Lieux magiques

 LE CHÂTEAU D'IF

 


 
Alberto del Campo, dont Benvenuto Cellini qui le rencontra dit qu'il fut l'un des sorciers les plus redoutables de la Renaissance, est crédité de plusieurs centaines d'empoisonnements criminels. Héritiers de grandes familles, Seigneurs et Rois, recoururent secrètement à ses services, et la "petite histoire" affirme que ce fut, entre autres, del Campo qui composa pour elle les poisons dont usa Catherine de Médicis pour se débarrasser des gêneurs.
Au château d'If, le cachot appelé "des condamnés à mort" situé à la hauteur de la troisième marche de l'escalier du donjon, reçoit, hors saison touristique, à certaines lunaisons précises, de bien étranges personnages.

 
 Depuis quatre siècles, le Château d'If, longtemps prison d'État, accueillit dans ses sinistres cellules des criminels de haut-vol tels les frères Martel, bandits de grand chemin, des conspirateurs célèbres comme les marquis de Cinq-Mars ou de Lavalette, le Prince Casimir frère de Ladislas VII roi de Pologne, le comte de Mirabeau ou Philippe d'Orléans (plus connu sous le surnom de Philippe-Égalité) et plusieurs êtres hors du commun, situés entre réalité et légende, notamment l'abbé Faria et Edmond Dantès, héros du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas.

 
Le tout premier pensionnaire du cachot "des condamnés à mort" fut, dit-on, Albert del Campo, l'un des criminels les plus diaboliques de l'histoire. Ce sorcier, avait déjà été condamné à mort par deux fois en Italie, sa patrie, où la renommée populaire lui attribuait d'extraordinaires pouvoirs occultes. La légende veut qu'il se soit échappé par magie des prisons oû il séjournait, fers aux mains et aux pieds, collier de fer autour du cou, avant de venir s'établir en Provence, à Aix. Là, il pratiqua à nouveau les spécialités qui l'avaient rendu célèbre en Italie: confection de poisons, évocation des morts et nécromancie.

 
Les héritiers impatients, appartenant à de riches familles patriciennes ou marchandes, faisaient appel à lui pour savoir dans quel délai ils pouvaient espérer disposer enfin de leur héritage.

 
Albert del Campo, qui, selon le célèbre orfèvre de la Renaissance, Benvenuto Cellini, possédait le secret d'un poison indécelable, le faisait servir par sa maîtresse à la personne dont il avait prédit aux héritiers la fin prochaine. La petite histoire prétend que Catherine de Médicis le rencontra secrètement au cours de l'un de ses voyages et eut recours à ses services à différentes reprises.

 
Premier prisonnier du Château d'If, le mage fut brûlé vif le 23 décembre 1588 à Aix, jour même de l'assassinat du duc de Guise et du cardinal de Lorraine, décès qu'il avait prédits au jour près à un envoyé secret de la Reine.

 
L'esprit errant d'Albert del Campo apparaîtrait aujourd'hui encore près de son cachot du Château d'If, à ceux qui l'évoquent dans les règles de l'art, et leur transmet ses puissantes et maléfiques énergies.

 
Les pantacles, les formules et les rituels magiques dont usait ce sorcier hors du commun ont été fidèlement transmis de maître à élève durant quatre siècles et seraient, selon les initiés qui en gardent jalousement le secret, d'une efficacité redoutable.
(Pierre Genève)

 
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