MIRACLES
LA JAMBE QUI REPOUSSE
AMPUTATION D'UNE MAIN
LA LÉPREUSE
L'AFFAIRE PELLICER


Ingénieur de travaux publics sur différents chantiers à travers le monde, Antoine Camoletti fut à deux reprises le témoin de phénomènes tout à fait extraordinaires de régénération spontanée de membres mutilés, qui rappellent le miracle de Saragosse dont bénéficia au XVIIe siècle Juan-Miguel Pellicer. Voici son récit:
LA JAMBE QUI REPOUSSE

«Un jour, dans les années cinquante, au Gabon, nous construisions un pont sur l'Ogoué, lorsque deux de nos manoeuvres noirs tombèrent dans le fleuve et furent emportés par le courant. Malgré de promptes recherches, l'on ne retrouva jamais l'un des malheureux, mais l'autre, Léon Matambo, un de mes meilleurs ouvriers, fut recueilli dans un piteux état, une jambe sectionnée et déchiquetée au-dessous du genou, vraisemblablement par un crocodile. L'intervention rapide du médecin de notre chantier qui participait aux recherches permit de garrotter la plaie à temps, et de le sauver.

Après les premiers soins nécessités par son état, le blessé fut emmené dans un hôpital de Libreville où il demeura plusieurs mois, avant de pouvoir rejoindre son village de brousse, proche de notre chantier. Léon Balaké Matambo était d'origine Masambo. C'était un brave garçon rieur et travailleur, toujours plein de courage et de bonne volonté.

J'allai le voir deux ou trois fois au village où il se morfondait, ne parvenant pas à supporter la prothèse que je lui avais offerte au nom de notre entreprise. (En ce temps-là, la sécurité sociale n'existait pas encore pour les Africains). Chaque visite me laissait un sentiment de malaise. Je sentais une telle force chez ce garçon, une telle rage de vivre, de surmonter sa condition d'invalide, que mon impuissance face à son drame me rendit lâche, et je finis pas ne plus retourner au village.

 
Deux ans passèrent. Malgré de terribles difficultés, - une crue subite du fleuve, une épidémie de malaria, etc., - la construction du pont s'achevait.

Voilà qu'un jour, je vois Léon arriver sur le chantier sur ses deux jambes... Évidemment, je n'en crus pas mes yeux, et pensai qu'il y avait erreur sur la personne. Mais, après avoir parlé quelques instants avec le garçon, aucun doute, c'était bien mon ouvrier accidenté, mais la jambe amputée de Léon Matambo avait repoussé.

Je le questionnai bien sûr longuement sur ce «miracle», imaginant qu'une formidable avancée médicale avait peut-être permis la greffe d'un membre «emprunté» à un mort accidenté de la route, par exemple. Or il semblait qu'il ne s'agissait pas de cela.

Léon m'expliqua le plus naturellement du monde que son oncle l'avait emmené voir un sorcier réputé qui, grâce à ses pouvoirs occultes, avait fait repousser sa jambe...

 
Incrédule, j'appelai le Dr Jérémie Labarrère, médecin du chantier, qui vint longuement examiner notre miraculé.

Il crut d'abord comme moi à une substitution de personne, mais Labarrère, connaissait bien le garçon pour l'avoir souvent soigné au village, après l'accident. Certains indices ne pouvaient tromper un praticien :  sa dentition, la forme recourbée de ses ongles, les cicatrices de diverses blessures, enfin le pied appartenant à la jambe amputée, dont il retrouva la forme curieuse, avec un gros orteil rabougri. Aucun doute, il s'agissait bien de Léon, mais qui avait bien pu lui greffer un nouveau membre si semblable à l'ancien ?

 
Troublé par les faits, Labarrère mena une enquête minutieuse au village qui le conduisit jusqu'au sorcier masambo qui avait soi-disant «guéri» le jeune homme. Il ne découvrit apparemment aucune supercherie. En présence du «sorcier» blanc, le sorcier noir voulut bien soulever un coin du mystère, en expliquant que pour que Léon Matambo retrouve son membre, il avait dû sacrifier plusieurs crocodiles selon un rite immémorial et secret, afin d'obliger les puissants esprits du fleuve à lui restituer sa jambe.

 
Le pont achevé, Labarrère et moi rentrons en Métropole, sans avoir élucidé le mystère de la jambe qui repousse ! Mais l'affaire me tracassait et j'essayai en vain de trouver une explication à travers mes lectures ou de rencontres avec d'anciens coloniaux.

