Ancien berger, Adhémar Bordes est un homme simple. Un jour, nous sommes allés le voir dans sa ferme et nous avons accepté son hospitalité. Il nous a subjugués. Il ne soigne qu'une personne à la fois, par l'imposition des mains et la prière. Il n'a pas la prétention d'être "guérisseur" au sens où nous l'entendons. Et la Knésothérapie naturelle qu'il pratique spontanément, il ne l'a jamais apprise. C'est la thérapeutique millénaire des "pasteurs" de la grande transhumance, transmise de génération en génération depuis l'aube des temps. C'est aussi l'art ancestral des bergers tibétains qui donna naissance au massage chinois, à l'acupuncture et à la digipuncture.
TÉMOIGNAGE
Depuis des années je souffre d'une affection du système nerveux inconnue des médecins, voisine de la sclérose en plaques mais beaucoup plus douloureuse et aliénante.
Abandonnée par la médecine qui me trimballa de spécialiste en spécialiste et de clinique en hôpital après de multiples examens, - on ne me donnait en général pas plus de six mois à vivre dans des douleurs atroces -, je me mis à consulter guérisseurs et thérapeutes, mages et sorciers. Je me raccrochais à toutes les publicités des revues paramédicales, engloutissant mes maigres économies dans cette vaine quête d'une guérison de plus en plus problématique.
Le Docteur Joly, le généraliste qui me suit depuis l'enfance est un praticien dévoué qui souffre presque autant que moi à me voir dans cet état misérable. Honnête homme il avoue son impuissance. Il ne peut qu'adoucir mes souffrances en m'administrant des calmants. A chaque nouvelle découverte médicale touchant de près ou de loin à mon cas, il me recommande au spécialiste dont il espère qu'il trouvera la solution.
Il y a six mois de cela, totalement dépendante, insomniaque, d'une maigreur effrayante, le visage et le corps couverts de croûtes et de pustules qui me creusent les chairs, les jambes paralysées, le buste prisonnier d'un corset métallique, incontinente, désespérée, je me mis à collectionner les médicaments les plus puissants que je pouvais glaner ici et là, pour en finir une bonne fois pour toutes.
Un guérisseur un peu spécial
Un jour, lors de sa visite hebdomadaire, le Docteur Joly me demanda si j'accepterais de l'accompagner chez un guérisseur un peu spécial qui vivait en ermite et dans le plus grand dénuement, dans une vieille maison au fond des bois.Au point où j'en étais je n'avais plus rien à perdre.
Au jour dit, le Docteur Joly me transporta de ma chaise roulante dans sa voiture et me conduisit à deux cent kilomètres de notre petit bourg, dans une lointaine campagne.
A l'écart de tout nous découvrons une belle maison ancienne, close de hauts murs cernés par les bois. La lourde porte franchie nous nous retrouvons dans une cour pavée, bordée d'un jardin potager très bien cultivé, avec des fleurs partout, des arbres fruitiers, un vieux puits et un chien berger qui vient nous flairer sans agressivité.
Un homme d'un certain àge, grand, mince, noueux comme un cep de vigne, au teint hàlé, vêtu avec simplicité d'une sorte de robe de bure serrée à la taille par une ceinture de cuir nous accueille. Il a le regard d'un bleu intense et de belles mains soignées.
Les présentations faites, mon médecin me porte à l'intérieur de la demeure, dans une grande pièce aux murs de pierre. Sur un signe de notre hôte Adhémar Bordes, il m'allonge à même le plateau de bois d'une longue table de ferme. Dans l'immense cheminée, malgré la clémence de la saison, brûle une grosse bûche de chêne.
Adhémar Bordes se penche sur moi et, avec des gestes très doux il défait les boutons de mon gilet, entr'ouvre mon corsage, retire mon corset métallique et ma jupe, mes sous-vêtements et me met à nu.
Un regard perçant
Le regard perçant de ses magnifiques yeux bleus semble me fouiller jusqu'à l'os.
Resté à l'écart le Docteur Joly observe chaque geste du rebouteux et détourne la tête quand il me voit nue. Je sais, mon corps torturé avec ma peau couverte de plaies et de bubons doit être affreux à voir.
