LES ENTERRÉS VIVANTS
 

Lucia di Ferrare - Rainer Thomas - Dr Garman - La peur des revenants
Patrocle Séfiridès - Wilfried Maurer et Peter Hofmeier - Adam et Nathan Johnson - Aïcha Babouri

LA BELLE LUCIA DE FERRARE

1634. En Italie, à Ferrare, trois amis peintres, Camillo Grafico, Ercola Pedemonte et Antonio Cadona visitant nuitamment une nécropole pour subtiliser des cadavres afin de pouvoir peindre d'après nature des "écorchés" qui leur avaient été commandés par un prélat, découvrirent une jeune fille emmurée vive dans le caveau de famille et la libérèrent de sa prison de pierre.

Mais, la famille de la jeune fille ne voulut jamais reconnaître ni reprendre leur fille, que, pour de sombres raisons d'héritage, ils avaient empoisonnée sans réussir à la tuer pour de bon. Rescapée de sa tombe, la belle Lucia fut adoptée par les trois peintres qui en firent leur modèle, et vécut de nombreuses années encore fêtée et adulée par les artistes de la ville.

Posant pour des compositions religieuses, les traits admirables de Lucia apparurent sur des fresques, des tableaux d'église, des retables, des portraits profanes, si bien que les membres de sa famille la rencontrant un peu partout sur leur route en furent si saisis qu'ils moururent tous, les uns après les autres de mort violente, son père d'une chute de cheval, sa mère d'une hémorragie cérébrale. Quant à l'héritier, son frère Julio, à qui on l'avait sacrifiée, il se suicida à l'aide d'un poignard, en découvrant un superbe tableau où Lucia lui apparut souriante, en madone.

 

RAINER THOMAS, LE CADAVRE PROPHÈTE

En 1702, à Gunten, on déterre et on ouvre un cercueil d'où proviennent des sons étranges. Le cadavre récent semble reposer normalement dans son linceul. Immobile, les yeux fermés, froid au toucher, le mort semble bien mort.

A peine refermé, le cercueil se remet à émettre des bruits bizarres. Réouverture de la caisse, aspersion d'eau bénite sur le macchabée. Or voilà que le corps se met à frissonner, que les yeux s'ouvrent, que les lèvres remuent, que la bouche émet des sons.

Les spectateurs s'enfuient épouvantés abandonnant le malheureux Rainer Thomas assis tout seul dans son cercueil.

Un médecin appelé à la rescousse ne peut que constater que le mort est bien vivant. Alors des habitants le sortent de sa tombe, le ramènent dans sa maison, le réchauffent, le vêtent, lui donnent à boire et à manger.

Le rescapé, en état second, se met alors à parler, à prophétiser et ce qu'il dit n'est pas réjouissant. Il prédit à chaque personne de son entourage ce qui va lui arriver de malheureux : accidents, maladies, décès.

Pour son pays il annonce guerres, épidémies, massacres, catastrophes, événements tragiques qui surviennent en effet, presque tous à la fois. Sa renommée de voyant se répand loin à la ronde et des gens viennent le consulter de partout.

 

LE Dr RUDOLF GARMAN ET LES "SCHWÄTZENDE TOTE"
(les morts bavards)

Le Dr. Garman (1640-1708) de Tübingen relate les observations qu'il a faites à plusieurs reprises de ces macabres phénomènes de morts vivants annonçant des malheurs. «Il s'agit le plus souvent de femmes qui dévorent leurs suaires et leurs vêtements funèbres, en poussant des cris aigus, pareils à ceux des porcs quand ils mangent.»

»Ces cadavres vivants vont jusqu'à digérer partiellement leurs linceuls après les avoir dévorés, et ces manifestations épouvantables sont - dans la croyance populaire - annonciatrices d'épidémies mortelles.»

(...)

»Cette terreur incite souvent les populations frustes des campagnes retirées à déterrer les cadavres trop bruyants ou remuants, à leur arracher de la mâchoire le suaire qu'ils avalent et à trancher à coup de bêche la tête de l'enterré vif. Les gens tentent ainsi d'exorciser le malheur et l'abomination annoncés. »

Il s'agit évidemment toujours d'un cadavre fraîchement enterré, vite repéré par ses cris.

