Djalâl ad-Dîn Rûmî
(1207, Balk (Afghanistan) - Konyah (Turquie), 1273)

Rumi

Djalâl ad-Dîn Rûmî


Poèmes

Tu m'as dit  : « Viens au Jardin les jours de printemps,
Il y aura des bougies, du vin, des belles au joues vermeilles."
Si tu n'y es pas, que faire de tout cela ;
Si tu t'y trouves, à quoi bon tout cela ? »
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Le souci que j'ai de toi rend chaque jour mon cœur plus plaintif ;
Mais ton cœur sans pitié est chaque jour de moi plus las.
Tu m'as abandonné, mais mon chagrin ne m'abandonne pas ;
À dire vrai, mon chagrin est plus fidèle que toi.
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À quoi bon conseils et avis ; je suis anéanti en Ton amour
A quoi bon le sucre ; j'ai goûté le poison.
On a dit "enchaînez ses pieds!"
Mon cœur est fou ; à quoi bon enchaîner mes pieds ?

JF soufie

Jeune fille soufie

Ton amour me fait résonner comme l'orgue,
Et mes secrets se révèlent sous la touche de ta main.
Tout mon être exténué ressemble à une harpe.
À chaque fibre que tu touches, je gémis.
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Près d'un parterre de roses, je marchais avec ma bien-aimée ;
Sans le vouloir, mon regard s'est posé sur une rose.
Mon aimée m'a dit : « N'as-tu pas honte ?
Mon visage est sous tes yeux, et tu regardes une rose ».
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Tu es l'eau, et nous tous sommes les plantes.
Tu es roi, et nous tous sommes des mendiants.
Tu es le parleur, et nous tous sommes la parole ;
Tu es le chercheur, pourquoi ne viens-tu pas à nous tous ?
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En souvenir de ta lèvre, je baise le rubis de ma bague ;
N'ayant pas celle-là, je baise celui-ci.
Ne pouvant atteindre ton ciel,
Je me prosterne et je baise la terre.
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L'union ? voilà les jardins du Paradis.
La séparation ? voilà les tourments de l'enfer.
L'amour est éternel, l'univers est son vêtement,
Il met à nu celui qui est vêtu
voilà la clé de l'énigme.

Voile

Va, ferme les yeux, pour que ton cœur soit tout yeux,
Avec les yeux de ton cœur tu verras un autre monde.
Si tu te tiens à l'écart de l'égoïsme,
Tes actes seront tous entièrement approuvés.
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Puisque tu veux comprendre l'existence du Bien-Aimé,
Laisse les apparences et pénètre la substance.
Des voiles accumulés nous cachent Son essence,
Il est plongé en Lui-même et l'univers est plongé en Lui.
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Heureux le moment où nous serons assis dans le palais

Toi et moi,

Avec deux formes et deux visages, mais une seule âme,

Toi et moi.

Les couleurs du bosquet et les voix des oiseaux
Nous conféreront l'immortalité
Au moment ou nous entrerons dans le jardin

Toi et moi.

toi et moi


Les étoiles du ciel viendront nous regarder;
Nous leur montrerons la lune elle-même

Toi et moi.

Toi et moi,
Libérés de nous mêmes,
serons unis dans l'extase,
Joyeux et sans vaines paroles

Toi et moi.

Les oiseaux du ciel au brillant plumage
Auront le cœur dévoré d'envie.
Dans ce lieu ou nous rirons si gaiement

Toi et moi.

Mais la grande merveille
C'est que toi et moi, blottis dans le même nid,
Nous nous trouvions en cet instant
L'un en Iraq, et l'autre en Khorasan

Toi et moi

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Afin de parler, une nécessité, écoute d'abord,
apprends à parler par l'écoute.

JF

Si votre pensée est une rose,
vous êtes un jardin de roses;
si c'est une épine,
vous êtes un carburant pour un fourneau.
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Voyez comment la main est invisible tandis que le crayon écrit ;
le cheval galope, pourtant le chevalier est invisible ;
la flèche vole, mais l'arc est hors de la vue ;
différentes âmes existent,
tandis que l'âme des âmes est cachée.
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La raison est la chaîne
Des marcheurs, ô mon fils
Libère toi d'elle, la voie
Est visible, ô mon fils !
La raison est la chaîne
La cœur est le trompeur
Et la vie est le voile
Le chemin est caché
De ces trois, ô mon fils !
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Une bien-aimée demanda à son amant :
« O mon ami ! Tu as visité beaucoup de villes lorsque te étais seul.
Dis-moi celle que te préfères parmi toutes. »
Et l'amoureux répondit :
« C'est la ville où habite ma bien-aimée.
Bien qu'elle soit petite, elle nous semble la plus vaste ! »
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Lorsque l'oiseau se pose sur un mur
et voit les graines qui servent d'appât au piège,
son désir le pousse vers ces graines.
Il les regarde, puis il regarde les vastes plateaux.
L'oiseau qui résiste à cette tentation s'envole vers les plateaux, plein de joie.
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Le Coran est comme une jeune mariée :
Tu essaies de retirer son voile, et elle ne te montre pas son visage.

Au moment où la jeune mariée qu'est le sens du Coran retire son voile,
le royaume de la foi est dénué de trouble.

Si l'examen du Coran ne te donne aucune satisfaction et ne te dévoile rien,
c'est parce qu'il refuse que tu retires le voile ;
il a rusé avec toi en se montrant comme laid ;
il te dit : « Je ne suis pas cette beauté. »

Coran


Le Coran est capable de se montrer sous l'apparence qu'il veut.
Mais si tu ne cherches pas à lui ôter le voile,
tout en œuvrant à son contentement, en arrosant son champ,
et en lui rendant service de loin, par tout ce qui peut lui donner satisfaction,
alors, sans que tu retires le voile, il se montrera à toi.

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Ton amour a si bien ravagé mon cœur,
Que tout ce qui n'est pas lui s'est consumé.
Oubliant la raison, les leçons, les livres,
Il s'est adonné à la poésie, aux odes, aux quatrains.
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Tous les atomes qui se trouvent dans l'air, et dans le désert,
Sache bien qu'ils sont épris comme nous.
Et que chaque atome, heureux ou malheureux,
Est étourdi par le soleil de l'Âme inconditionnée.
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Ô jour, lève toi ! Des atomes dansent,
Les âmes, éperdues d'extase, dansent.
La voûte céleste, à cause de cet Être, danse,
À l'oreille je te dirai où l'entraîne sa danse.
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Purifie-toi des attributs du moi,
afin de pouvoir contempler ta propre essence pure,
Et contemple dans ton propre cœur toutes les sciences des prophètes,
sans livres, sans professeurs, sans maîtres.
Le livre du soufi n'est pas composé d'encre et de lettres ;
Il n'est rien d'autre qu'un cœur blanc comme la neige.
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Soufie

Voir aussi :

Djalâl al-Dîn Rûmî Biographie
Les derviches tourneurs
Le Grand secret