Avec un tact et une douceur infinie le guérisseur m'aide à me retourner, à m'allonger sur le ventre à même la table, sans prendre la peine de glisser un drap ou une couverture sous moi.
Pourtant je ne me plains pas d'être en contact direct avec le bois, c'est bien moins désagréable que les civières en plastique des hôpitaux, les plateaux métalliques des appareillages où j'ai traîné durant des heures!
Ma tête reposant sur mes bras repliés, je ferme les yeux.
Je sens alors les doigts de l'homme effleurer la base de mon cou et une délicieuse sensation de chaleur irradier mes épaules. Il s'est mis à me gratter, doucement, insidieusement, des deux mains et de tous ses ongles à la fois. Et ses doigts se déplacent lentement, décrivant des arabesques, évitant mes tumeurs, se promenant en faisant crisser agréablement ma peau sous leur corne enchanteresse. Tout mon être s'apaise, se détend sous la merveilleuse caresse et une sorte de bonheur inconnu s'insinue en moi au point que je voudrais que cela dure toujours. J'appréhende l'instant où ses mains s'éloigneront de mon corps, cesseront d'irriter mes pores de leurs bienfaisants attouchements.
Il y a des années que je ne me suis sentie aussi bien.
Les minutes passent, je n'ai plus mal nulle part, je ne pense à rien, je jouis de l'instant présent. Il y a des années que je ne me suis sentie aussi bien. Et, sans m'en apercevoir je glisse dans un sommeil d'enfant.
Lorsque je me réveille, je me trouve couchée bien au chaud sous un édredon de plumes, dans un vieux lit de bois aux rudes draps de lin qui sentent bon la lavande. Je ne sens plus mon corps. Mes douleurs ont disparu.
Le Docteur Joly et Adhémar Bordes conversent à demi-voix. Ils lèvent la tête dès qu'ils m'entendent remuer.
- Comment vous sentez-vous? me demande le Docteur.
- Merveilleusement bien!
- A la bonne heure. Mais il se fait tard, il nous faut rentrer maintenant.
- Si vous me la laissiez quelques jours? proposa le guérisseur.
Joly me consulta du regard.
- Oh oui! Je veux bien!
- Mais il vous faut une garde, une infirmière à demeure!
- Laissez cela! coupe Adhémar Bordes. Nous nous débrouillerons bien sans aide extérieure!
Je me sentais terriblement gênée.
Je n'osais le contrarier mais au fond de moi je me sentais terriblement gênée. Il ignorait toutes les conséquences de mon mal, l'incontinence, le besoin de piqûres calmantes, mes hurlements quand la douleur devenait insupportable, mes insomnies, l'incapacité de me mouvoir.
Le Docteur décida:
-Je reviendrai voir ma patiente après-demain si vous êtes d'accord M. Bordes?
- Vous venez quand vous voulez! Nous allons tirer votre protégée de là!
Le médecin parti je me sentis un peu seule, abandonnée. Mais je ne me plaignis pas. Le guérisseur me dit qu'il allait vaquer à ses affaires, scier du bois, traire ses chèvres, soigner ses lapins. Il déposa une petite cloche de bronze à mon chevet et me dit de la remuer si j'avais besoin de quelque chose.
Avant de partir, il prit mes poignets dans ses mains et les massa, gratta mon avant-bras jusqu'à la saignée du coude. Puis sans se soucier de ma pudeur, il souleva l'édredon et le drap, saisit mes pieds, malaxa les chevilles; de ses ongles ensorcelants il effleura mes jambes inertes, frotta mes genoux puis caressa mes cuisses très haut, rougissant ma peau, provoquant en moi une bienfaisante chaleur.
C'était bon.
Je me rendormis sous ses caresses.
Un besoin pressant
Quand je m'éveillai il faisait nuit. Je me sentis un petit besoin pressant. Sans réfléchir, je me redressai, m'assis sur le lit les pieds touchant le sol, surprise de ce que je puisse faire cela sans hurler de douleur. Très faible mais tout de même solide sur mes jambes ce qui était un miracle, j'ouvris la porte de la table de nuit où je pris le vase.
