JACQUES ARNAL

 

LE COSMOS VIVANT
Brève histoire de la Vie

 


I
TOUTES LES FORMES DE LA VIE
(suite)

 
Les trois dimensions de l'Homme (suite)

Dans les adaptations sensorielles de la Vie il faut atteindre le niveau des Méduses pour déceler un réseau de cellules spécialisées avec un début de concentration.

Chez les espèces suivantes plus complexes, Poulpes, Seiches, Calmars... une capsule cartilagineuse protège la masse nerveuse préfigurant l'organisation des vertébrés.

La naissance, le raffinement sans cesse plus efficace du système nerveux, véritable clé de l'organisme, est une excellente image des progrès réalisés par les espèces animales depuis le début des êtres unicellulaires jusqu'au prodigieux fonctionnement des animaux supérieurs et notamment de celui qui nous intéresse le plus: l'Homme.

 
Vu de très haut, l'Homme apparaît composé de deux parties, une partie extérieure, les muscles et les nerfs, une partie intérieure, les viscères et les glandes.

Ces différents éléments semblent hétérogènes du point de vue anatomique, ils ont chacun leur implantation, leur territoire, leurs fonctions. S'ils sont extraits et alimentés convenablement ils continuent de vivre comme si de rien n'était.

Afin de réaliser l'équilibre vital entre la partie visible et la partie invisible, deux systèmes nerveux s'interpénètrent, échangent des informations et prennent des décisions.

Ces deux systèmes donnent l'impression d'œuvrer chacun pour soi, le cerveau avec son intelligence, les organes avec leurs mouvements réflexes. Mais cette indépendance n'est qu'apparente puisque les centres ganglionnaires touchent le cerveau, le bulbe et la mœlle par des rameaux qui les unissent au système central volontaire en trois régions différentes. Ainsi les viscères dépendent tout de même du cerveau dans le même temps qu'ils sont pourvus d'une vie autonome permettant d'assurer leurs fonctions immédiates sans recourir à la réflexion et à la volonté.

Ainsi se trouve réalisé l'étonnant équilibre viscères-muscles-cerveau-mœlle qui fait du corps humain une construction unique, cosmique, fragile et vulnérable dans ses éléments matériels, indomptable et passionnée dans ses éléments spirituels.

 
Si la conscience, c'est-à-dire la connaissance analytique est "une" au niveau du cerveau, l'autre connaissance s'élabore au niveau de la vie silencieuse des organes, c'est la "conscience viscérale" dont les messages parviennent aussi à la conscience réfléchie, comme tous les autres messages.

Liaison indiscutable entre le corps physique ou viscéral des organes et le corps mental de la conscience volontaire. "Le corps sait avant le cerveau" disaient les vieux médecins. C'est l'explication de certaines prémonitions, de certains avertissements qui semblent venus d'ailleurs.

De tels phénomènes révèlent les communications qui s'établissent dans les profondeurs de l'être entre le corps physique ou viscéral, le corps mental ou conscient et un autre corps, cosmique celui-là, empreinte des deux premiers, nécessaire et présent.

Alors s'impose une nouvelle image de l'Homme, une image tridimensionnelle, physique, mentale et cosmique qui permettra d'expliquer la totalité des phénomènes du vivant aussi bien que l'ultime transformation de la mort.

 
Les 23 et 24 février 1991 s'est tenu à la Sorbonne un colloque "Science pour demain", au cours duquel des professeurs, des chercheurs, sont venus dire ce qu'ils pensaient de la conscience et du cerveau. La conscience est-elle une simple sécrétion du cerveau comme le latex est la sécrétion de certains arbres?

- c'est l'opinion résolument matérialiste de Jean-Pierre Changeux - ou est-elle le produit d'interactions infiniment variées venant de l'extérieur et réagissant sur le cerveau?

- c'est l'opinion du professeur Pierre Karli. Je suivrai volontiers Pierre Karli pour en revenir par ce détour à nos trois corps: mental, viscéral et cosmique. Des constructions aussi complexes, formées au cours de milliards d'années d'évolution, ne peuvent pas être isolées et réduites à des organes déterminés. C'est un tout à l'écoute du monde extérieur, de l'Univers entier, du Cosmos dont les effluves, les rayonnements agissent constamment sur lui.

 
Sans doute la conscience est-elle le résultat de toutes les opérations bio-électro-chimiques du cerveau, c'est bien évident, mais elle est beaucoup plus que cela et devient, enrichie par toutes les influences auxquelles elle est soumise, une chose différente, plus vaste, plus puissante. Exactement comme notre corps cosmique aux pouvoirs illimités.

 
L'adaptation aux abysses

Chaque créature est un essai de la Vie. L'Homme est l'héritier privilégié de cette longue chaîne d'essais qui ont occupé le temps sur six cents millions d'années, depuis l'époque où des sortes de punaises géantes, les Trilobites, traînaient sur les fonds marins du cambrien leurs carapaces dotées de grands yeux proéminents.

Il faudrait l'immense talent d'Alexis Carrel pour dépeindre tous ces perfectionnements, toutes ces adaptations successives qui ont triomphé des pires difficultés pour survivre et prospérer. Mais le type de l'adaptation majeure, celle qui résume toutes les autres, est sans doute l'adaptation aux abysses.

Le 21 janvier 1960, Jacques Piccard posa son bathyscaphe "Trieste" à moins 10.910 mètres, dans la fosse des Mariannes (océan Pacifique) presqu'au fond absolu des mers actuelles. La relation qu'il en fit éclata dans le monde savant comme une bombe car elle mettait fin aux croyances à l'impossibilité d'une vie quelconque à ces profondeurs froides et totalement obscures. Si aucune végétation ne peut en effet se développer dans un univers privé de lumière, Piccard vit passer lentement dans le faisceau de ses projecteurs un Poisson genre Sole d'un pied de long. Les spécialistes n'étaient pourtant pas au bout de leurs surprises, on peut même dire qu'ils n'avaient rien vu, jusqu'aux dernières découvertes du Centre National pour l'Exploitation des Océans (C.N.E.O.).

Nous avons déjà dit qu'il y avait sans doute dans l'Univers des expressions de vie qui échappaient à nos connaissances et à nos conceptions. Lucien Laubier, directeur du C.N.E.O., vient d'apporter la preuve qu'il existait sur notre propre Terre des formes vivantes inconnues jusqu'alors et aujourd'hui radicalement séparées de nous.

D'une façon générale la lumière est indissolublement attachée à la vie. Passé 500 mètres, profondeur limite de pénétration des rayons lumineux, rien ne semblait plus possible. L'expérience paraissait même confirmer cette opinion en se basant simplement sur la raréfaction progressive des animaux. Le plancton, manne infinie, peut contenir 100.000 animalcules par litre d'eau près de la surface alors que 1.000 mètres plus bas ils ne sont plus que quelques dizaines, pour cesser ensuite complètement, et l'on sait que la densité des animaux marins est en raison directe de la densité du plancton.

Cependant la théorie du vide abyssal n'était pas plus vraie que celle du vide interstellaire. Le néant, l'absence absolue de quoi que ce soit n'a aucune signification nulle part dans l'Univers, sauf, peut-être, dans les fameux trous noirs où certains affirment qu'il n'y a plus ni temps, ni espace, ni matière! Ce n'est pas le cas des abysses où la zone de peuplement maximum se situe dans la "plaine" à 3.000 mètres de la surface, dans la nuit éternelle.

 
Déjà, au cours des cinquante dernières années, les dragages effectués par des navires océanographiques et les plongées de bathyscaphes, avaient ramené à la surface plus d'un million de spécimens et permis d'identifier plusieurs centaines de familles nouvelles.

 
"Nuit éternelle", l'expression ne peut mieux s'adapter à cet univers où ne pénètre plus la moindre lumière. C'est ici peut-être que les forces adaptatives ont manifesté les plus spectaculaires réussites. Car il faut percer tout de même cette obscurité compacte pour saisir la proie nécessaire à sa vie et trouver le partenaire nécessaire à sa survie.

Alors la nature a inventé les phares qui s'appellent en l'occurence des "photophores" pour rappeler la lueur de nos lampes à incandescence. Il s'agit généralement d'organes spéciaux constitués par des cellules produisant une sécrétion particulière qui s'oxyde au contact d'une enzyme.

Quelquefois ce sont des bactéries alimentées par le sang du Poisson qui produisent la luminescence. Prodige d'autant plus remarquable que l'animal peut en faire varier l'intensité par le contrôle de son débit sanguin. Les points lumineux sont répartis sur les flancs, en ligne, en cercle, sur le sommet de la tête comme des gyrophares, à l'intérieur de la gueule tendue grande ouverte pour le plus grand malheur des curieux. Quelques espèces recourent même à l'effet de surprise en tenant la gueule fermée pour l'ouvrir brusquement comme le font certaines plantes carnivores de nos contrées.

Il faut attribuer une mention spéciale à une petite Seiche de dix centimètres (Bathotauma), évoluant à moins 3.000 mètres qui "s'est" poussée deux bras mobiles terminés par des yeux entourés de photophores qui lui donnent un aspect véritablement fantomatique.

L'adaptation aux grands fonds a entraîné des conséquences curieuses: l'armement et le gigantisme.

Certains Poissons-Vipères possèdent une gueule énorme bordée de dents acérées si longues que quelques-unes dépassent les dimensions de la tête. Ce monstre n'hésite pas à embrocher une proie aussi grosse, voire plus grosse que lui. Dans ce cas, les mâchoires se distendent comme celles des Serpents et, chose étonnante, le cœur et les branchies s'écartent pour laisser libre passage à la victime.

