Témoignage


L'IMPOSITION DES MAINS


Les événements que je vais vous conter, peuvent paraître incroyables. C'est la première fois que j'ose en parler à quelqu'un. Il y a environ trois mois, je me sentais malheureuse, désespérée, sans aucune envie de vivre. Mon fiancé venait de me quitter le matin même de mes noces, à ma grande honte et à celle de toute ma famille.
Je n'osais plus retourner à mon travail, où je craignais de devenir la risée de tous mes camarades, ni même rentrer chez mes parents, qui ne m'ont jamamaintais les sarcasmes, les coups et les reproches.
Il faut vous dire que je suis née avec un double handicap: une jambe plus courte, qui me fait boiter légèrement et souffrir à chaque pas et, sur le front, à la lisière des cheveux, une vilaine tache de vin.

J'avais honte de mon physique

Depuis ma plus tendre enfance, j'avais honte de mon physique. Jamais je ne réussis à me sentir bien dans ma peau. Mes camarades de classe se moquaient de moi. Ils m'appelaient la “boiteuse” ou la “tarée”. A la maison c'était pareil, je ne me sentais pas aimée. J'étais toujours grondée, battue, giflée pour la moindre faute, ou même sans raison du tout. Je voyais bien le trouble dans le regard de ma mère, lorsqu'elle voyait la tache de mon front. Quant à mon père, il était parti avant ma naissance, et je ne l'ai jamais connu. Ma mère vivait avec une espèce de brute avinée, qui essayait toujours de m'embrasser ou de me peloter dans les coins.
A l'âge de quinze ans, malgré mon physique disgracieux, il abusa de moi plusieurs fois. Paralysée par la peur, je n'osais me défendre contre ses agressions sexuelles. La seule fois où je me risquai à en parler à demi-mot avec ma mère, elle me gifla et me traita de menteuse. Je fis une fugue, fus reprise et battue. Mais un jour qu'il venait à nouveau de me forcer, je me révoltai et je le mordis jusqu'au sang. Je m'enfuis chez ma tante. Elle ne voulut pas croire au récit que je lui fis, et me ramena chez ma mère qui menaça de me tuer si je récidivais.
Un véritable enfer

Dès lors ma vie devint un véritable enfer, et mes seules joies furent les heures que je passais au lycée, où je me vengeais de ma vie familiale ratée en étudiant le mieux possible. J'eus la chance de tomber sur des professeurs compréhensifs, qui m'encouragèrent, et je devins l'une des meilleures élèves de la classe.
Je passai mon bac avec un an d'avance. Loin d'être fière de moi, comme toute mère normale l'eût été, la mienne me brima encore plus, et refusant désormais de m'entretenir davantage, elle voulut m'empêcher de poursuivre mes études.
Elle m'obligea à faire des ménages, au noir, chez des voisins qui se montrèrent très gentils avec moi et qui me proposèrent une chambre dans leur maison. J'acceptai avec joie, si bien que ma vie devint enfin un peu vivable. Malgré mes handicaps physiques, que je dissimulais du mieux que je pouvais, laissant pousser mes cheveux sur ma "tache", j'avais honte. Dès que j'avais gagné quelques sous, je courais consulter des dermatologues pour m'enlever ce naevus.
Les médecins avouent leur impuissance

Mais les médecins avouèrent l'un après l'autre leur impuissance. Certains me menèrent en bateau, me faisant payer très cher des séances de thérapie inutiles. Déçue de la médecine traditionnelle, j'allai consulter des guérisseurs. Je tombai d'abord sur un rebouteux très honnête qui ne me fit pas payer ses insuccès, puis sur un prêtre-magicien vaudou à qui l'on me recommanda et qui essaya de me gruger. Je rencontrai même un sorcier un peu bizarre, véritable charlatan, complètement nul.
Tout à fait démoralisée j'étais prête au pire, envisageant le suicide comme une délivrance, lorsque un jour, des amis m'emmenèrent à une réunion ésotérique. J'y fis la connaissance de M. Balcaen. Il se disait “thaumaturge”. Dans ce cénacle on le nommait familièrement “professeur”. Il était toujours accompagné d'une “petite mère”, une femme très belle, douce et soumise, vivant dans son ombre et adorant le “maître”.
Il me raconte ma vie