Je pus m'accroupir sur le pot de chambre et me soulager sans aide et cela me bouleversa.
Folle de joie je rangeai la faïence et regagnai mon lit.
Mes draps étaient jonchés de vilaines croûtes sèches que je balayai de la main.
Le soir je mangeai de bon appétit un morceau de pain noir et bus un verre de lait.
Avant de m'endormir Adhémar Bordes me gratta une fois encore de la tête aux pieds, avec la même patience et la même délicatesse.
Au bout du second jour j'allais déjà beaucoup mieux et je me levais durant deux ou trois heures. Trois fois par jour l'ermite me caressait de ses ongles durant un bon quart d'heure, sans prononcer une seule parole. Je n'eus recours à aucun calmant et je me sentais de mieux en mieux. Je dormais beaucoup et mangeais avec plaisir et appétit les nourritures frugales que je partageais avec mon hôte.
Lorsque le Docteur Joly revint et que je le reçus sur le seuil de la porte il ne me reconnut pas. J'étais souriante, détendue et toutes les vilaines plaies de ma figure s'étaient estompées.
Dix jours plus tard
Dix jours plus tard, lorsque je me regardai dans le miroir que j'avais prié le docteur de m'apporter car il n'y avait aucune glace dans la maison du guérisseur, je me contemplai avec stupeur comme si j'étais une autre.
Lorsque je quittai Adhémar Bordes je ne sus comment le remercier car il refusa tout argent de ma part. Sottement émue, je me mis à sangloter dans ses bras. Il me caressa les cheveux, promena ses doigts dans mon cou, fit crisser ses ongles magiques derrière mon oreille, irrita le lobe sensible, provoquant en moi une onde de jouissance et une folle envie de l'embrasser.
Il me repoussa doucement mais avec fermeté et après un dernier signe de la main il referma le lourd battant de la porte de sa demeure.
Mon départ fut comme un arrachement.
J'étais guérie et jamais je ne rechutai. Tous les médecins qui m'examinèrent ne surent que penser de cette guérison.
Jamais je n'oublierai les mains magiques d'Adhémar Bordes et la jouissance éprouvée lorsque ses ongles caressaient ma peau malade.
Sylvaine M. - Dijon
LE SAINT ET LES GUIGNOLS
Il y a un an, jour pour jour, après la parution du N° 1 de S.M. relatant une guérison miraculeuse pratiquée par un certain Adhémar Bordes, je vous écrivais une lettre désespérée. Je vous demandais simplement de me donner son adresse, mais j'ai dû m'y reprendre à trois fois avant que vous me répondiez par une fin de non recevoir. Il vous était soi-disant interdit de me procurer cette adresse! (Réponse du 15 juin!).
Abandonnée par les médecins, souffrant le martyre, vraiment au bout du rouleau, je vous ai récrit pour que vous transmettiez au moins mon appel au secours à M. Bordes. Ce qui fut fait, puisque je reçus un mot de lui le 21 septembre. Mais j'avais perdu beaucoup de temps! En effet, comme je ne recevais pas de réponse, je relevai des adresses d'autres thérapeutes dans votre carnet d'adresses ou vos petites annonces ainsi que dans les publicités d'autres revues. Là, ma vie qui déjà n'était pas rose, se révéla bien vite un enfer. Je tombai sur de beaux parleurs avides, faisant payer leurs boniments et leurs passes magnétiques (non remboursées par la sécurité sociale) au prix d'un spécialiste. Vous me direz que je n'étais pas obligée d'aller les voir! Mais quand les médecins vous disent qu'ils ne savent pas, qu'ils ne peuvent plus rien, que c'est tout juste s'ils ne me congédiaient pas en prétendant que j'affabulais, que j'étais un peu folle, que mes douleurs étaient imaginaires... qu'auriez vous fait à ma place?
Le premier guérisseur
Le premier guérisseur qui me reçut à Paris me prit 1600 francs en quatre séances. Après un premier examen au pendule, il m'expliqua que j'étais sujette à des crises de spasmophilie et qu'il allait me traiter par le magnétisme et l'hypnose.
