RICHARD MATTHEW STALLMAN
Pionnier du logiciel libre

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Programmeur renommé et promoteur du logiciel libre*, Richard Stallman développa de nombreux logiciels phares, notamment ceux à la base du projet GNU et de la licence publique générale connue sous l'acronyme GPL qu'il rédigea avec le juriste Eben Moglen et la collaboration de Roland McGrath.

Ce programme fut à l'origine de la floraison des Wiki, initiés par Ward Cunningham en 1995, sites web modifiables construits par la communauté des internautes, tels Wikipedia, l'encyclopédie libre. Stallman fut également l'auteur du terme copyleft en référence ironique à la notion de copyright qu'il combattait.

Sa vie

Né à Manhattan, Richard Stallman fait connaissance avec l'ordinateur au lycée, en 1969, à l'âge de 16 ans. A la fin de ses études secondaires, (1970) il trouve un premier emploi au Centre scientifique d'IBM à New-York et s'attaque à l'écriture de son premier programme destiné aux ordinateurs IBM 360.

Il entreprend des études de physique à l'université de Harvard, où sa vive intelligence et son étonnante compréhension des problèmes pratiques et leur résolution le font remarquer par ses maîtres.

Intronisé roi de la bidouille (hacker), il entre au département de recherche en intelligence artificielle du Massachussets Institute of Technology (MIT).

Son parcours atypique de chercheur et de militant est relaté avec panache dans la biographie Richard Stallman et la révolution du logiciel libre, que lui consacrent Sam Williams et Christophe Masutti. L'ouvrage réalisé avec la collaboration de Stallman lui-même venu hacker leur travail en le modifiant, le complétant, l'annotant, est paru en édition française chez Eyrolles, à l'achat en librairie ou sur le web, mais également offert sous GNU Free Documentation License en libre lecture en ligne.

Le déclic

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Considéré par la communauté informatique comme le père des logiciels libres, Richard Stallman a commencé à s'intéresser au sujet lorsqu'il travaillait au laboratoire d'intelligence artificielle au MIT. Le laboratoire possédait une imprimante qui tombait souvent en panne, mais comme les chercheurs avaient le code source du pilote de l'imprimante, ils avaient modifié le programme pour que l'imprimante leur envoie un signal à chaque panne.

Un jour, le laboratoire achète une nouvelle imprimante de marque Xerox, plus fiable que la précédente. En revanche, le pilote de l'imprimante n'est pas fourni à la livraison. Richard Stallman entend parler plus tard d'un laboratoire qui possède les sources de ce pilote. Il s'y rend, demande le code, mais on lui répond que le laboratoire s'était engagé à ne pas diffuser les sources du pilote. Ressentant ce refus comme une agression, Richard Stallman prend alors conscience du danger de la "logique propriétaire".

Il décide alors de fonder la Free Software Foundation. Conscient qu'il est impossible d'utiliser un ordinateur sans système d'exploitation et que sans système d'exploitation libre il est obligatoire d'utiliser des logiciels propriétaires, il démarre le premier projet de la fondation, le projet GNU2. Ce projet vise à concevoir un système d'exploitation complet et entièrement libre. Ce système sera compatible avec UNIX (système d'exploitation multi-utilisateurs et multi-tâches qui permet à un ordinateur de faire exécuter simultanément plusieurs programmes par un ou plusieurs utilisateurs), mais sera différent. Aujourd'hui ce système existe, et s'appelle GNU/Linux.

Pour valider ce système, une base légale est nécessaire. Cette base légale est la GNU GPL, pour GNU General Public Licence. La GNU GPL est la licence des logiciels libres par excellence. Elle détermine des conditions de distribution qui garantissent les libertés de l'utilisateur. Un programme protégé par la GPL est libre, mais la GPL impose aussi que tout travail dérivé de ce logiciel reste libre.

Richard Stallman est en outre l'auteur de nombreux logiciels libres dont l'éditeur GNU EMACS, le compilateur GCC, le débuggeur GDB et participe activement au développement d'autres logiciels libres.

Depuis les années 90 il se consacre à la promotion du logiciel libre à travers le monde guerroyant contre les brevets pris sur les logiciels et la gestion léonine des droits numériques (DRM).

Mettant sa vie en harmonie avec ses convictions, il tire aujourd'hui les revenus qui le font vivre des honoraires de conférencier qu'on lui accorde lors de ses tournées.

Une anecdote parmi cent autres

Un vendredi de juin 2006 devait être une date importante pour les 165.000 signataires de la pétition contre le projet de loi DADVSI (Droit d'Auteur et Droits Voisins dans la Société de l'Information). Richard Stallman devait en effet remettre au premier ministre français les 15 et quelques mètres de feuilles aux milliers de noms récoltés par Eucd.info.

Il devait également exposer aux autorités les dangers qu'impliquent selon lui, les DRM (droits numériques). Une visite cruciale alors que le projet de loi DADVSI n'était pas encore bouclé, hésitant entre la commission mixte paritaire souhaitée par le ministre de la Culture, et une seconde lecture à l'Assemblée.

