Une pulsion morbide
LA NÉCROPHILIE


Une passion étrange

Le mot Nécrophilie désigne une attirance sexuelle envers les cadavres. Cette pulsion amoureuse pousse le pervers qui s'y adonne à des actes surprenants, parfois violents et qui paraissent à la plupart d'entre nous, plutôt répugnants. Certains tueurs en série assassinent des êtres correspondant à leur idéal pour obtenir des corps dociles, avec lesquels ils pourront satisfaire leurs fantasmes nécrophiles!

Pourtant, comme le dit si justement Saint-Amour : «La mort et l'amour, cruelles et romantiques inspiratrices des poètes, à la fois muses et fantasmes, peuvent conduire à l'amour de la mort.»

La plupart des psychiatres considère en effet que la motivation première de cette attraction morbide envers les cadavres, réside pour le nécrophile dans le désir de posséder un partenaire qui ne résiste pas à ses avances et avec qui il peut tout faire sans se voir opposer de refus.

Le Dr Philippe Marette, psychiatre, estimait que la nécrophilie constituait un degré extrême et l'une des plus remarquables déviations de l'appétit vénérien, et dénotait chez ses adeptes la plus étrange aberration mentale coïncidant parfois, en apparence, avec la plus saine raison.

Précédents historiques

Hérode coucha sept ans durant avec son épouse Mariamme, après qu'il l'eut lui-même tuée.

Hérodote relate dans ses Histoires comment après avoir fait mourir sa femme Mélissa, Périandre, tyran de Corinthe, eut des rapports sexuels avec son cadavre.

L'historien romain Cornélius Nepos évoque le Monstre de Tarente qui éventrait les mères juste avant qu'elles n'accouchent pour leur arracher le nouveau né qu'il étouffait de ses mains avant de copuler avec son cadavre encore tiède.

Nous devons à J-K. Huysmans dans son ouvrage La Cathédrale (1898) une singulière anecdote attribuée à Quercetanus (Joseph du Chesne, seigneur de la Violette (1549-1609), médecin ordinaire du roi Henri IV, concernant le comportement de Charlemagne à l'égard d'une de ses maîtresses qu'il adorait. Cette jeune et belle Allemande venant à décéder, l'empereur ne put se décider à laisser ensevelir le corps de sa favorite. L'aimant à la folie, il passait ses nuits dans sa couche, bien que son corps entrât en putréfaction. Pour chasser les odeurs fétides, le vieux monarque faisait vaporiser sur la belle morte un mélange de violettes et de roses.

Marché aux Morts

Al-Kindi, dans le récit de son voyage aux Indes, narre son écœurement devant le spectacle épouvantable qu'offrait le marché aux morts de la ville de Tartame où la population s'approvisionnait en cadavres humains pour s'adonner ouvertement à la nécrophilie et à la nécrophagie.

Le Moyen-Age chrétien ne fut pas épargné par le phénomène. Au XIe siècle, la chronique de Dolabelle rapporte les "admonestations" et les "vitupérations" de l'abbé Théorgas à l'encontre des barbares qui s'adonnent à la luxure avec les cadavres qu'ils déterrent dans les fosses communes.

Connus dans l'Antiquité et au Moyen âge sous le nom de lycanthropes, vampires, démoniaques, nommés "nécrophiles" par le Dr Joseph Guislain (1797-1860), les exploits réels ou fictifs de ces malheureux semèrent la terreur parmi les populations et furent l'objet des mesures les plus radicales.

Il était fréquent, dans les maisons closes du XIXe siècle, qu'on aménageât des chambres mortuaires pour les amateurs de simulacres nécrophiles et que des filles y fussent dressées pour satisfaire ce genre de fantasmes en se faisant passer pour mortes !

Un fantasme plus répandu qu'il n'y paraît

Le sujet a toujours ému les hommes. Les histoires les plus épouvantables étaient colportées aux veillées. Des récits horrifiques, rapportant des témoignages de bonne foi, ont parlé de soldats violant leurs victimes après le sac des villes prises à l'ennemi ou de prêtres dévoyés violant les cadavres auprès desquels ils étaient chargés de réciter les dernières prières.

Vers la fin du XIXe siècle, Brau, un homme marié, gardien du cimetière de St-Ouen, allait jusqu'à déterrer des femmes mortes de la variole pour violer leur cadavre.

Au XIXe siècle, Léo Taxil (auteur par ailleurs controversé) raconte ainsi une scène de maison close : «dans un décor sombre représentant une chambre mortuaire, un fou luxurieux était introduit par la maîtresse de l'établissement, après qu'il eut payé dix louis pour cette séance. Il y a là un prie-Dieu où il s'agenouille. Un automate placé dans un cabinet joue les Dies Irae ou le De Profundis. Alors, aux accents de cette grandiose musique de funérailles, le client se rue sur la fille qui simule la défunte et qui a ordre de ne pas faire un mouvement, quoi qu'il advienne.»

Madame Sphinx

Marthe Lemestre, plus connue sous Martoune, raconte dans Madame Sphinx vous parle, mémoires en partie inédits (par crainte de la censure), comment elle avait fait aménager au Sphinx, sa luxueuse maison close, une chambre mortuaire pour les nécrophiles où, des filles parfaitement dressées consentaient à contrefaire les mortes. Toutefois, certains jours, devant l'exigence pressante de clients fortunés, elle se faisait "prêter" par de complaisants gardiens du cimetière Montparnasse tout proche, de jeunes et jolies mortes récemment ensevelies mais encore "consommables".

Ange Bastiani, dans son Guide des mauvais lieux, consacre quelques pages aux sabbats nocturnes du Cimetière Montparnasse. Durant les années d'après guerre, entre 1945 et 1960, il était de bon ton parmi les fêtards du Tout Paris de s'introduire nuitamment dans les cimetières, d'y danser sur les tombes et, pour les plus cinglés, d'organiser des partouzes en compagnie de jeunes mortes arrachées à leur sépulture.

SOURCES :

Ange Bastiani : Guide des Mauvais lieux
Édition Solar (3e édition - 1978)

  Albin Dalbran : Mystères et Étrangetés de la Sexualité
Édition du Phénix, 1974.

  Pierre Genève : Sexualité sauvage.
Eurédif, 1972.

  Martoune : Madame Sphinx vous parle.
Eurédif - 2e édition complète et définitive (1978)

  Hippolyte de Saint-Amour  : Déviations et Fantasmes
Chez l'Auteur (1956)

 

http://www.museedesvampires.free.fr/

 
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