Autre spécimen inquiétant, entre 2.000 et 4.000 mètres, le Melanocetus qui n'est pratiquement constitué que d'une gueule hérissée de deux rangées de "sabres" plus redoutables encore que ceux des Piranhas.

 
Pourquoi cet armement? Pour lutter contre la pénurie des profondeurs où la raréfaction des animaux pose l'angoissant problème de la famine. Il est vital de ne pas manquer l'adversaire qu'on a trouvé par hasard, si bien que certaines espèces remontent la nuit vers les eaux superficielles et redescendent précipitamment vers leur domaine obscur dès les premières lueurs de l'aube. L'adaptation aux ténèbres est telle qu'elles ne supportent plus les ondes lumineuses, si petites soient-elles, même celles réfléchies par la Lune.

La démesure: Puces de mer de vingt centimètres, Mollusques géants grands comme des assiettes, Calmars gigantesques... on trouve aussi des Vers de deux mètres de long. Plusieurs facteurs expliquent ces phénomènes, la stabilité du milieu en paraît sans doute le plus important. Bien sûr des prédateurs féroces rôdent dans l'obscurité qu'ils percent de leur luminescence, mais ils sont infiniment moins nombreux que leurs cousins des eaux claires chassant à vue. Cette stabilité explique que des Bivalves atteignent l'âge absolument canonique de 100 ans.

 
Les expéditions du C.N.E.O. ont révélé un autre facteur beaucoup plus extraordinaire: l'existence de communautés animales prospères par 2.500 mètres dans quelques "rides" dont celles des îles Galapagos et de la côte du large Californien, à proximité des geysers d'eau chaude.

Le fond des océans depuis les origines a toujours été le siège d'une activité volcanique intense. Des fractures, des failles, crachent du magma en fusion comme les volcans terrestres mais, à la différence de ceux-ci, ce magma débouche directement dans l'eau de mer. Le phénomène est très impressionnant car la lave entraîne la formation d'énormes colonnes d'un corps qui n'est plus de l'eau salée mais un plasma chauffé à 800 ou 900 degrés tourbillonnant vers la surface pour se refroidir peu à peu. Ce plasma est gorgé de sulfures qui vont précipiter et retomber sur le fond. Or, les sulfures ont apporté jadis dans la "soupe originelle" les substances primordiales dont les cellules vivantes ont tiré l'énergie nécessaire à leurs transformations.

Après trois milliards d'années les choses ne sont pas différentes dans leur principe et les sulfures constituent toujours des aliments de choix pour des organismes n'ayant pas, ou n'ayant plus, d'autres sources d'énergie. Pourtant les océanautes ont été stupéfaits de voir des groupes florissants d'animaux par moins 2.500 mètres autour de "cheminées" qui sont le résultat de cette précipitation: Crabes géants, nuages de Crevettes, Anémones de mer, Clams de trente centimètres, lourdes Anguilles et surtout un Ver tubicole curieux qui fait onduler son long ruban de deux mètres (pour cinq centimètres de diamètre) parmi des amas de Vers plus petits.

 
Ce Ver a constitué pendant des années une énigme pour les savants car il est dépourvu de tube digestif. Après bien des recherches on a pu trouver l'explication de la merveilleuse adaptation dont il est le bénéficiaire: des bactéries, largement alimentées par les sulfures, prolifèrent dans la "cheminée" et le fameux Ver a trouvé le moyen de les incorporer à ses tissus pour vivre du résultat de leur digestion sans avoir à chercher directement sa nourriture dans l'eau de mer. Quand on sait que la température des cheminées peut monter à 200 ou 300 degrés on mesure mieux l'étendue de ces découvertes qui remettent en cause les vérités les mieux établies de la bactériologie.

Et Lucien Laubier souligne justement que: "pour la toute première fois l'Homme rencontre sur cette planète un système vivant qui repose en totalité sur une énergie autre que l'énergie solaire, en l'occurence l'énergie géothermique".

Une autre surprise attendait les explorateurs du "silence noir" : l'émouvante rencontre avec des fossiles vivants, avec des organismes disparus depuis des millions d'années et dont les certificats de décès se trouvent dans toutes les nomenclatures. Citons seulement Neopilina, ancêtre absolu de tous les Mollusques, qui vit tranquille par 3.500 mètres, et surtout un peu plus haut, vers 2.000 mètres, les Encrines, les admirables Crinoïdes des fonds marins du Primaire, les Lys de mer, qui tendent dans la nuit immobile leurs bras délicats vers les particules alimentaires tombant de la surface.

 
"Pourquoi cette migration vers les abysses ?" et pourquoi penser qu'il y eut migration? Peut-être l'affaissement des fonds, lent, irréversible, pendant des millions d'années entraîna-t-il tout simplement les animaux qui se sont trouvés dans l'obligation impérieuse de suivre, de s'adapter, de se transformer ou de périr. Le cas des Encrines est particulièrement net, autant que celui des coraux qui étalent à moins 3.000 mètres les teintes délicates et désormais inutiles de leurs origines dans un tapis d'Anémones ocres et rosées, à une température voisine du zéro.

 
L'adaptation magistrale

On objectera que toutes les adaptations sont magistrales puisqu'elles permettent aux espèces vivantes de gravir chaque fois une marche de l'escalier qui monte de la terre vers le ciel. Mais il y a des degrés. Si l'adaptation du squelette des vertébrés à la marche est une amélioration sensible, si les Reptiles se sont libérés des Amphibiens en pondant leurs œufs sur la terre ferme, si... toutes ces transformations, ces métamorphoses améliorent la vie, il en est une qui renferme les clés du royaume, donne la domination totale, ouvre les portes du surnaturel: c'est l'invention de la parole ou plus exactement la construction des fibres, des muscles, des cartilages de la langue et du larynx qui ont permis l'essor de la parole.

Les Mammifères possèdent un larynx, organe creux cartilagineux auquel sont associés des sacs vocaux jouant le rôle de résonateur. Les Dauphins n'ont pas de cordes vocales mais des bouchons nasaux produisant une grande quantité de "clics" brefs, néanmoins modulés, ressemblant à un véritable code dont le déchiffrement fait l'objet de nombreuses études.

Enfin chez l'Homme, pas peu fier de sa Pomme d'Adam, le cartilage thyroïde est formé de quatre parties avec ses ligaments, ses muscles, sa glotte et, suprême perfectionnement, les bourrelets vibrants désignés sous le nom de cordes vocales.

L'ensemble, avec la langue, dans l'amplificateur constitué par la cavité buccale, contribue aux modulations harmoniques de très grande ampleur qui constituent l'expression dans toute sa force depuis les bruits animaux jusqu'aux plus subtiles combinaisons de l'esprit.

Au commencement était le Verbe! Oui, mais un Verbe encore inaudible, fait de signaux adaptés à un but précis: relations entre individus de la même espèce, appels au partenaire sexuel, défense contre les ennemis. Puis l'heure de vérité sonna il y a dix millions d'années. Un grand Primate, cousin germain du Chimpanzé, sortit de sa forêt et, peu à peu, au cours de millions d'années, sous l'effet d'impérieuses pressions, une adaptation sonore merveilleuse triompha.

Le cerveau réagissant sur le système vocal demandant toujours plus au cerveau, l'un et l'autre se développant en complexité, en volume et en possibilités.

Dans une région latérale du cerveau se trouve le siège de la préhension, de la locomotion et de la parole. Si les deux premières facultés l'emportèrent longtemps sur la troisième, une éclatante revanche devait faire de celle-ci la pièce maîtresse de la race humaine. A telle enseigne qu'un humoriste pourrait presque, de nos jours, remplacer l'instinct de conservation par l'instinct de conversation, à une lettre près.

 
En tout cas les mots parlés, semblables d'abord aux signaux des espèces inférieures, devinrent rapidement (dans l'échelle des temps) des instruments incomparables d'action et de symbolisation. L'intelligence est née de l'instinct comme le rameau est sorti de la branche.

 
Et tout devint possible dans la limite des mots.

Dans la limite des mots, car l'esprit ne peut penser qu'avec des mots, ce qui fit dire que la pensée était obligatoirement limitée puisque les mots sont eux-mêmes limités.

Erreur profonde car la suprême astuce de l'intelligence, quand elle ne sait plus, est de forger un terme infiniment illimité. D'ailleurs l'imagination humaine, dernière étape de la pensée, ne connaît ni obstacle ni barrière.

On peut alors parler de la Magie du Verbe. Dernière remarque: la parole fut au début l'appoint nécessaire du geste, aujourd'hui le geste est l'appoint facultatif de la parole.

 
La longue marche

Rappelons les dates principales de l'histoire de la vie. Nous reviendrons de temps à autre sur des notions déjà examinées. Ces redites paraissent nécessaires dans un pareil sujet où l'esprit a besoin de clarté et de précision.

Il y a trois milliards et demi d'années apparaissent les premiers empilements d'algues connus sous le nom de "stromatolithes" (tapis de pierres). Pendant les cinq cents millions qui suivent, les cellules se dotent d'un noyau et prolifèrent. C'est la grande découverte, l'innovation capitale aboutissant à la reproduction sexuée, c'est-à-dire au monde qui est le nôtre aujourd'hui.

Le "tronc commun" peut alors se diversifier en trois règnes qui représentent tous les essais accomplis par la vie: le règne animal, le règne végétal et le règne hybride des champignons qui ne sont, par leur mode d'accession à l'énergie, ni des végétaux ni des animaux.

