MORTS VIVANTS
ENTERRÉS VIVANTS
 

Histoire du marquis de Meystas et de son confesseur

Vers 1718, aux temps de la régence, on s'amusait à la Cour d'une histoire incroyable que l'on jurait authentique.

Un jour, le marquis de Meystas se fit accompagner à la chasse par son confesseur, l'abbé Vuillaume.

Or, par un tragique concours de circonstances, les deux hommes furent retrouvés morts dans les halliers, le marquis écrasé par son cheval, l'abbé le corps criblé de petits plombs.

Leurs dépouilles furent ramenées au château où un médecin, hôte de la famille, les examina et confirma leur décès.

 
Une enquête fut ouverte pour essayer de comprendre les causes de cette tragédie.

 
La chaleur d'un mois de septembre caniculaire contraignit les proches du seigneur défunt à procéder à un enterrement rapide, sans attendre l'arrivée de la famille de l'abbé prévenue par courrier.

Les corps du marquis de Meystas et de son confesseur reposèrent 24 heures dans leurs cercueils, placés côte à côte, l'un en chêne noble l'autre en vulgaire sapin.

Fidèles à la tradition, les matrones du village et les pleureuses veillèrent toute la nuit sur leurs dépouilles.

 
Or, le jour de l'inhumation, au cours de la cérémonie funèbre qui se déroula dans la chapelle du château, l'assistance surprise entendit distinctement un pet sonore émanant du cercueil du marquis tandis qu'un éternuement tonitruant semblait répondre de celui de l'abbé.

 
Le croque-mort fut discrètement rappelé afin d'accomplir pour la seconde fois son office, - qui, rappelons-le était de mordre à belles dents le gros orteil du mort pour s'assurer qu'il était bien décédé - mais son intervention ne ressuscita pas les deux cadavres.

 
Le médecin examina à nouveau les corps et confirma son premier constat : l'abbé et le marquis étaient hélas bien morts.

 
Mais à peine le maçon eut-il scellé la dernière pierre du caveau qu'un grand bruit retentit derrière le mur de l'édifice mortuaire, fracas que toute l'assistance entendit distinctement en se signant.

 
Frappés de stupeur, la famille, les domestiques et les villageois virent alors leur curé s'entretenir à voix basse avec le maçon avant que celui-ci n'ouvrît à coup de masse le scellement du tombeau.

 
Tous ceux qui assistèrent à l'événement n'oublieront jamais le spectacle effarant qu'offrit à leurs yeux l'apparition du corps ensanglanté de leur seigneur, le marquis de Meystas, émergeant de son suaire déchiré à coups de dents et essayant de sortir de son cercueil.

 
Mais le plus incroyable fut que lorsque, un mois plus tard, l'on exhuma le corps de l'abbé accidenté le même jour en présence de sa famille arrivée de Normandie, on se rendit compte que lui aussi avait été enterré vivant.

En effet, le pauvre homme pour tenter de s'échapper avait essayé de soulever le couvercle de son cercueil, griffé de l'intérieur. Et, comble de l'horreur, pour survivre, il avait rongé son avant-bras.  (D'après Guillaume Vigouroux)

 
Marc Schweizer

 


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