Dès notre première conversation, M. B. me raconta ma propre vie, de A jusqu'à Z, sans en omettre les détails les plus intimes, les plus sordides. Il me décrivit mon caractère, mes complexes que je dissimulais âprement aux autres, mes petits travers, etc. Bref, il semblait mieux me connaître que moi-même. Je fus totalement subjuguée. Il m'invita pour le lendemain soir à venir partager avec lui son frugal repas, dans une modeste chambre d'hôtel de la Rive Gauche, où il vivait en meublé.
Assis par terre, à l'orientale, sur un tapis, parmi des coussins, dans une pièce étrange plongée dans la pénombre, où brûlaient des parfums, M.B. m'invita à faire le vide en moi.
Sa compagne me prit les mains, les croisa sur ma poitrine, puis se mit à prier.
J'eus beaucoup de peine à me détendre. Je me sentais bloquée, l'esprit concentré sur mes problèmes, crispée. Des myriades de pensées contradictoires me traversaient le cerveau. J'avais de la peine à ne pas me débattre, à éviter de faire un esclandre, à crier que je ne croyais pas à cette mise en scène, que M.B et sa compagne étaient des charlatans comme tous les autres. Je me sentais comme possédée. Mon coeur battait à se rompre. Une boule de fer me nouait l'estomac.
Peu à peu, le regard du professeur saisit le mien et ne le lâcha plus. Ses yeux semblaient m'hypnotiser. Au fond de moi, une lutte sourde s'engagea, comme si des forces obscures et antagonistes se battaient pour le pouvoir.
Une intense jubilation

Le regard de M.B. me calma peu à peu, laissant un bien-être subtil envahir mon corps énervé. Une sorte de fluide magnétique jaillissait de ses yeux clairs, très bleus, me communiquant une énergie incroyable. Toute agressivité me quitta. Le bien-être fit place à une intense jubilation. Jamais encore je ne m'étais sentie aussi bien. C'était comme s'il me poussait des ailes.
Je retournai voir M.B. toutes les semaines.
A chaque fois ce fut le même cérémonial: j'avais l'impression que le "professeur" prenait possession de moi.
Un soir, après dix séances environ, il posa très doucement et, pour la première fois, sa main sur mon front, sous mes cheveux. Je sentis comme un picotement à la place de ma "tache de vin". Une onde de bonheur fantastique me submergea. Les yeux d'azur plongés dans les miens semblaient lutter avec moi pour repousser tout mal. J'entendis la belle voix profonde, attachante, me dire que j'étais belle, que je ne devais plus jamais avoir peur, que la marque que je portais sur mon front était la marque de l'ange, celle des élus, que je devais en être fière. Il plaça également sa main sur ma hanche et je m'endormis ainsi, au son de cette voix sereine, qui me berçait. Peut-être M.B m'avait-il simplement plongée dans le sommeil par son magnétisme, ou bien m'étais-je évanouie, bouleversée par une trop forte émotion?
J'étais transfigurée

Toujours est-il, que lorsque je me réveillai, je me sentis fraîche et reposée. M.B. et sa compagne devisaient calmement, assis sur leurs coussins comme si je n'existais pas. Je me levai sans ressentir la douleur habituelle à ma jambe. Et, lorsque, instinctivement, je me mirai dans la grande glace murale au-dessus de la cheminée, mon visage apparut transfiguré, rayonnant.
C'est à peine si je me reconnus moi-même. La main tremblante, je soulevai la mèche de la frange qui dissimulait mon front. La tache était toujours là, mais très atténuée, petite arabesque rose pâle se détachant à peine sur ma tempe.
Le coeur battant, je me jetai aux genoux du professeur, lui baisai les mains et lui criai: Merci! Merci!
Il me releva, m'embrassa sur le front, et me dit ces paroles étranges :
- Celui dont le visage est sans rayons ne deviendra jamais une étoile!
Jacqueline B.  Paris

 

Votre histoire touchante nous prouve, chère Jacqueline, que notre monde n'est pas composé que de charlatans et de coquins. Il existe donc des êtres nobles et désintéressés qui mettent leur "pouvoir" au service de leurs semblables sans exiger quoi que ce soit en échange. Merci de votre témoignage. Il nous apporte une bouffée d'air pur et encouragera ceux de nos lecteurs qui ont des problèmes, à ne jamais désespérer.
 
 


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