Première bifurcation dans la longue marche, première séparation des organismes qui poursuivaient aveuglément par des voies différentes, par toutes les voies possibles, la réalisation de leur destinée, l'affirmation d'une identité qu'ils ne connaissaient pas.

Emouvante, épuisante, tâtonnante longue marche qui conduisit en trois milliards d'années, sans un moment de repos, du monde microscopique au million 500.000 espèces qui se disputent aujourd'hui le droit au soleil.

Avant d'en arriver là il y eut encore d'autres bifurcations, d'autres mutations dues aux changements qui modifièrent et souvent bouleversèrent la fragile croûte terrestre. On compte de nos jours, rien que pour le règne animal depuis les origines, 35 phylums, 35 lignées dont 9 se sont éteintes en cours de route, sans parler des autres bifurcations résultant de l'adaptation à l'intérieur d'une même espèce.

 
Les étapes

Comment cela fut-il possible? On ne le sait avec précision que depuis une dizaine d'années.

Les plus anciennes cellules à noyau, trouvées au nord de l'Australie, remontent à un milliard et demi d'années, celles de Sibérie (URSS) à un milliard. Elles datent de cette époque charnière, cette coupure paléontologique entre les cellules sans noyau et les cellules à noyau dont la diversification devait aboutir aux formes hautement adaptées des êtres pluricellulaires.

La première période de la Terre, appelée le Précambrien, c'est-à-dire le précurseur, s'étend sur une période de trois milliards 800 millions d'années où seuls les témoignages minéraux fournissent quelques indications aux chercheurs. La vie organisée apparaît brusquement à la fin du Précambrien, sans préavis, comme une espèce de génération spontanée qui semble faire mentir les théories évolutionnistes.

Il faut attendre 1954 pour identifier formellement les fameux stromatolithes qu'on avait pris jusque-là pour une fantaisie minérale, une "précipitation chimique rythmique". Et ce n'est que ces dernières années qu'une recherche systématique des micro-fossiles apporte sur la préhistoire de la vie de sensationnelles révélations.

 
Il y a 700 millions d'années des animaux simples comportant une seule couche de cellules étaient déjà capables de creuser de courtes galeries dans les dépôts marins (Vers plats) ou de s'y fixer (Eponges).

Puis apparurent des organismes de plus en plus complexes avec 2, 3, 4 couches de cellules (Méduses, différents Vers, Insectes, Mollusques). On dénombre quatre cents types différents de cellules dans les animaux actuels.

Tous les Invertébrés à squelette résistant reposaient sur le fond des mers, cherchant leur nourriture dans les masses sédimentaires.

Comment peut-on se représenter l'évolution de ces premiers organismes dont tous les autres sont issus? C'est très difficile mais de nombreuses observations permettent tout de même de s'en faire une idée.

En tout cas les fiers représentants actuels de la race humaine, orgueil de l'Univers, qui emploient si mal les merveilleuses ressources de la vie, doivent se faire à cette idée qu'ils ont été pendant très longtemps des formes indistinctes quêtant le soutien de leur frêle existence dans les détritus organiques et minéraux.

Pourtant très vite la volonté, disons l'ingéniosité de la matière vivante, dota ces humbles créatures d'appendices variés: peignes (Méduses), trompes ou rubans, épines, appareils tourneurs, tentacules et pédoncules. Il semble même qu'un Ver plat, le Plathelminthe, ait inventé les yeux.

Ils reposaient tous sur le fond des mers pour l'excellente raison que les terres émergées offraient seulement des rocs désolés balayés par les vagues ou lavés par les pluies. Il leur fallait donc trouver leur subsistance dans la vase sédimentaire ou capturer les particules en suspension dans l'eau, d'où deux orientations principales conduisant à des formes cylindriques mobiles et à des formes aplaties en contact avec le fond.

 
Dans les formes aplaties les cellules orientées vers le fond, ingérant et digérant la nourriture, devinrent peu à peu des cellules internes alors que les cellules superficielles jouaient de plus en plus le rôle de support, pendant que d'autres se spécialisaient dans la locomotion et la reproduction.

De leur côté les animaux flottants prenaient des formes rayonnantes ou globuleuses, répondant par des adaptations biologiques et physiologiques aux pressions du milieu.

Les squelettes résistants apparurent brusquement à la fin du Précambrien et au début de Cambrien. Ils furent à l'origine d'une explosion spectaculaire des espèces.

Les animaux fouisseurs continuaient de creuser leurs galeries. Certains, plus actifs, se dotaient d'un squelette externe articulé muni d'appendices fonctionnant comme de véritables leviers. Ce sont les ancêtres des Insectes, des Crustacés, des Myriapodes, des Arachnides et des Arthropodes en général, soit plus de la moitié du règne animal tout entier.

Du côté des corps cylindriques capturant les particules en suspension dans l'eau, une espèce acquit une corde dorsale flexible et dure, articulée sur des muscles permettant l'ondulation, le tout protégé par une armature externe avec des prolongements latéraux soutenant les parois. Les premiers Poissons sans mâchoire étaient nés pendant que d'autres espèces, restées en contact avec le fond, poursuivaient un lent développement ou même n'évoluaient pas du tout.

Pourquoi certains individus présentent-ils encore aujourd'hui les caractères de leurs lointains ancêtres?

 
Les poissons sans mâchoire constituaient déjà un remarquable perfectionnement sur les objets cylindriques du début et "l'invention" des mâchoires pendant le cours du Dévonien, c'est-à-dire sur une période de 60 millions d'années, permit une énorme diversification des espèces (à noter que la Lamproie a gardé les caractéristiques de Poisson sans mâchoire de ses origines).

Les Poissons à mâchoires se présentaient sous deux types principaux: les uns dotés de nageoires à rayons et les autres de nageoires en lobes. Ce dernier type, moins répandu, rendait les déplacements difficiles et risquait ainsi d'amener plus ou moins promptement la disparition de l'espèce. Mais, paradoxalement, ce qui devait être un motif de condamnation devint au contraire un facteur de progrès. Grâce à leur axe osseux, les protubérances arrondies se muèrent peu à peu en véritables membres, signant du même coup l'acte de naissance de toute la famille des Vertébrés tétrapodes et mettant en marche l'immense armée des vivants.

 
La prodigieuse histoire des Oiseaux

L'adaptation est donc une réponse biologique aux problèmes posés par l'environnement. Bien entendu de nombreux facteurs interviennent dans ce mécanisme sans oublier celui, primordial, du potentiel évolutif des gènes dont nous avons déjà parlé.

Cependant l'acquisition des organes "de la plus grande perfection" n'explique pas tout. Les généticiens citent en exemple un Papillon (Biston Betularia) qui, à la suite d'un long processus de sélection naturelle, avait changé de couleur pour mieux se protéger.

Mais ce Lépidoptère est resté un Papillon, il ne s'est pas transformé en Grenouille ou en Salamandre. Que dire et que penser d'une espèce qui évolue de sa propre initiative pour produire en fin de compte des individus ne semblant plus rien avoir de commun avec leurs ancêtres. C'est pourtant ce qui est arrivé à une famille de Reptiles dont les descendants se sont un jour retrouvés... transformés en Oiseaux.

 
Oh! cela ne s'est pas fait d'un seul coup sous la baguette d'un enchanteur. Il a fallu des millions d'années de ténacité, d'échecs et de succès. Ceci vaut bien d'être conté.

 
Les Reptiles, issus des Amphibiens au Carbonifère, libérés du milieu aquatique après avoir trouvé le moyen de pondre leurs œufs sur la terre ferme, ont terrorisé la planète jusqu'à la fin du Crétacé, c'est-à-dire pendant quelque 200 millions d'années (quatre tours au cadran de l'horloge géologique). Herbivores, carnivores, mangeurs de coquillages ou de poissons, ils s'étaient répandus sur tous les continents et proliféraient joyeusement en donnant naissance à de nombreux descendants. Cependant, au moins 100 millions d'années avant leur extinction, un petit Reptile, le Thécodonte, de 1 mètre 20, dressé sur ses deux pattes postérieures, amorçait dès le Trias une spectaculaire transformation, une métamorphose totale, inimaginable, pour conquérir le ciel.

 
Sans doute ce Reptile était-il de petite taille et, partant, plus agile que les autres. Sa défense résidait certainement dans la rapidité de sa course. Sans doute aussi une cœxistence dangereuse avec des monstres cruels beaucoup plus puissants que lui, fut-elle à l'origine de son extraordinaire vocation. Mais pourrait-on imaginer de nos jours qu'un brave lézard des sables poursuivît le rêve insensé de s'élever au-dessus de son désert par ses propres forces? Et pourtant! 150 millions d'années plus tard, le Ptéranodon, Reptile de 8 mètres d'envergure, au crâne en forme de marteau, volait dans le ciel tourmenté du Crétacé, pour disparaître peu après. Il fut le plus grand animal qui eût jamais volé. Pourtant le Ptéranodon restait un Reptile transformé alors que l'Archéoptéryx, véritable Oiseau, se métamorphosait parallèlement au premier et prenait définitivement possession de l'empire des nuages.

Comment?

 
Pour en arriver là il fallut remanier toute la structure, alléger les os massifs, les transformer, les creuser de canaux tout en gardant leur résistance. Puis renforcer et allonger les ridicules petits membres antérieurs pour obtenir les ailes en augmentant la taille du bréchet et des muscles qui s'y rattachent. Ensuite convertir les lourdes écailles du tégument reptilien en plumes légères qui devinrent des éléments aérodynamiques en même temps qu'une protection thermique.