Frédéric Couchet de la FSF France raconte :

«Le rendez-vous est donc fixé à 15h, proche de Matignon, sous un soleil de plomb. Pétition sous le bras, notre groupe se dirigeait alors, non sans espoir vers M. de Villepin. Peine perdue : à une petite centaine de mètres de la porte d'entrée principale, des CRS bloquent le passage. Peu après, un officiel pointe son nez et indique qu'aucune rencontre ne sera possible avec quiconque, conseiller ou premier ministre. La discussion ne peut s'engager : - Nous sommes désolés, la décision a été mûrement réfléchie, insiste-t-il, nous priant de stopper là.»

Richard Stallman décide alors de dérouler ces mètres de papier à même le sol, le long du trottoir. La scène sera surréaliste : 165 000 signataires dans le caniveau, la figure historique et mondiale du Logiciel Libre accroupie au même niveau, avec des forces de l'ordre partout...

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Frédéric Couchet, évoque la différence de traitement «entre la réception Bill Gates en chef d'Etat par le président de la République et celle de Richard Stallman par le chef de la sécurité de Matignon». Stallman croit avoir l'explication : «Gates est l'empereur, nous ne sommes que des citoyens», lâche-t-il calmement.

Toujours les genoux dans le caniveau, il trouve le temps d'expliquer la problématique des DRM, du Logiciel Libre, etc. à quelques Américains de passage, étonnés de la situation.

«On était attendus aujourd'hui, puisqu'on avait prévenu toutes les autorités de la visite de Richard Stallmann volà trois semaines» regrette Fréderic Couchet, avant d'ajouter «la moindre des politesses était de le recevoir. Au-delà du fond, sur la forme, je trouve cela parfaitement lamentable».

Et l'intéressé d'expliquer encore que la solution se trouve maintenant du côté des citoyens, avec le boycott des majors qui vendent les produits DRMisés.

«Chaque génération a son philosophe, écrivain ou artiste qui saisit et incarne l'imaginaire du moment. Il arrive que ces philosophes soient reconnus de leur vivant, mais le plus souvent il faut attendre que la patine du temps fasse son effet. Que cette reconnaissance soit immédiate ou différée, une époque est marquée par ces hommes qui expriment leurs idéaux, dans les murmures d'un poème ou dans le grondement d'un mouvement politique. Notre génération a un philosophe. Ce n'est ni un artiste ni un écrivain. C'est un informaticien.» (Sébastien Broca)

Richard Stallman dénonce le caractère propriétaire du «Cloud computing»

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« Après Larry Ellison d'Oracle, c'est au tour de Richard Stallman de critiquer l'effervescence autour du concept en vogue du Cloud computing**. Sous un autre angle toutefois, pour l'inventeur de la licence GPL et fondateur de la Free Software Foundation (FSF).

A ses yeux, le Cloud computing est «une stupidité» dont l'effet pernicieux est de se rendre pieds et poings liés à un fournisseur. Et loin d'être synonyme d'économies, l'une des promesses du concept, ces offres coûteront finalement très cher, a-t-il déclaré en septembre 2008 au quotidien britannique The Guardian.

Elles contraignent ceux qui les adoptent à confier des informations à une tierce partie, estime l'opposant de longue date au principe des logiciels propriétaires. «Cette perte de contrôle est l'une des raisons pour lesquelles il ne faut pas utiliser les applications Web pour votre informatique. Pour Stallman l'informatique dans le nuage «est un piège», ses utilisateurs perdant le contrôle de leurs applications. Il y voit un concept publicitaire sans intérêt, un phénomène de mode, rejoignant les critiques exprimées par Larry Ellison. C'est aussi néfaste que d'utiliser un programme propriétaire.»

«Sur votre ordinateur, optez pour un programme qui respecte la liberté», rappelle-t-il, comme à son habitude. «Si vous choisissez un programme propriétaire ou utilisez le serveur web d'un tiers, vous vous retrouvez sans défense. Vous êtes à la merci de leurs développeurs.»

Cet engouement pour le Cloud computing a été créé délibérément par une coalition d'entreprises, avance-t-il même, sans citer de nom. «Pire que de la bêtise, c'est une campagne marketing surfaite.»

*Un logiciel libre est un logiciel, non pas gratuit - bien que la plupart le soit - mais libre, l'utilisateur peut voir, utiliser, modifier et distribuer les codes sources du programme librement (avec quelques restrictions pour respecter l'auteur). L'expression "free", pourrait-on penser, est mal choisie, mais en anglais, aucune différence n'est fait entre libre et gratuit (question de vocabulaire), heureusement, la langue française nous évite les déboires de la non-compréhension. Le terme "free software" est donc mal compris - il n'a rien à voir avec le prix. Il parle de liberté. Puisque le mot "free" se réfère ici à la liberté, et non au prix, il n'est donc pas contradictoire de vendre des copies de logiciels libres.

**Le cloud computingou informatique dans le nuage est un concept faisant référence à l'utilisation de la mémoire et des capacités de calcul des ordinateurs et des serveurs répartis dans le monde entier et liés par un réseau, tel Internet. Les utilisateurs ne sont plus propriétaires de leurs serveurs informatiques mais peuvent accéder par ce biais à de nombreux services en ligne sans avoir à en gérer l'infrastructure sous-jacente, souvent complexe. Les applications et les données ne se trouvent plus sur leur ordinateur local, mais dans un nuage (Cloud) composé d'un certain nombre de serveurs distants interconnectés. Wikipedia
 

Compilation : Marc Schweizer 25/02/2010

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Sources et Pages à visiter :

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