Grigori Iakovlevitch Perelman
Mathématicien de Génie

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Né en 1966 à Léningrad, Grigori Iakovlevitch Perelman est un brillant mathématicien russe. Il appartient à cette jeune génération de scientifiques probes, sincères et sobres, davantage intéressés par la connaissance pure que par l'argent ou les honneurs. Il suit les cours d'une excellente école secondaire de sa ville natale, un lycée de réputation internationale pour son excellence, avant de poursuivre ses études de 1982 à 1987 à l'université. Concourant en 1982 aux Olympiades internationales de mathématiques il y obtient la médaille d'or avec le score maximum de 42 points sur 42. Entré à l'Institut de mathématiques Steklov où il soutient sa thèse de doctorat en 1990, ses recherches portant sur les paraboloïdes ou "surfaces en selle de cheval" dans des espaces euclidiens.

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Paraboloïdes

Perelman améliore ses connaissances auprès d'Aleksander Danilovich Aleksandrov et de Yuri Dimitrievich Burago, au laboratoire de géométrie et de topologie du même Institut, et la réputation de ses travaux lui valent une consécration internationale. Pourtant, il refuse poliment mais fermement la distinction que souhaite lui attribuer la Société européenne de mathmétiques en 1992.

La même année, la libération de la Russie du joug soviétique ayant rendu possibles les voyages à l'étranger des chercheurs de haut niveau, Perelman gagne New York où il se perfectionne au Courant Mathematics and Computing Laboratory de l'institut Richard Courant ainsi qu'au sein de la Division d'informatique de dynamique des fluides créée par le professeur Paul Garabedian.

Il étudie également quelques mois à l'université de Stony Brook de Long Island, puis à celle de Berkeley, avant de regagner en 1995 sa bonne ville de Leningrad redevenue St Petersbourg, malgré des propositions de travail alléchantes émanant des universités de Stanford ou Princeton.

Durant quelques années, Perelman ne fait plus guère parler de lui, travaillant en quasi solitaire à l'institut Steklov, loin du monde académique, ne publiant aucun de ses travaux pendant près de 7 ans.

Conjecture de Poincaré

Il s'intéresse activement aux travaux de Richard Hamilton, à son "programme" notamment au «flot de Ricci», recherches qui le conduisent à s'attaquer à l'un des dix problèmes mathématiques irrésolus les plus ardus du XXe siècle : la conjecture de Poincaré.

Très succinctement exposé sans entrer dans le détail, ce problème consiste à démontrer si un objet quelconque à 3 dimensions pouvait posséder les mêmes propriétés que celles d'une sphère.

En 2002, il publie un article de 39 pages, non dans un organe scientifique prestigieux, mais sur la base arXiv accessible gratuitement sur internet.

Cette façon inhabituelle pour un chercheur de publier ses travaux étonne ses pairs, car la méthode est contraire aux règles reconnues dans le monde scientifique, stipulant une publication dûment vérifiée et certifiée conforme.

L'élégante solution en 2003 de cette énigme mathématique rendirent Grigori Perelman célèbre dans le milieu scientifique, sans que cela lui monte à la tête. Décrit par ses collègues comme «un garçon timide, peu loquace, concentré sur son travail, sans être un complet ermite...», le chercheur vit modestement auprès de sa mère, dans un modeste appartement du quartier populaire de Kouptchino.

Après qu'il eut refusé la prestigieuse médaille Fields en 2006, voilà au tour du prestigieux Institut de mathématiques Clay d'exprimer le souhait d'attribuer son prix de 1 million de dollars à Perelman. Cette institution alla jusqu'à changer les conditions d'attribution de son prix pour le lui décerner le 18 mars 2010.

Mais, rétif devant toute exhibition médiatique et mondaine, refusant tous les hochets honorifiques dont on voudrait le parer, on ne sait si Grigori Perelman acceptera de s'humilier devant le veau d'or en acceptant cette prépende !

En attendant, Grigori Perelman entre vivant au panthéon des hommes véritables, aux côtés de Diogène-le-cynique, Lucius Quinctius Cincinnatus, Richard Stallman et quelques autres génies probes, dont nous parlerons sans doute un jour.

Marc Schweizer 25/02/2010


 
 
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