 
Quel ingénieur pourrait réaliser un tel prodige? Et la perfection était au rendez-vous. Qui n'a admiré le vol d'un Albatros, immobile, impérial, dans le vent qui le soutient, le protège et semble lui parler? Nous sommes si loin de l'animal préhistorique sautillant dans les fougères et les prêles qu'on vient à douter de la réalité. Et pourtant cela est!

 
Le professeur Lewontin, de l'Université Harvard, écrit à ce sujet "l'apparition de formes de vie entièrement nouvelles est un phénomène de même nature que celui de la colonisation d'un monde stérile, elle repose le problème des niches préexistantes attendant d'être occupées".

 
Elle repose aussi le problème métaphysique permanent de la volonté-Vie incarnée dans la matière.

 
Il ne faut pas toutefois verser dans la simplicité rassurante du Darwinisme et se persuader que les espèces dérivent automatiquement les unes des autres. C'est beaucoup plus complexe. Par exemple des amphibiens sont apparus il y a 300 millions d'années puis se sont éteints. 100.000 ans plus tard les Salamandres, Tritons et Grenouilles montraient le nez. Or ils n'avaient rien de commun avec les formes éteintes. Non, la nature, sans cesse en mouvement, sans cesse en mal de gestation nouvelle prépare en secret les réalités de demain sans trop s'occuper du passé. Et c'est alors que la remarque de Rémy Chauvin prend toute sa valeur:

"...de quelque façon qu'on tourne le problème tout implique qu'un programme, un projet est à l'œuvre".

 
Sept cents millions d'années d'évolution

Nous sommes aujourd'hui dans l'impossibilité de retrouver les traces certaines de l'écorce terrestre primitive. Trop de plissements, trop de ruptures entre les vieilles plaques, trop de heurts entre les anciennes masses continentales et des chaînes plus jeunes, trop de bouleversements ont modifié de fond en comble la physionomie de la Terre première qui devait être de surcroît plus chaude avec une écorce mince et malléable.

Tout au plus peut-on identifier des affleurements précambriens formant de vastes boucliers sous des formations sédimentaires plus récentes au Grœnland, en Afrique australe, en Indonésie, en Finlande, en France même dans le massif armoricain sans oublier aux U.S.A. la fameuse faille du Grand Canyon qui montre au soleil du Colorado son visage couturé vieux de 2 milliards d'années au niveau de la rivière.

 
Les plus vieux cratons, c'est-à-dire les zones dont la rigidité a empêché les déformations, ont été retrouvés en Finlande (2 milliards 800 millions d'années) et en Ukraine certains approchent du record absolu avec 3 milliards 500 millions d'années.

 
Nous avons dit que la vie piaffait derrière la porte, attendant impatiemment les premières formations solides où elle pourrait, en quelque sorte, poser les pieds. Les recherches des micro-fossiles ont permis de retrouver des vestiges de Vers remarquablement bien conservés dans cette longue et obscure période et de comprendre que la vie avait germé dès les premiers temps alors que la soupe était encore chaude.

Cette compréhension est aujourd'hui primordiale car, avec les découvertes de la biologie moléculaire, elle projette sur l'aube de la Vie une lumière nouvelle.

A la fin de l'ère Précambrienne le visage du globe différait notablement de ce qu'il est aujourd'hui, non pas seulement par l'immensité des roches désolées où ne poussait encore aucune végétation, mais par la répartition des terres émergées et des climats.

Les continents formaient alors une masse plus ou moins compacte, expliquant les analogies relevées de nos jours entre l'Afrique et l'Amérique du Sud, entre l'Europe nord occidentale et l'Amérique du nord. Sur la ligne Canada, Grœnland, Ecosse, Norvège, montaient les chaînes de montagne du plissement Calédonien soudant des blocs relativement isolés pour bâtir un grand continent nord Atlantique séparé d'un autre continent méridional par une immense mer aujourd'hui disparue, la Thétys.

Les climats de cette époque ne peuvent pas non plus faire l'objet de comparaison avec les nôtres puisque l'axe des pôles passait par le tropique actuel obligeant à penser que les régions arctiques étaient alors des déserts chauds.

L'Europe faisait partie du domaine des terres immergées sous une faible hauteur d'eau offrant à la faune naissante des conditions exceptionnellement favorables de développement.

Le décor est construit, le long prologue est terminé, les artistes qui se pressent dans les coulisses peuvent entrer en scène, il est temps de frapper les trois coups sur le premier acte de la tragi-comédie du Vivant.

 
L'ère Primaire. Durée: 370 millions d'années

Premier tableau: le Cambrien (du nom de Cambria, pays de Galles).

 
Dans la plus ancienne partie du Cambrien, les Invertébrés se multiplient intensément - on en dénombre plus de 1.500 espèces différentes - mais il n'y a encore ni végétaux, ni Vertébrés. Des groupes entiers, pourtant prospères, bien adaptés, comme les Trilobites, peuplent de vastes étendues marines et disparaissent 200 millions d'années plus tard après un long déclin.

Dans la mer Cambrienne pullulent des Algues, des Eponges, des Vers, des Mollusques, des Brachiopodes (animaux à coquille bivalve et deux bras spiralés), des Oursins, des Etoiles de mer, de petits Crustacés et des Méduses.

C'est pendant la période suivante, l'Ordovicien, qu'apparaissent des groupes d'animaux d'une très grande importance, notamment des Céphalopodes (Pieuvres, Calmars, Seiches...) dont certains sont enfermés dans de longues coquilles droites en forme de cornets pouvant atteindre quatre mètres. Des coraux composent déjà de larges massifs.

Mais surtout apparaissent les plus anciens Vertébrés. Des fragments osseux trouvés dans le Wyoming et le Colorado établissent l'existence d'animaux qui ressemblent à des Poissons. Les ancêtres de la plus grande lignée qui doit aller si loin après des embranchements si nombreux, ont vu le jour il y a 475 millions d'années.

Au Silurien les individus précédents se ramifient en de nouvelles familles, pourtant on ne trouve pas de groupes zoologiques entièrement nouveaux. La nature souffle un peu et semble se recueillir dans l'attente des créations qui vont suivre. Cependant elle ne chôme pas et des plantes terrestres primitives font une timide apparition.

 
Sous les eaux, d'énormes Scorpions de trois mètres de long (les Euryptéridés) promènent leurs carcasses inquiétantes entre les coraux, les Poissons sans mâchoire, les Nautiles et de gracieuses Crinoïdes ressemblant à de longues tulipes.

Forte poussée des Poissons et des végétaux terrestres au cours du Dévonien. La vie essaye un nouveau système de défense qui fera bientôt fortune: les cuirasses. Dans les eaux du Dévonien s'ébattent des Poissons bardés de plaques (les Placodermes) avec les premiers Requins et quelques Poissons osseux. Un groupe s'est probablement rendu compte que les rives des étangs et des mares commençaient à regorger d'une nourriture de plus en plus disputée sur les fonds aquatiques, il pousse ses nageoires en forme de pattes et peu à peu sort voir ce qui se passe sur la terre ferme. Les premiers Amphibiens viennent de gagner leur pari.

 
Des Insectes, des Araignées, des Millepattes commencent leurs besogneuses promenades dans un monde peuplé de fougères arborescentes, de plantes sans feuilles véritables et presque sans racines mais qui possèdent déjà le système vasculaire et conducteur qu'elles n'abandonneront plus.

 
La fin du Dévonien prépare le Carbonifère: climat chaud, mers peu profondes où se multiplient les animaux précédemment énumérés, immenses marécages qui fournissent à toutes sortes de plantes les conditions d'un fantastique développement: arbres à feuilles, hauts de cinquante mètres, plantes herbacées qu'accompagnent maintenant des Fougères à graines. L'apparition de cette graine est une triomphante transition entre les plantes primitives et les plantes supérieures, l'une des plus remarquables de la botanique.

 
Dans cet enfer vert dont la forêt amazonienne donne (pour combien de temps encore?) une petite illustration, des Blattes, (Cafards, Cancrelas) entament une humble existence qui parviendra sans changement jusqu'à nos jours. Des Libellules géantes de soixante-quinze centimètres d'envergure volent au-dessus des marais d'eau tiède et saumâtre où pourrissent d'énormes quantités de végétaux.

Dans ce riche potage, les Batraciens se portent si bien qu'ils commencent, pour certains d'entre eux, un développement qui va les conduire à un être nouveau: le Reptile, libéré enfin du milieu aquatique dont ne peuvent se passer les larves d'Amphibiens. Etre nouveau, bien modeste encore, une dizaine de centimètres de long, mais qui suit imperturbablement le jalonnement de l'Evolution.

 
Le Permien, dernier volet du Primaire, s'étend jusqu'à moins 230 millions d'années. Petit Reptile deviendra grand si les Batraciens ne le mangent pas. Les Batraciens ne l'ont pas mangé car ils n'étaient pas de taille à lui résister. La nouvelle espèce avait, sur les anciennes, des avantages certains: amélioration du crâne, des vertèbres, meilleure implantation des membres donnant à l'ensemble plus de souplesse et d'agilité, sans compter la stature, les mâchoires et les dents de certains d'entre eux.

 
Les Reptiles du début du Permien avaient déjà dépassé leurs prédécesseurs, atteignant une soixantaine de centimètres avec une large tête plate. Des œufs fossiles du Texas (U.S.A.) affichent modestement la bagatelle de 270 millions d'années. Les dimensions du corps s'orientent vers le gigantisme. Le Dimétrodon, énorme lézard, atteint trois mètres de long, et ce carnivore puissant promenait sur son dos une large membrane en forme de demi cercle constituant peut-être un essai de régulation thermique.