Ainsi, ces malheureux enterrés vivants, tombés en état de catalepsie ou dans un coma paralysant, sont sauvagement tués à leur réveil.

 

LA PEUR DES REVENANTS

A la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, une véritable épidémie de terreur submergea l'Europe. Partie de Hongrie, cette peur des revenants considérés comme des vampires se répandit rapidement.

En ce temps-là il ne faisait pas bon agoniser sur un champ de bataille. On enterrait sans attendre les morts et les blessés dans des fosses communes, sans trop y regarder de près. Rares étaient les rescapés, sauvés de l'ensevelissement par une âme charitable.

A côté de ces rarissimes "miracles", combien de pauvres troufions ont-ils été "enterrés vivants" ?

En réalité, il s'agissait d'enterrés vivants qui, d'une manière ou d'une autre parvenaient à manifester leur présence, à qui l'on faisait jouer le rôle de boucs émissaires, comparable à celui dévolu aux Juifs ou aux sorcières durant les épidémies de Peste Noire.

Il n'était pas rare que lorsque un passant percevait des bruits émanant d'une sépulture et qu'il en parlât aux autorité, au prêtre ou à un voisin, la rumeur n'ameutât la population qui courait sus au vampire.

Arrachant le mort vivant de sa tombe, un boucher s'improvisant bourreau lui tranchait la tête le tuant définitivement. La tradition voulait que l'on clouât ces "vampires" au sol en leur plongeant un épieu dans le cœur. Il arrivait parfois que même après ce traitement de choc certains d'entre eux poussent des hurlements terrifiants.

PATROCLE SÉFIRIDÈS

Le docteur Péron-Autret rapporte encore dans son ouvrage «Les enterrés vivants», un récit du père Don Augustin Calmet, où l'on voit, vers la fin de l'année 1700 à Mikonos en Grèce, Patrocle Séfiridès, un paysan récemment décédé, sortir nuitamment de son tombeau et venir troubler la paix de l'île.

Dix jours après son enterrement, il fut extrait de sa fosse, endormi, en présence des autorités, du curé et de tous les habitants de l'île.

Considérant le malheureux comme un vampire, le boucher lui perça la poitrine, arracha son cœur encore palpitant que l'on brûla sur place avant que l'on n'enterrât à nouveau son cadavre. Les apparitions se poursuivirent, affolant la population. On exhuma à nouveau le corps mutilé qui placé sur une charrette "hurlait et se débattait" et on le brûla tout entier.

POUVOIR DES MORTS-VIVANTS : CLAIRVOYANCE
Le cas Wilfried Maurer et Peter Hofmeier

Le Dr Ladislas Tucholski qui étudia au milieu du XIXe siècle le phénomène des morts vivants, des vampires et des différentes croyances qui y sont attachées, relate l'étrange histoire ci-après.

Dans les jours qui suivirent la bataille d'Austerlitz et l'inhumation souvent sommaire des morts à proximité du champ de bataille, un gang de détrousseurs de cadavres fut mis en déroute par l'indicible panique qui s'empara d'eux lorsque deux de leurs "clients" se réveillèrent au moment où ils leur coupaient le doigt pour en retirer l'alliance.

Le sergent Wilfried Maurer, enterré vivant ne dut sa vie sauve qu'à une inspiration subite. Il indiqua à ses bourreaux qu'il connaissait l'endroit où la cantinière de son régiment avait dissimulé sa caisse avant de décéder.

A quelques kilomètres de là, son camarade, Peter Hofmeier, enterré lui aussi à la sauvette mais lui aussi vivant, fut déterré par une autre bande de malfrats qui tentait de lui arracher ses bottes.

De même que Wilfried, émergeant à peine de son "état second", il indiqua spontanément à ses détrousseurs paniqués à la vue de sa résurrection, la même cachette secrète de la cantinière.

Les deux bandes rivales se retrouvant face à face devant la ruine censée receler le magot s'entre-tuèrent sans parvenir à s'emparer du trésor tandis que les deux morts vivants miraculés allèrent rafler le jackpot !

Mais le plus étrange de cette incroyable affaire fut que les deux soldats affirmèrent sous serment que ce fut durant leur "mort apparente", leur coma que la vision de la cantinière allant enterrer la caisse du régiment dans la grange en ruine leur était apparue. (Source : Edward (Ed) Thompson : Fate or Fake ?

