à l'étranger et que je n'avais pas vue depuis plusieurs mois.
L'enquête révéla que le setter irlandais appartenait au chauffeur de taxi. L'animal n'avait donc rien à voir avec ma fille ou avec moi! Par quel mystérieux instinct était-il venu me réveiller et me prévenir de l'accident?
L'enquête révéla que le setter irlandais appartenait au chauffeur de taxi. L'animal n'avait donc rien à voir avec ma fille ou avec moi! Par quel mystérieux instinct était-il venu me réveiller et me prévenir de l'accident? Gilles Eyraud - Paris
 



 


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