Dans les eaux sévissaient des Reptiles plus petits, plus actifs, au museau allongé pourvu de dents acérées.

 
Dès la fin du Primaire on devine ce qui va se passer en examinant les variations des groupes. Certains changeront peu mais d'autres annoncent déjà la race future des Mammifères. Un carnivore agile, Thériodonte, de un mètre quatre-vingts, présentait un crâne de chien avec des dents différenciées et des pattes plantées sous le corps qui lui donnaient l'avantage sur les Amphibiens et les Reptiles primitifs.

La fin du Permien marque le crépuscule d'un monde transitoire où la vie s'était affirmée définitivement. Des groupes nombreux d'animaux et de plantes se sont éteints, préparant l'arrivée d'autres groupes mieux armés et surtout mieux adaptés aux nouveautés du milieu.

Les Amphibiens et certains Poissons diminuent. Les Trilobites, pourtant si bien organisés, disparaissent avec des animaux à coquille, décimés plus par les prédateurs affamés que par les modifications géologiques.

 
L'ère secondaire. Durée: 165 millions d'années

Le Trias est caractérisé par une intense activité volcanique. Ces éruptions, associées aux mouvements des plaques continentales dont les chevauchements engendrent les hautes chaînes de montagnes, provoquent des bouleversements dans la distribution des plaines, des déserts, des eaux, qui expliqueront à la fin du Secondaire l'extinction massive de certaines races.

C'est l'ère des Reptiles géants et des Ammonites, une sorte de Moyen Age de l'histoire de la vie. C'est également l'apparition d'espèces qui ont une importante capitale: les Mammifères, les Oiseaux et les Plantes dont les graines sont enfermées dans des cavités closes à l'intérieur d'un fruit.

Au Jurassique et au Crétacé les Reptiles atteignent leur apogée. Leur diversification avait donné une série résolument reptilienne et une autre tournant aussi résolument vers les Mammifères. Dans le recul des millénaires, le Secondaire apparaît comme un extraordinaire laboratoire où la vie donna libre cours à son imagination. Jamais le gigantisme n'atteignit de telles proportions, une telle frénésie, qui enflamment aujourd'hui encore nos esprits pourtant blasés. C'est le temps des Dinosaures monstrueux.

Le Diplodocus étirait sa phénoménale carcasse sur une longueur de trente mètres, pesait cinquante tonnes et promenait dans l'inextricable fouillis végétal des marais une tête grosse comme une noix de coco dont le cerveau pesait cent grammes. Invraisemblables disproportions d'une nature affolée par la facilité de ses créations. Le Brontosaure, du même type, n'avait que vingt-deux mètres de long et son cerveau ne dépassait pas quatre-vingt-dix grammes. Le Stégosaure, cuirassé de plaques sur le dos, jouait le rôle du nain de la famille avec ses six mètres et ses modestes dix tonnes.

Tous broutaient l'herbe luxuriante des marécages en compagnie de cousins à bec de canard. Mais d'autres, carnivores, ceux-là, s'avisèrent de se dresser sur leur pattes postérieures et constituèrent bientôt les plus redoutables créatures.

Dans les airs et sous les eaux, même débauche de formes variées: Reptiles volants, Reptiles marins comme le fameux Plésiosaure (Serpent de mer) dont quelques descendants attardés pourraient bien hanter encore les profondeurs du Loch Ness ou de la mer de Chine. Même tentative vers la grâce et l'élégance avec les Hadrosaures à tête de gazelle.

Dans les océans peu profonds des petits Calmars inventaient pour se défendre, sinon les écrans de fumée, au moins les nuages d'encre.

Les Reptiles constituaient donc un groupe hétérogène présentant des formes de puissance, de grandeur et de spécialisation très variées. Les Crocodiles, qui sont venus jusqu'à nous, sont nés à cette époque de même que les Serpents.

 
Aucun être vivant ne pouvait résister aux prédateurs voraces dont le prototype fut l'épouvantable Tyrannosaure qui portait son crâne de un mètre de long à une hauteur de six mètres cinquante, avec une mâchoire armée de dents pointues. Aucun être vivant, excepté les moins gros qui pouvaient se dissimuler dans les souches, les hautes herbes, les pierres, c'est-à-dire les petits Reptiles, les Insectes et surtout les nouveaux et modestes Mammifères, ne pouvaient leur échapper.

Ces derniers qui, de leurs refuges, voyaient passer les maîtres pesants de la planète, attendaient patiemment leur heure. Insignifiants, ils avaient même de ce fait survécu au Jurassique et "buissonnaient" en Marsupiaux et Insectes précurseurs des Musaraignes. Humbles et faibles, sans comparaison aucune avec les Dinosaures géants, les Tortues de quatre mètres ou les Reptiles volants de huit mètres d'envergure.

 
Colosses aux pieds d'argile! La fin du Secondaire sonne brusquement le glas d'un grand nombre d'espèces qui vivaient depuis 200 millions d'années, hécatombe sans précédent dans l'histoire de la vie, comme si la nature avait voulu liquider le passé, effacer ses erreurs pour repartir sur des bases plus solides.

Au front végétal où les Conifères dominent, une révolution s'accomplit: les plantes à fleurs apparaissent, entraînant la prolifération des Insectes butineurs. Alors se pose l' éternelle question: qui a précédé l'autre, qui a déterminé la formation de l'autre? Les Insectes ou les Fleurs? Les Fleurs ou les Insectes puisqu'ils vivent en symbiose parfaite? Dans le grand bocal de la vie leurs développements sont allés de pair pour le plus grand bien de l'équilibre des espèces et l'interdépendance des règnes.

 
En tout cas le quart des familles animales disparut au jugement du Crétacé. Pourquoi? Raisons géographiques, climatiques, cosmiques? Il ne semble pas que la raison cosmique ou nucléaire puisse être retenue malgré la présence d'iridium dans des terres du Crétacé supérieur. Alors? raisons géographiques, géologiques et climatiques? Sans aucun doute car les éléments de la croûte terrestre expliquent suffisamment le drame.

Il est évident que de telles transformations, même étalées sur des dizaines de millions d'années, annonçaient des changements radicaux dans le régime des vents, des pluies et des eaux. Des plaines arides, des déserts de pierres et de sable devenaient des étendues fertiles où des forêts se mettaient à pousser.

En sens inverse, d'immenses marécages, réservoirs alimentaires des herbivores, n'offraient plus que des boues stériles. Les empreintes des pas des Dinosaures dans le grès triasique de la vallée du Connecticut (U.S.A.) sont celles d'animaux qui marchaient sur des vases durcissantes à la recherche d'une nourriture de plus en plus problématique. (Sans oublier la dérives des continents. L'Australie a fait aujourd'hui deux fois le tour de la terre). L'évolution des plantes pendant tout le Secondaire illustre bien cette mutation puisque le passage aux Conifères (ifs, pins, sapins, mélèzes) qui remplacèrent les Prêles, les Lycopodes et les Fougères, indique clairement l'arrivée de la sécheresse. Seuls purent survivre les animaux d'un poids inférieur à une dizaine de kilogrammes parmi lesquels se trouvaient les Mammifères. La précarité des conditions de ces derniers leur sauva la vie et favorisa les perfectionnements structuraux qui devaient donner à certains d'entre eux, les Primates, les moyens de leur futur et fulgurant essor.

 
L'ère tertiaire. Durée: 65 millions d'années

Dans la longue histoire du vivant, l'Homme n'occupe à peu près que la millième place, mais il est l'aboutissement d'une immense évolution et d'une inébranlable volonté.

Si l'on parle à juste titre d'âge des Reptiles pour caractériser le Secondaire, il faut écrire sur l'étiquette du Tertiaire "Age des Mammifères".

Au fait, que restait-t-il sous le soleil après la vague d'extermination du Crétacé? La liste des victimes est facile à dresser: tous les grands Reptiles, toutes les Ammonites et un grand nombre de mollusques bivalves. Mais les Serpents, les Crocodiles et les Poissons ne se modifieront plus, de même que les Oiseaux, à de rares exceptions près.

Ce ne sont d'ailleurs pas eux qui nous intéressent directement mais, bien sûr, la famille des Mammifères, résolument engagée sur une voie ascendante.

 
L'explosion et la diversification des membres de cette famille au début du Tertiaire dépasse encore l'explosion et la diversification des Reptiles au Secondaire. La dérive des continents, la séparation des blocs, la tectonique des plaques, expliquent ce résultat dans un habitat clairsemé offrant nombre de niches vides. Si l'on a pu compter vingt ordres de Reptiles en 200 millions d'années, on compte trente ordres de Mammifères en seulement 65 millions d'années, ce qui se passe de commentaire.

 
Les principales familles actuelles apparurent dans la première moitié du Tertiaire. Parmi elles les Marsupiaux, représentant l'un des premiers essais. Les femelles de ce groupe primitif ne possédaient pas encore de placenta reliant l'embryon à l'utérus maternel pendant la gestation, de sorte que leurs petits, naissant à l'état larvaire, devaient poursuivre leur croissance dans la poche marsupiale pourvue de tétines. L'invention du placenta donna l'avantage à leurs successeurs si bien que les Marsupiaux disparurent de l'Europe.

Mais, comme ils s'étaient déjà répandus en Australie et que ce morceau de continent avait rompu les amarres avec l'Antarctique, ils purent proliférer en toute quiétude sur la terre de leur enfance où ils vivent toujours avec leurs curieuses caractéristiques.