 
TÉLÉPATHIE

En 1875, un journal de Boston rapporta dans ses colonnes l'incroyable histoire des frères Adam et Nathan Johnson, tous deux marins pêcheurs de la Nouvelle Écosse, décédés au cours d'un naufrage et dont les corps furent inhumés dans la fosse commune du carré des indigents, le premier au cimetière de Dartmouth et le second à Halifax.

Or, quelques jours après leur enterrement, les autorités décidèrent de déterrer le corps de Nathan pour le transférer dans le cimetière de son village natal où sa famille le réclamait.

Quelle ne fut pas la stupeur des employés du cimetière d'Halifax, lorsque en retirant de la tombe le sac de jute contenant le corps du marin défunt, ils le sentirent remuer, éternuer et réclamer à boire.

Emmené au dispensaire le plus proche, Nathan Johnson ayant mangé à sa faim et bu à sa soif se rétablit vite. Avisant le pasteur appelé à son chevet, il lui demanda de l'accompagner auprès de son frère Adam.

Le pasteur lui répondit qu'il ne savait pas ce qui était advenu de son frère, ni où il se trouvait. Nathan lui rétorqua vivement que lui, il savait bien où il était. Enterré vivant, comme lui-même, mais dans la fosse commune du cimetière de Dartmouth.

Le Dr McLaunay qui assistait à la scène, intrigué par cette étrange résurrection et la non moins étrange déclaration du mort vivant, affréta une patache et emmena le rescapé à ses côtés jusqu'au cimetière du bourg voisin.

Réquisitionnant le shérif, le pasteur et le gardien du cimetière, McLaunay obtint que l'on exhumât au plus vite le corps du marin naufragé.

Selon ses instructions, les fossoyeurs retirèrent de la tombe le sac de lin contenant la dépouille d'Adam Johnson et, à la surprise générale, le miracle d'Halifax se renouvela: au contact de l'air vif, le frère de Nathan émergea de sa longue léthargie. Énergiquement soigné par ses proches, il récupéra vite toutes ses forces et sa vitalité.

Le Dr McLaunay établit un rapport écrit de cet événement incroyable, l'envoya à diverses administrations, à la Faculté de médecine de Boston où il avait fait ses études mais, à part le journaliste qui relata cette curieuse affaire, nul ne s'y intéressa.

 
TEMPS MODERNES

Après une époque sinistre durant laquelle la terreur des vampires et de leurs méfaits empêchait les hommes de secourir les enterrés vifs et de les arracher à leur triste sort, ce fut la hantise de la mort apparente qui envahit les esprits.

La crainte d'être enterré vivant et de se réveiller au fond de sa tombe fit naître dans la population une panique si grande et universelle que de nombreuses précautions furent prises pour éviter, dans la mesure du possible, de telles horreurs.

Toutefois, de nos jours encore, malgré les précautions prises, des malheureux se voient enterrés vivants et se réveillent sous terre, dans l'obscurité de leur cercueil.

 
AÏCHA BABOURI

A Gaza, au printemps 2004, après de terribles affrontements opposant la population palestinienne à l'armée israélienne, on retira vivante, 4 jours après son ensevelissement, Aïcha Babouri, une petite fille que l'on avait cru morte.

Enterrée vivante, dans une fosse creusée à la hâte dans un cimetière improvisé, Aïcha (6 ans) fut la seule rescapée de la famille, ses parents et ses deux frères étant décédés au cours du même bombardement et ensevelis à côté d'elle.

La petite Aïcha fut probablement sauvée par une grande poupée qu'elle tenait serrée contre son visage formant ainsi une poche d'air salutaire.

 
LE BIO-ÉLECTROMÈTRE DU PROFESSEUR VINCENT

Le docteur Péron-Autret affirme dans son livre déjà cité que selon le professeur Vincent (inventeur du bio-électronimètre qui porte son nom) :
"Un cadavre sans cœur peut hurler et se débattre, de même qu'un cœur sans le reste du cadavre peut battre dans du sérum pour être transplanté ultérieurement".
Selon Péron-Autret, l'appareil du professeur Vincent serait à ce jour l'instrument le plus approprié pour diagnostiquer la mort, sans aucune erreur possible.

 


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