Dès ma seconde visite, il m'endormit et je perdis vraiment toute notion des choses. Au réveil je ne me souvins de rien mais je me sentais un peu mieux. Cela ne dura pas plus d'un quart d'heure, car déjà dans la rue, en quittant le cabinet du guérisseur, j'avais mal au coeur et une forte migraine. Le lendemain, j'étais plus mal qu'avant. J'allai le revoir deux fois encore, puis j'abandonnai, ne sentant aucun soulagement durable. Dans son antichambre, pleine de clients, j'avais fait la connaissance d'une femme très élégante, qui, lorsque je lui confiai mon scepticisme, m'indiqua un super thaumaturge tzigane, qui soignait les cas désespérés comme le mien. Au point où j'en étais, je me laissai tenter et obtins un rendez-vous de cet empirique. Il me reçut dans une caravane garée près du champ de courses d'Auteuil. Djzingo avait des yeux splendides, des dents de carnassier, un accent bizarre et des mains étranges, déformées, presque monstrueuses.
Il me demanda de me déshabiller
Le cheveu en bataille, la moustache conquérante il me fixa jusqu'à me mettre mal à l'aise. Puis de sa voix rauque, il me demanda de me déshabiller. J'obéis comme un automate.
Il me fit allonger sur une sorte de canapé douteux recouvert d'un drap blanc, emprisonna mes poignets et mes chevilles dans des bracelets de cuir et, penché au-dessus de moi, il se livra à des passes magnétiques.
Il me répétait: "Tu vas dormir... Tu dors... dors... Il me massa les épaules et la nuque avant d'appliquer ses paumes à plat sur différentes parties de mon corps. Je ressentais une douce chaleur irradier de ses mains. Mais, même si je faisais semblant, si je fermais les yeux, à aucun moment je ne perdis conscience et restai lucide. Quand je sentis ses doigts devenir indiscrets, je fus prise de panique. Je me débattis sur ma couche et me mis à crier. Mais j'étais entravée comme une bête. Il se rajusta, me calma en prétendant que j'étais guérie et me demanda 500 F. J'eus la bêtise de les lui donner, mais j'avais tellement envie qu'il me laisse tranquille... Une fois debout, rhabillée, je me sentais mieux. Il faut dire que le Manouche était fascinant.
En sortant de chez lui
En sortant de chez lui je regrettais déjà de ne pas l'avoir laissé aller jusqu'au bout! Il émanait de lui une sorte de magnétisme animal. Durant quelques minutes, je crus au miracle.
J'étais si bien! Mais cela ne dura pas, en descendant les marches accédant à la station de métro, je ressentis mes douleurs revenir au galop.
J'allai encore voir le Père T. dont je relevai l'adresse dans une revue, un prêtre défroqué très gentil mais totalement inefficace, puis le célèbre G. dont j'avais admiré le bagoût dans l'émission de Patrice de Chavannes "Ciel mon Mardi". Là, quel cinéma! Je ne vous dis pas! Quel metteur en scène prodigieux! Et quelle présence! Mais à quel prix! Tout cela en vain! Mon mal sournois me rongeait toujours physiquement et moralement et mes douleurs étaient atroces. Je ne savais plus que faire, j'étais vraiment désespérée, lorsque la lettre d'A.B. arriva.
Je demandai à une amie
Il me demandait de me faire accompagner par mon médecin ce qui n'était pas possible! Le jour dit, je demandai à une amie qui possédait une voiture d'avoir la gentillesse de m'y conduire. Après un voyage pénible, sous la pluie, et après nous être égarées deux fois, nous arrivons enfin dans cette maison perdue au fond des bois en qui je mettais tout mon espoir. Or quelle désillusion! D'après la description de Mme Sylvaine de Dijon, je m'attendais à trouver une sorte de saint homme vivant dans un chàteau, alors que nous découvrons avec mon amie, une fois le portail rouillé et grinçant ouvert avec peine, un vieillard d'une maigreur effrayante devant un vieux corps de ferme tombant en ruines. Dans la demeure ce n'est guère mieux. Nous nous retrouvons dans un taudis sans électricité ni eau courante. Il est vrai qu'un feu brûle dans la cheminée et que cet ermite nous reçoit avec une simplicité bienveillante d'un autre àge.