Le développement des espèces est donc inséparable de la géophysique du globe. Les océans s'ouvraient de plus en plus, les collisions entre les blocs continentaux soulevaient peu à peu d'énormes montagnes dans une intense activité volcanique. L'Himalaya naissait lentement des chevauchements asiatique et hindou, comme dans une vieille légende. Les structures alpines et les chaînes insulaires pacifiques bousculaient les équilibres antérieurs.

Personne ne peut dire où en seraient aujourd'hui les Mammifères si rien ne s'était produit à l'échelle des continents. Les Reptiles géants feraient-ils toujours la loi ? Les Mammifères auraient-ils brisé le cercle de la terreur ? Oui, si l'on considère les adaptations physique et psychologique acquises peu à peu par le groupe des Primates, dans l'ombre des forêts. Mais l'épanouissement des hominidés eût sans doute été fortement retardé.

 
Quelles sont les qualités adaptatives dont bénéficièrent les Primates?

Il est bien connu, et nous en avons, hélas, dans notre histoire récente des exemples significatifs, que la nécessité de survivre sous une oppression développe chez certains individus des qualités morales d'astuce, d'invention, et des qualités physiques, musculaires et nerveuses qu'ils n'avaient pas auparavant.

La défense naturelle des faibles est la fuite, la rapidité des réflexes, l'amélioration des facultés olfactives, auditives, visuelles et tactiles, c'est-à-dire la promptitude des gestes, l'appréciation immédiate des distances, en un mot le coup d'œil.

Ces impératifs amenèrent certains Mammifères à perfectionner leurs réponses face à des situations imprévues qui faisaient leur pain quotidien. Plus doués que leurs congénères ils constituèrent quatre familles groupées sous le nom de Primates pour indiquer qu'ils étaient vraiment les élus, les prééminents.

 
Linné énumère ainsi les caractéristiques de ces êtres privilégiés: quatre incisives, deux canines, des tétines par paires sur la poitrine, des mains permettant de saisir, une clavicule de chaque côté pour soutenir les bras en améliorant leurs performances.

Ajoutons des yeux plantés sur le même plan pour l'appréciation des distances et surtout, conséquence aussi bien que résultat, un cerveau d'une capacité et d'une complexité supérieures à la moyenne des animaux du même poids. Enfin ils étaient plantigrades, grimpaient aux arbres et amassaient des fruits.

Dame nature n'avait rien oublié pour donner à ces quatre familles (Lémuriens, Tarsiens, Simiens, Hominiens) la clé du Royaume. Pourtant une seule parviendra au rendez-vous fixé par le destin.

 
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La première période du Tertiaire s'étendit sur 38 millions d'années avec les précurseurs des Mammifères carnivores et des Mammifères à sabots, petits, lourds, massifs, avec un cerveau primitif.

Le Cheval offre un exemple remarquable d'adaptation évolutive. La "plus belle conquête de l'Homme" n'était pas plus grosse qu'un lapin au début du Tertiaire: vingt-huit centimètres du sol au "garrot".Puis les prairies herbeuses remplacèrent les forêts luxuriantes. Il fallait par conséquent suivre les évènements, gagner sur la taille et transformer les dents pour brouter les herbes dures. En même temps le problème du déplacement prenait la première place et, pour acquérir vitesse autant que légèreté, le nombre de doigts touchant le sol se réduisit, quatre, puis trois, puis un seul dans la dernière structure du pied. De sorte qu'en 65 millions d'années le quasi lapin de vingt-huit centimètres atteignit d'abord la taille d'un chien, soixante centimètres, pour finir aux dimensions que nous connaissons aujourd'hui.

Les Oiseaux du Tertiaire inférieur présentaient en général leur aspect contemporain avec quelques gros spécimens coureurs et carnivores qui disparurent assez rapidement.

Les Invertébrés marins ne changèrent plus. De leur côté les plantes avaient trouvé leur expression actuelle et donnent d'excellentes indications sur les climats qui régnaient à cette époque puisque des palmiers poussaient au Canada et des chênes en Alaska.

L'essor des Mammifères se poursuivit au Tertiaire supérieur: ancêtres des Eléphants, des Rhinocéros, des Chameaux, des Chiens... Un porc géant, qui s'est éteint sans descendance, avait un crâne long de un mètre vingt. Les félins possédaient des canines en forme de sabre et, pour la première fois, des êtres ressemblant aux Singes (Dryopithecus) peuplèrent l'Europe et l'Afrique tandis qu'un grand nombre de Mammifères primitifs disparaissaient.

C'était il y a 40 millions d'années. A cette époque l'Afrique touchait l'Amérique du Sud.

 
L'ère quaternaire

La dernière étape, l'ère Quaternaire, composée de deux périodes, a commencé il y a environ 1 million d'années. Le climat chaud et sec de la seconde partie du Tertiaire s'était radicalement transformé. Plus question de palmiers au Canada ni de chênes en Alaska. Une couche de plus de trois mille mètres de glace écrasait l'hémisphère nord, apportant dans la flore et dans la faune des mutations et des migrations considérables.

Les animaux y adoptèrent une tenue d'hiver avec d'abondantes fourrures dont les hommes primitifs nous ont laissé le témoignage sur le livre des cavernes: le Mammouth, le Rhinocéros laineux, un redoutable félin (Smilodon) armé de canines supérieures en forme de sabres d'une longueur de vingt centimètres, armé d'une queue rappelant celle du Reptile Stégosaure, et un autre Edenté (Mégathérium) d'une longueur de cinq mètres qui constituèrent une dernière manifestation de gigantisme rapidement abandonnée. Ces animaux s'effacèrent devant les formes que nous connaissons aujourd'hui.

 
L'adaptation évolutive des Eléphants est une réplique à celle du Cheval. Dès le fin de la première période du Tertiaire apparut un Mammifère de la taille d'un porc, au museau allongé que rien ne semblait destiner à devenir l'énorme animal dont nous admirons aujourd'hui la force et l'intelligence. Pourtant, 20 millions d'années plus tard, dans la première période du Quaternaire, il se présentait sous la forme du Mastodonte et achevait sa transformation quelques millions d'années plus tard. De cinq mètres de haut il est avec la Baleine bleue (25 mètres de long, 150 tonnes) le plus gros animal vivant.

 
Le cas des Primates

Ainsi, tandis que les gigantesques herbivores se vautraient dans les marécages du Secondaire, que les monstres carnivores faisaient trembler le sol sous leurs pas, de minuscules Mammifères, issus d'un petit Reptile plus agile que les autres, prenaient possession des forêts. De la taille d'une souris, d'un rat ou d'un écureuil, cherchant la protection des arbres, ils virent disparaître dans le crépuscule du Crétacé les grands Dinosaures que la vie condamnait.

C'est alors que, parmi les milliers de familles, un groupe particulier fit valoir ses droits: les Primates. Quatre familles seulement, dotées, chacune, des mêmes avantages et, théoriquement, des mêmes possibilités énumérées plus haut.

La commodité du raisonnement a fait longtemps penser qu'elles descendaient les unes des autres, des plus simples aux plus élaborées. En fait il s'agit des familles d'un même groupe qui ont suivi, chacune pour soi, des voies parallèles rigoureusement séparées, sauf peut-être pour les Tarsiens et les Lémuriens.Mais les Hominiens, s'ils consentent aux cousinage, refusent toute filiation directe avec les uns et les autres.

Les quatre familles viennent ensemble du fond des âges, des dernières vagues du Secondaire et, comme les autres, ne purent vraiment s'épanouir qu'après le raz-de-marée du Crétacé. La nature avait misé sur quatre numéros dotés de possibilités nouvelles et cependant une seule lignée, celle des Hominiens, réussit à sortir de l'animalité. Mais elle en sortit si bien qu'elle peut aujourd'hui lever la tête vers le ciel pour poser au Cosmos les questions essentielles de sa vie. Pourquoi les trois autres familles du groupe, malgré les atouts dont elles disposaient, sont-elles restées dans l'ombre? Nul ne peut le dire exactement. Il s'agit sans doute là comme ailleurs de problèmes d'environnement qui ont pesé sur les individus de manières différentes et déclenché des réponses également différentes.

A mesure que le temps passait, que les adaptations agissaient sur tel ou tel organe et que cet organe, amélioré, réagissait à son tour sur le cerveau, les quatre chemins bifurquaient, s'éloignaient les uns des autres pour se séparer définitivement au milieu du Tertiaire. Et pourtant chaque famille constituait en elle-même un progrès, depuis les Lémuriens aux circonvolutions cérébrales primitives jusqu'aux Chimpanzés dont l'ombre claudiquante est comme une émouvante et inquiétante caricature des hommes.

 
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Les yeux des Lémuriens et des Tarsiens, grands, rapprochés, parfois énormes, ont toujours intrigué les naturalistes qui ont même décerné aux derniers l'épithète de Spectrum. Leur taille, extrêmement variable, va d'un nain de quatre centimètres, squatter de nids d'oiseaux, au grand Indri qui dresse ses quatre-vingts centimètres au-dessus de la savane en une curieuse attitude verticale que seuls les Hominiens ont sû perfectionner.

Sur l'escalier des vivants, les Simiens, ou Singes, occupent l'avant-dernier palier, juste au-dessous de celui où trônent les Hominiens. Arboricoles, leur taille varie également dans des proportions considérables, allant des seize centimètres du Ouistiti Mignon avec ses soixante-dix grammes, au un mètre quatre-vingts du Gorille écrasant les branches sous ses deux cent cinquante kilos. Omnivores, tout leur est bon: fruits, feuilles, écorce d'arbre, racines, insectes, oiseaux, batraciens, jusqu'à de jeunes animaux. La boîte crânienne est assez volumineuse. Les cordes vocales sont bien développées avec des cavités spéciales chez certaines espèces (les Hurleurs).