 
Amputation de la main droite

Quelques années plus tard, je dirigeais un chantier de travaux publics en Arabie Saoudite, lorsque j'entendis une histoire tout aussi incroyable. Cette fois il s'agissait d'un jeune Arabe qui, condamné à l'amputation de la main droite pour vol, selon la charia, avait vu cette sentence abominable exécutée par un médecin-bourreau, comme la coutume le veut dans ce pays. Or, après un pèlerinage à la Mecque, le jeune homme avait miraculeusement retrouvé l'usage de sa main coupée.

Accompagné d'un technicien saoudien de mon entreprise, je rencontrai le miraculé et pus longuement m'entretenir avec lui. A l'appui de ses dires, le jeune homme disposait de photos le montrant avant la condamnation, avec ses deux mains, puis après l'amputation, le bras finissant en moignon armé d'un crochet. Les photos  étaient très nettes et je ne découvris aucun trucage apparent. Le jeune homme possédait à nouveau ses deux mains, comme avant l'opération.

L'affaire fit grand bruit au Moyen-Orient, et plusieurs journaux parlèrent de cette affaire extraordinaire.

 
Autres faits incroyables
La lépreuse

De retour en Europe, chaque fois que je me risquais à raconter ces deux faits tout à fait incroyables, à des médecins ou des scientifiques, je recueillais au mieux des sourires sceptiques, au pire des moqueries ou des sarcasmes...

Or, il y a une douzaine d'années, parlant de ces choses avec un père blanc très âgé, qui avait passé cinquante ans de sa vie dans une mission en Afrique, le prêtre m'avoua avoir eu lui aussi connaissance d'un mystérieux fait de ce genre.

Au Congo, il avait vu une jeune fille affreusement rongée par la lèpre retrouver miraculeusement l'intégrité de ses chairs lors de sa prise de voile. Très dévote, la jeune Noire avait longuement supplié la Vierge de la guérir, lui promettant de Lui consacrer sa vie.

Évidemment, je ne puis croire à la réalité de tels miracles, mais j'avoue que je reste troublé, et qu'un doute très fort subsiste en moi. Ayant lu quelques témoignages tout aussi fantastiques dans votre revue, je voudrais vous demander ce qu'il faut penser de guérisons miraculeuses de cette sorte et si le phénomène constaté est réel.»
Antoine  C. - Paris

 


 
Notre avis

Si l'on retrouve assez vite un membre arraché, suite à un accident, il est aujourd'hui tout à fait possible de le recoudre. Mais les miracles de la chirurgie s'arrêtent là. La médecine classique soutient que lorsque les nerfs sont détruits, il n'existe aucune possibilité de régénération complète d'un membre, donc aucune chance de guérison. Si le récit de notre correspondant peut paraître fantastique, - (voir témoignage 10) -  rappelons que ce type de phénomène a connu de nombreux précédents historiques.

 
L'AFFAIRE PELLICER

Le cas le plus troublant fut celui du jeune Juan-Miguel Pellicer originaire du village de Calanda. Au milieu du XVIIe siècle, ce jeune Espagnol tomba de cheval, tandis que la roue d'un chariot lourdement chargé broya sa jambe droite lui fracturant le tibia et le péroné, sans que le cocher de l'attelage ne prît la peine de s'arrêter.

Le malheureux, très pieux, ayant lui-même consolidé sa jambe par une attelle de bois, clopina, appuyé sur une béquille improvisée, jusqu'à la chapelle de la Madone del Pilar de Saragosse, pour faire ses dévotions à la Vierge. Il y reçut les sacrements, avant de se  laisser conduire à l'hôpital de Notre-Dame-de-Grâce.

Au bout de quelques jours, la blessure s'envenima, infectée par la gangrène. Malgré les soins des médecins et des soeurs, il fallut, au bout de trois mois, lui amputer la jambe.

Après avoir pris l'avis d'autres médecins, le chirurgien Juan de Estanga aidé par Juan Lorenzo Garcia et d'autres praticiens, procéda à l'amputation, environ «quatre doigts» sous la rotule.

Après l'opération, Lorenzo Garcia emporta la jambe coupée qu'il déposa d'abord à la chapelle de l'hôpital, où plusieurs personnes dignes de fois purent la voir, avant de l'enterrer dans le cimetière de l'hôpital.

 
Beaucoup de courage

Juan-Miguel Pellicer fit preuve de beaucoup de courage et de patience durant les mois qu'il passa dans cet hôpital. Il entretenait sa dévotion en priant la Madone del Pilar, à laquelle il rendit visite dès que son moignon fut cicatrisé et qu'il put supporter la jambe de bois qu'on lui avait confectionnée.