Je me sentis prise d'un doute
Devant la rusticité de l'endroit, je me sentis prise d'un doute affreux. Ce n'était pas possible de guérir ici dans cet antre sans confort. Une fois de plus, je m'étais fourvoyée. D'ailleurs je sentais chez mon amie, plutôt bourgeoise, une sorte de reproche moqueur de l'avoir entraînée dans cette aventure sordide.
Mais, lorsque, après nous avoir restaurées d'un verre de lait de chèvre, notre hôte me prie de m'allonger sur la vieille table de bois, j'obéis d'instinct, sans réfléchir.
Par discrétion mon amie veut se retirer. M. Bordes lui dit qu'elle peut rester, ce qu'elle fait à contre coeur. Je la sens dégoûtée, prête à fuir!
Lorsqu'il m'eut dévêtue avec des gestes très doux et que ses yeux d'un bleu intense plongèrent au fond des miens, que ses doigts se promenèrent sur ma peau, je sentis fondre toutes mes préventions. Un bien-être étrange irradia dans tout mon corps quand ses ongles se mirent à me gratter tout doucement, partout à la fois, des épaules à la plante des pieds.
Cette première séance fut trop courte et lorsque M. Bordes me dit que je pouvais me rhabiller, je fus presque déçue qu'il ait terminé.
Quand l'homme me proposa de rester et me montra la chambre monacale qu'il me destinait, mon amie me chuchota:
- Tu es folle d'accepter ça! Si tu veux vraiment revenir, installe-toi au moins à l'hôtel! En tout cas moi je repars ce soir!
J'acceptai son hospitalité
J'acceptai l'hospitalité frugale du thérapeute et m'en trouvai bien. Je restai un mois chez lui à vivre de lait de chèvre, de petits fromages qu'il préparait lui-même, de légumes et de fruits de son jardin. Il n'y avait pas d'autre malade que moi, et durant tout mon séjour, mon hôte ne reçut que trois visites de personnes qu'il avait soignées et qui lui apportaient des dons en nature.
Trois fois par jour, parfois davantage, Adhémar Bordes me grattait tout le corps de ses ongles magiques.
Il n'avait ni radio ni télévision
Il n'avait ni radio ni télévision. Il travaillait à son jardin, soignait ses arbres et ses bêtes, lisait et priait. Il préparait lui-même son pain et les aliments et refusa fermement mon aide. Dès que j'allai mieux, je me mis à faire du ménage en cachette, nettoyant à fond les pièces les unes après les autres, sans que jamais il ne me fît une remarque à ce sujet.
Nous parlions peu, n'échangeant que les mots strictement nécessaires. Il ne me demandait jamais comment je me sentais. Mais, avant chaque repas, il priait, debout, à haute voix, avec ferveur.
Chaque fois que je voulais l'entreprendre sur un sujet, il me regardait simplement de ses yeux extraordinaires et je n'instais pas, sentant tout bavardage incongru. Peu à peu, moi qui étais parfaitement incroyante, je sentis monter en moi le besoin de prier.
Au bout de la quatrième semaine, mon hôte me dit que j'étais guérie et, sortant une vieille traction Citroën de sa grange, il me conduisit à la gare la plus proche où je pris le T.G.V.
Le retour à la vie trépidante de Paris me parut irréel. Bien que tout à fait guérie, heureuse et bien dans ma peau, je gardais une pointe de nostalgie pour la vie simple, du temps immobile et de l'exemple fascinant de la sainteté que je venais de côtoyer.
Je comprends mieux maintenant pourquoi il n'est pas possible de divulguer l'adresse de M. Bordes. L'affluence des badauds ou la simple curiosité troubleraient à jamais le rythme admirable de cette vie exemplaire. C'est un saint.
Marie-Anne R. Paris
Avez-vous lu :
ALOÈS LA PLANTE QUI GUÉRIT
de Marc Schweizer
Un livre passionnant sur une plante magique.