Leurs accouplements peuvent avoir lieu en tout temps et la période de gestation est sensiblement la même que chez les humains.

 
Les zoologues ont attribué le terme de Pongidés aux Gorilles, Orang-Outangs et Chimpanzés. C'est cette dernière espèce qui nous intéresse car on serait tenté de l'installer sur un demi palier, à peine au-dessous du nôtre. La fiche du Chimpanzé qui nous pose tant de problèmes est longue et captivante: Singe sans queue, du continent africain; un mètre trente et cinquante-cinq kilos pour la femelle; tête ronde, front fuyant; arcades orbitaires saillantes; face prognathe (mâchoires allongées en avant); yeux perçants situés sur un même plan; oreilles développées; trente-deux dents de même formule que chez l'Homme; buste long; épaules saillantes; longs bras et membres postérieurs relativement grêles; peau assez claire. Une espèce de Chimpanzé "à lunettes" pousse l'élégance jusqu'à encadrer sa face de favoris et d'une petite barbiche.

Ce n'est pas tout. L'étude rapide des caractères anatomiques révèle des éléments troublants car, sur 1.065 critères, 396 sont communs à l'Homme et au Chimpanzé. Il y a d'autre part, le même rapport de taille entre l'Homme normal et l'Homme Pygmée qu'entre le Chimpanzé normal et le Chimpanzé Pygmée.

La colonne vertébrale des Chimpanzés est fixée sur deux courbures, alors que chez l'Homme, trois courbures ramènent le centre de gravité de la tête et du tronc au-dessus de la base de sustentation formée par le bassin, lui permettant la station verticale. Le Chimpanzé n'a donc jamais réussi à se redresser complètement, marchant généralement à quatre pattes. Il appuie alors sur le sol le dos des doigts de ses mains, et ses genoux, à l'arrière, ne touchent pas terre. La musculature est puissante mais les muscles de la main, moins différenciés que ceux de l'Homme, ne lui permettent pas d'accomplir des mouvements aussi complets.

Par contre, ceux de la face donnent aux deux espèces, Hommes et Chimpanzés, la possibilité de réaliser les mêmes grimaces, ce dont ne se privent ni les uns ni les autres.

Les organes du Chimpanzé diffèrent peu de ceux de l'Homme et deux chromosomes seulement séparent les deux familles: quarante-six chez l'Homme, quarante-huit chez le Chimpanzé.

Comme dans la race humaine la période infantile du petit est assez longue. A huit mois il monte à califourchon sur le dos de sa mère et c'est vers deux ans et demi qu'il entre véritablement dans la phase de la prime enfance. Le Chimpanzé évolue d'abord plus vite que l'enfant humain mais à partir de dix-huit mois les deux races se séparent définitivement. Retenons enfin que le chimpanzé possède 99 % du matériel génétique humain.

 
Les Hominiens. L'odyssée

Et nous parvenons au dernier palier, celui où la race humaine bivouaque actuellement. "actuellement" car l'Homme ne peut pas affirmer qu'il arrêtera l'évolution à son profit et restera in secula seculorum, l'ultime forme de la vie, l'ultime forme produite par 36 millions de siècles d'adaptations successives.

Quatre familles pouvaient prétendre au trône, une seule est parvenue à y poser son auguste céans. Une seule qui représente la sélection des sélections, l'adaptation des adaptations sur le 1 milliard 997 millions d'espèces disparues et le 1 millions 500.000 espèces vivantes qui continuent de suivre obscurément leur chemin sans se poser, elles, de questions.

Quelques anthropologues ont estimé qu'il devait exister un pré-Hominien, pour expliquer le maillon manquant entre le Primate du phylum humain et les premiers Hominiens. Mais comme on n'a pas encore trouvé trace de cet être hypothétique, ils ont suggéré que les Hominiens l'avaient exterminé. Déjà! Comment? Cela ne change d'ailleurs rien à l'affaire.

L'Homme ne descend pas du Singe, il a sa propre lignée indépendante de toutes les autres. Si l'on voulait manier l'humour noir des cinéastes on pourrait avancer que les Chimpanzés n'ont pas terminé leur évolution et que, s'ils rattrapaient ce retard, ils chausseraient alors les bottes d'une humanité victime de ses propres débordements.

Les dernières découvertes paléontologiques reculent chaque fois davantage l'horizon du monde des Hominiens. Après 40.000, 100.000, 400.000 ans, nous en sommes maintenant à 4 millions d'années pour estimer la date de leur apparition dans les vallées africaines.

En fait, c'est à 10 millions d'années, au début du Pliocène, dernière époque du Tertiaire, qu'il faut remonter pour imaginer les premiers faits et gestes d'une humanité crépusculaire.

A ce moment, rien ne pouvait distinguer dans l'ombre des sous-bois, l'Hominien du grand Lémurien, du Chimpanzé ou du jeune Gorille. Mêmes attitudes, même genre d'existence, même nourriture, même lutte pour la survie. Alors se pose la question clé: quel événement suffisamment profond et suffisamment durable déclencha peu à peu tous les mécanismes de l'évolution et de l'adaptation. Car il fallut des millions d'années pour transformer les structures du Primate.

La protection de la grande forêt et ses inépuisables ressources étaient nécessaires aux Hominiens... jusqu'au jour où un groupe, plus entreprenant que les autres, quitta le couvert des arbres pour s'aventurer dans les hautes herbes de la savane. Ces Hominiens marchaient encore à quatre pattes, dans cette posture curieuse des phalanges repliées qui permettent à l'animal de transporter en même temps un objet dans ses mains.

C'est là, dans cette rupture avec la forêt, qu'il faut trouver l'origine de tous les phénomènes qui devaient s'imbriquer les uns aux autres et réagir les uns sur les autres. Six millions d'années furent sans doute nécessaires pour que, de brèves tentatives en expériences de plus en plus longues, les Hominiens abandonnassent définitivement la maison verte de leur enfance.

 
Il serait vain de chercher la cause exacte des premiers voyages hors du domaine forestier; incendies d'orages? Rivalité de Simiens aux mâchoires redoutables? Plus vraisemblablement raréfaction de ressources alimentaires aboutissant à la famine? Le fait est là, inscrit sur le livre de bord de la vie.

Au pied et sur les arbres ancestraux, les familles d'Hominiens savaient se tenir en liaison, s'appeler, se prévenir d'un danger quelconque par des cris, des attitudes comme tous les autres Primates et un grand nombre d'animaux. Ils avaient donc déjà une certaine expérience de la vie collective. Mais l'existence dans les prairies herbeuses posait de nouveaux problèmes qu'il fallait absolument résoudre. On devait alors moduler les cris et les appels pour les adapter aux situations imprévues de la chasse en groupe, trouver de nouvelles intonations pour faire comprendre quelque chose, en somme construire les rudiments du premier langage.

Puis les stations debout au-dessus des hautes herbes entraînèrent petit à petit la marche bipède permanente et modifièrent profondément l'équilibre de tout le corps. En même temps, les Hominiens sentirent la nécessité de décupler leurs forces par l'emploi systématique d'outils et d'armes qui furent pendant très longtemps des branches d'arbre ou des pierres. Les plus vieux outils composés d'éclats et de nucléus, accompagnant des restes d'animaux ont été trouvés au Kenya dans un site datant de 2 millions et demi d'années. Pourtant il est certain que l'emploi de pierres non retouchées remonte infiniment plus loin.

 
Ainsi la pompe est amorcée, l'immense roue du progrès technique s'est mise en marche. Elle va tourner lentement, très lentement, imperceptiblement pendant des centaines de milliers d'années au prix d'efforts et de sacrifices qui nous font rêver, mais elle tourne, dans les grincements et les craquements.

Quatre éléments d'importance variable sont à la base de ce qui deviendra le plus grand des phénomènes cosmiques: la civilisation humaine.

Au départ et depuis 50 ou 60 millions d'années, une vie de groupe avait apporté la richesse non négligeable de la mentalité collective avec ses élans, ses rivalités, sa hiérarchie. Pourtant nombre d'animaux vivent en société depuis toujours et ne donnent aucun signe d'évolution.

Alors, pour les Hominiens, il y eut autre chose. D'abord l'évasion de la forêt ancestrale avec tous les problèmes que cette rupture entraîna. Puis la vie permanente dans la savane. La marche bipède en posture érigée modifiant l'équilibre du squelette. La nécessité d'ajouter aux cris-émotion des cris se rapportant aux situations de la chasse amorça les sons modulés du langage. Ce fut le quatrième détonateur, l'invention de la parole, la séparation définitive avec le monde animal.

Le langage parlé, la fabrication d'outils de plus en plus élaborés, l'obligation de combattre d'énormes animaux retentirent profondément sur l'organisation du cerveau dont on peut suivre le développement et la complexité croissante au long des millénaires.

On remonte aujourd'hui à 4 millions d'années pour évoquer avec quelque vraisemblance notre ancêtre humain de cette époque: crâne de 350 centimètres cubes, corps non encore complètement redressé. 1 million d'années plus tard la forme du bassin s'est modifiée indiquant une marche bipède prolongée, la taille du cerveau atteint 500 centimètres cubes. Des outils travaillés, simples galets éclatés, apparaissent à cette époque.

Le premier Homme véritable signe sa présence il y a 1 million et demi d'années avec un crâne de huit cent cinquante à mille cent centimètres cubes et des outils de pierre travaillés sur deux faces. Il y a 100.000 ans l'Homo-sapiens émerge de la brume sous les traits de l'Homme de Néandertal (Dusseldorf) avec la capacité du cerveau actuel et une industrie d'éclats de silex plutôt que de noyaux. Enfin l'Homo sapiens-sapiens, c'est-à-dire l'humanité moderne sort des coulisses il y a 40.000 ans.