Ayant définitivement quitté l'hôpital, le jeune homme se retrouva sans ressources et se joignit aux mendiants qui sollicitaient les aumônes des fidèles et des pèlerins à l'entrée des églises, sans oublier chaque jour d'aller assister à la messe et de s'en remettre aux bontés de la sainte Vierge.

Juan de Estanga et les autres médecins de l'hôpital le revirent fréquemment, car Miguel-Juan se plaignait que le moignon de sa jambe continuât de le faire souffrir. Il expliquait à ses médecins qu'il s'arrangeait pour se trouver à la chapelle de la Vierge del Pilar lorsqu'on on descendait les lumignons pour assurer leur entretien, et qu'il en profitait pour oindre ses plaies avec l'huile des lampes.

A cela, le chirurgien objectait, sans pour autant le détourner de sa dévotion en la Vierge, que ces onctions ne pouvaient que retarder la complète cicatrisation, en entretenant une humidité dommageable à la guérison rapide du moignon.

Cette vie de mendicité finissant par le lasser, le jeune homme supplia la Madone de lui permettre de vivre à nouveau de son travail, sans être obligé de se résigner à cette vie humiliante d'estropié et de mendiant.

 
Une rencontre fatidique

Un jour, à la porte de l'église où il demandait l'aumône, il rencontra Don Jaime et Don Juseppe, prêtres de sa paroisse de Calanda. Pellicer leur fit en pleurant le récit de son calvaire. Les prêtres s'étonnèrent de ce que le jeune homme n'eût pas songé à retourner au village, dans sa famille.

« Comment pourrais-je retourner chez moi, alors que je suis parti contre la volonté de mes parents ? J'étais alors en bonne santé, et me voici amputé d'une jambe et incapable de travailler ! Je ne veux pas être toute la vie à leur charge.»

Grâce à la persuasion des deux ecclésiastiques, mais aussi à la rencontre fortuite de deux autres habitants de son village qui lui facilitèrent le retour chez lui, Miguel-Juan accepta de regagner le bercail.

Le voyage fut très pénible, mais le jeune invalide rencontra des gens bienveillants qui lui permirent de trouver place à bord d'une charrette ou de chevaucher un bourricot.

Son retour au village fut celui de l'enfant prodigue.

Pour ne pas rester à la charge des siens, le jeune homme n'hésita pas à aller mendier dans les villages d'alentour, recevant de la charité publique de quoi se nourrir et d'aider sa famille.

Or, au cours de la nuit du 29 au 30 mars 1640, Miguel-Juan dut céder sa petite chambre à un cavalier appartenant à une troupe de passage, venue bivouaquer au village.

Comme il en avait l'habitude, il dut satisfaire à la curiosité du soldat et lui montra son moignon au cours de la veillée. Très fatigué, et souffrant plus que de coutume, le jeune invalide quitta la pièce où se déroulait la soirée et s'installa sur une couchette sommaire aménagée dans la chambre de ses parents.

Allongé sur sa paillasse, il avait en guise de couverture un manteau trop court pour le couvrir de la tête aux pieds.

Après avoir prié comme de coutume la Madone del Pilar, il ne tarda pas à s'endormir.

Lorsque, un peu plus tard, une lampe à la main, Maria Blasco s'en fut vers sa chambre et jeta en passant un regard vers la couche où reposait son fils, elle laissa échapper un cri de stupeur :  deux pieds nus dépassaient de dessous le manteau qui recouvrait l'amputé.

Elle crut d'abord qu'un soldat avait pris la place de Miguel-Juan et appela son mari.

 
Il reconnaît son fils

Soulevant le manteau, le père reconnut son fils dont la jambe jusqu'alors manquante, était entière et saine. Cependant, le pied avait les orteils recourbés et comme morts.

Les deux parents stupéfaits par ce miracle, remarquèrent que leur chambre était imprégnée d'un parfum suave.

Malgré l'heure avancée de la nuit, la nouvelle de ce prodige fit rapidement le tour du voisinage et, le jeune homme réveillé, ne put que constater avec toutes les autres personnes présentes, que sa jambe avait miraculeusement repoussé.

Au cours des jours suivants, les orteils recroquevillés se redressèrent, la chair reprit sa teinte normale et le pied retrouva toute sa souplesse.

L'Église procéda à une longue enquête. Nous possédons aujourd'hui encore la documentation considérable accumulée autour de cette affaire, les minutes du procès et les attendus de la sentence canonique : elle ne laisse aucun doute sur la réalité des faits !*

*  Lire l'ouvrage de l'Abbé Deroo :
L'homme à la jambe coupée
Editions Fayard 1956.

 

Haut de page        Page d'accueil