 
Son apparition pose aux savants un problème. Les formes humaines primitives s'étaient éteintes et on ne sait pas si leur disparition est due à une évolution, à une hybridation entre familles de rencontre ou à une extinction pure et simple de rameaux mal adaptés.

Cependant, des comparaisons effectuées entre les Néandertaliens et l'Homme de Cro-Magnon font penser qu'il y eut effectivement hybridation puisqu'on constate dans la race nouvelle des caractéristiques de la race ancienne, constatations renforcées par d'autres observations du même ordre sur les squelettes de Chancelade et de Combe Capelle (Dordogne).

L'année "moins 40.000" représente le grand départ de l'humanité. Depuis 5 millions d'années les Hominiens se traînaient péniblement dans la nuit. A part quelques éclairs: pierres éclatées, taillées, polies, l'invention du feu... les progrès de l'évolution humaine, biologique et technologique, nous semblent pendant cette longue période d'une lenteur décourageante.

Et puis, brusquement, c'est l'aurore. L'humanité moderne prend conscience d'elle-même dans sa forme et dans son pouvoir. L'immense roue accélère son mouvement, précipitant la première révolution industrielle que le monde ait connue: fabrication d'outils complexes, quelquefois en ateliers collectifs, d'armes plus efficaces, construction d'abris, invention de la roue, découverte de nouvelles ressources alimentaires, voyages intercontinentaux qui amènent le peuplement des régions vierges, découverte du symbole artistique, des ornements personnels, de l'idée religieuse, de l'agriculture, de l'élevage, domestication des sources d'énergie du vent et de l'eau... aboutissant à la seconde révolution industrielle de notre société contemporaine. En 35.000 ans seulement l'Homo-sapiens a rattrapé 10 millions d'années, passant de l'animalité la plus obscure à l'intellectualité la plus éclectique et la plus échevelée.

 
L'anthropologie moléculaire

On ne peut conclure sans dire un mot de l'anthropologie moléculaire permettant de mieux comprendre la distance qui sépare les différentes familles par la précision de leur parenté. Proposée dès 1904, cette méthode n'a pas eu plus de succès auprès du monde scientifique que l'idée de la tectonique des plaques continentales révélée dès 1912. Elles sont pourtant universellement admises l'une et l'autre aujourd'hui.

En quoi consiste l'anthropologie moléculaire? Quand on injecte le sérum sanguin d'un animal à un cobaye, celui-ci fabrique immédiatement des anticorps. Si on injecte le sérum du cobaye à un troisième animal, les anticorps de ce dernier produisent un précipité. Plus le précipité est important plus le premier animal est proche du troisième. Formule indiscutable qui a pour elle le poids de l'expérimentation. Or, appliquée aux diverses familles animales, elle indique une distance de dix-sept unités entre les Mammifères primitifs et l'Homme, alors que celui-ci n'est séparé des grands Singes africains que par moins d'une unité (0,50) et par seulement un huitième d'unité (0,12) du Chimpanzé. Preuve supplémentaire de l'étroite parenté de nos deux familles.

Que serait-il arrivé si le Chimpanzé avait eu la bonne fortune de quitter les sentiers de la forêt? N'aurait-il pas subi la même évolution que ses cousins Hominiens? Hypothèse gratuite et inutile?

Pas autant qu'il y paraît. Ecoutez. De grands Singes vivaient en Inde et au proche Orient alors que les lignées humaine et simienne se séparaient. Pourquoi ces grands Singes ne se seraient-ils pas transformés et n'auraient-ils pas constitué des familles suffisamment évoluées pour fusionner ensuite avec d'authentiques Hominidés? Ou même donné naissance à une race que l'on prendrait aujourd'hui pour une race hominienne. Le fameux chaînon manquant. La réponse est aux fossiles qui dorment quelque part dans leur linceul de pierre. En tout cas, un professeur de l'Université Berkeley, en Californie, s'est posé la question.

 
L'aventure de la fécondation

"De la rencontre presque fortuite des produits génitaux de l'un ou de l'autre sexe baignant dans l'eau de mer, à la formation d'un couple uni par des liens affectifs, la gamme est complète dans le monde du vivant". (Jean Dorst) Mâle, femelle, antagonisme et complémentarité, la loi des deux états de la vie. L'équilibre universel des contraires.

De quoi s'agit-il? Rien moins que de la survie des espèces et l'on comprend quel soin la nature a mis pour résoudre le problème de l'accouplement, c'est-à-dire du rapprochement d'un mâle et d'une femelle de la même espèce en vue de la fusion des cellules sexuelles mâles (spermatozoïdes) avec les cellules sexuelles femelles (ovules).

En milieu aquatique les spermatozoïdes, munis d'un filament mobile servant d'organe locomoteur, le flagelle, trouvent sans difficulté les ovules qui, eux restent immobiles.

En milieu terrestre les cellules sexuelles mâles doivent être déposées sur les cellules sexuelles femelles soit par un accouplement externe (grenouilles), soit par une fécondation interne, la copulation (mammifères), soit par l'apport d'un élément extérieur (Insectes, Oiseaux, pour les plantes à fleurs).

 
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Comment se présente cet élément mâle, le spermatozoïde, aussi remuant dans son genre que l'atome dans le sien? Deux constructeurs de mondes! Ses dimensions varient de 4 centièmes de millimètres à 1 millimètre 200. La nature, qui n'est pas à court de paradoxe, a doté la Baleine du plus petit et un minuscule Crustacé ostracode ressemblant à une punaise des bois, du plus gros, si volumineux même avec son 1 millimètre 200 qu'il dépasse la grosseur de l'animal dont la taille ne dépasse pas 7 dixièmes de millimètre. Monstruosité unique car cette énorme cellule sexuelle est recroquevillée sur le dos du Crustacé où elle forme une bosse!

Un spermatozoïde présente une tête constituant l'apport génétique du père, une partie axiale intermédiaire entourée d'organes producteurs d'énergie, enfin une queue munie d'un flagelle permettant la mobilité. Et oui! Platon, Einstein... ont commencé par une tête microscopique de 5 centièmes de millimètre.

La vitesse de progression varie selon les espèces de 7 à 10 centièmes de millimètre-seconde, 5 pour l'homme, ce qui est bien suffisant pour atteindre son but puisque sa durée de vie est de deux à trois jours dans les voies génitales de la femme.

Durée de vie qui est de cinq à six jours chez la jument, de deux à trois semaines chez les Oiseaux et peut atteindre trois ans chez l'Abeille, fécondée une seule fois au cours du vol nuptial. En somme le spermatozoïde, synthèse de toute l'Evolution est comme un architecte emportant avec lui la moitié du plan de la construction future (l'autre moitié lui sera remis par l'ovule) et des vivres pour la route. Pourtant il ne va pas à l'aveuglette, guidé par les contractions des organes femelles ainsi que par des sécrétions particulières qui exercent (déjà) sur lui leur pouvoir de séduction. Même les végétaux dits inférieurs jouent de cette corde sensible et les Mousses possèdent autour des cellules reproductrices femelles une sorte d'enveloppe contenant une substance visqueuse, à base de saccharose à l'attrait de laquelle ne résistent pas les cellules mâles.

La complexité des multiples organes qui se conjuguent pour aboutir à l'acte nécessaire de reproduction montre bien l'inquiétude vigilante de la nature qui a résolu peu à peu toutes les difficultés et vaincu tous les obstacles. Elle n'a d'ailleurs pas lésiné sur la quantité puisque l'homme est responsable par éjaculation de 100.000 spermatozoïdes au millimètre cube et, quand on sait qu'un seul de ces valeureux combattants suffit pour couronner l'entreprise, on peut parler d'un somptueux gâchis de matière vivante. Le cas de la race humaine

 
La race humaine avec ses vingt-trois paires de chromosomes par cellule peut déjà réaliser huit millions de combinaisons différentes. En fait cela va beaucoup plus loin puisque, avec les transformations, les "enjambements", les recombinaisons de chromosomes, le nombre des possibilités est infini.

Théoriquement dans une espèce qui possède des milliers de gènes sur chaque chromosome le nombre des gamètes possibles (cellules sexuelles mâles ou femelles) dépasse la nombre des atomes de l'Univers. Voici un troisième infini, l'infini génétique, auquel Pascal ne pouvait pas penser et qui explique pourquoi aucun individu n'est semblable à un autre parmi les milliards qui composent les populations végétales et animales (sauf pour les vrais jumeaux).

46 chromosomes XX (23 paires), donc tous semblables pour la Femme. 44 chromosomes XX plus 2 chromosomes XY pour l'Homme et le tour est joué. C'est cette infime modification dans la dernière paire de chromosomes qui fera de l'être humain un Homme ou une Femme.

Au moment de la fécondation les cellules sexuelles n'ont plus que la moitié de leurs chromosomes pour que la fusion mâle et femelle puisse se réaliser, chacun apportant la moitié de son patrimoine. L'ovule fournit ainsi 23 chromosomes XX, et le spermatozoïde 22 plus le dernier, soit l'X soit l'Y. S'il s'agit de l'X l'œuf comprendra à nouveau 46 chromosomes XX et ce sera une fille. S'il s'agit de l'Y, l'œuf comprendra 45 chromosomes X + 1 Y et ce sera un garçon.

 
Qui peut dire alors quel sexe est supérieur à l'autre?

 

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