L'homme qui prend le mal
Je lègue ma tuberculose au vieux poirier
La mort du vieux chêne

QUESTION :

Dans un des derniers numéros de Science et Magie vous rapportez le témoignage de Mme Delporte sur "l'Arbre qui guérit". Quand j'ai fait lire cet article à des amis étudiants ils se sont moqués de moi. Un étudiant en médecine m'a dit que j'étais complètement idiote de croire à ces choses-là. Pourtant, tout au fond de moi, j'ai l'intuition que c'est possible. Pouvez-vous me dire si le «transfert» d'une maladie sur une plante, un arbre ou un animal, ça existe vraiment? Et de me dire comment ça marche, afin que je cloue le bec à tous ces prétentieux. Katia - Corbeil
 
 
Le «transfert» d'une maladie sur une plante ou un animal fait partie de la magie opératoire. Comme la plupart des pratiques occultes, il fait nécessairement appel à la foi du malade, à son fonds culturel inconscient, ou comme le pensait Jung, à notre inconscient collectif. Le Dr Vladimir Igatiev qui a beaucoup étudié les pratiques magiques des sorciers et des chamanes de l'ancienne URSS, affirme que la foi absolue dans une personne, dans son pouvoir, l'extase mystique, l'amour fou, sécrètent dans le corps de l'homme des enzymes inconnues, des énergies dont l'action bénéfique (ou maléfique) a été constatée dans des milliers de cas.
C'est pourquoi le rituel, les chants, les paroles, les gestes, les fumigations ont une grande importance dans l'opération magique. La prière, le cérémonial, la musique, le rite, en provoquant une émotion intense chez le sujet, parviennent à le déconnecter avec la réalité objective en le projetant dans un autre plan, où les lois de la physique terrestre n'ont plus cours. 
Là ce sont la foi et d'autres forces inconnues qui tiennent lieu de réalité.
Plongé dans cette réalité différente, le cerveau du sujet peut, par une savante alchimie, provoquer une transformation chimique dans le corps physique. 
Voilà probablement en gros comment cela fonctionne. Mais les réussites sont rares et aléatoires. Les Mages sérieux reconnaissent qu'ils n'ont de guérison complète à leur actif qu'après de nombreux essais, et qu'ils obtiennent une seule amélioration sensible sur vingt transferts. Heureusement pour nos forêts, car si, à chaque essai un arbre mourait, quelle hécatombe !



TÉMOIGNAGES

L'HOMME QUI PREND LE MAL

Chapo

Dans les sociétés primitives existait le bouc émissaire, l'homme qui prenait sur lui les péchés ou les fautes de toute la société. Chez certaines peuplades d'Afrique, ce phénomène survit, et l'on rencontre encore ici et là, dans des régions retirées, à l'écart de la civilisation, ces hommes à l'aspect horrible, repoussant, qui captent le mal de leurs congénères, le prennent sur eux, en souffrent dans leur chair. Il nous paraissait incroyable qu'il en existe en France. Or, nous en avons retrouvé un en plein Paris. 
Depuis des mois j'observe avec curiosité le manège insolite d'un être à la fois pathétique et disgracieux qui s'installe sous une porte cochère les jours de pluie, ou sur un banc public quand il fait beau. Est-il homme, femme, adolescent ? Je l'ignore. Il semble hors-d'âge et sans sexe. Chaque jour des personnes bien mises, visiblement à l'aise, ? en majorité des femmes, ? s'approchent de lui, parfois avec un enfant, et vont lui toucher la tête. Après quoi, sans un mot, elles lui glissent discrètement dans la main, quelques pièces ou un billet de banque.
Cet être sans âge, il peut avoir de 18 à 40 ans, tout en rondeurs, avec une grosse tête d'hydrocéphale sous un casque de cheveux gris, le visage aux joues lisses, les yeux globuleux voilés de blanc affligés d'un strabisme divergent, un peu difforme, mais pas du tout repoussant, au contraire, fascinant, m'intrigue.
Les passants indifférents ne le voient même pas, ou l'évitent le prenant pour un clochard ou un mendiant. Je ne l'ai jamais vu faire un geste pour demander une aumône, mais à chaque fois que je passe devant lui je croise son regard énigmatique, chargé, attachant, qui me touche et me bouleverse.
Je l'ai observé durant des heures. Je ne lui ai jamais glissé de pièce : je n'ose pas ! 
Mais un jour, j'ai demandé au marchand de journaux installé non loin de là dans son kiosque, s'il savait qui était cet être étrange et pourquoi ces inconnus venaient le toucher.
- Ah! ne m'en parlez pas ! Ce sont tous des cinglés !
- Mais encore ?
- Figurez-vous qu'il y a des branques qui pensent que ce clodo leur prend la maladie !
- Comment cela, prend la maladie, je ne comprends pas ?
- Mais si, voyons, c'est des malades, ils ont le cancer, le sida, ou une autre maladie grave, et ils croient qu'on peut transférer son mal ! Ils espèrent qu'en touchant ce type leur maladie les quittera pour aller se réfugier dans cet être immonde ! Ça peut paraître fou, mais il y en a de plus en plus de ces cinglés ! Regardez cette vieille qui s'approche avec son enfant couvert de pustules ! Regardez bien son manège !
Je vois cette femme s'approcher du personnage, et, saisissant d'une main le poignet de l'enfant qu'elle tient fermement de l'autre, elle la pose sur la tête du preneur de maladie. Le gamin a un geste de recul, il semble avoir peur, mais la vieille le tient d'une main ferme. Cela dure quelques secondes. Puis, avant de s'éloigner, la femme glisse un billet de cent francs dans la main du clochard.
Un autre jour, je vois une belle voiture aux plaques CD s'arrêter et stationner en double file. Il en descend un Noir tiré à quatre épingles, accompagné de ce qui semble être son secrétaire. Les deux hommes se dirigent vers le guérisseur et le plus âgé, sans un mot, pose sa main sur la tête de l'étrange personnage. 
A la fois intrigué et fasciné, un soir  je suivis ce type qui s'en allait clopinant, tenant d'une main un coussin, de l'autre un grand sac plastique.
Il se dirigea vers Neuilly, sans se retourner, s'arrêta longuement devant la terrasse d'un fleuriste. Je ne le quittai pas des yeux. Mais tout à coup, il n'était plus là. Il s'était littéralement volatilisé sous mes yeux. Cela peut paraître fou, mais c'est comme ça.
Pourtant, le lendemain, le type était à nouveau à son poste et, par trois fois, des gens s'approchèrent de lui pour lui toucher la tête ! J'ai tenté de savoir où il habitait, mais à chaque fois je l'ai perdu de vue, au même endroit.
Autrefois, à la campagne, on touchait ainsi la bosse du bossu du village. Cela portait chance et on prétendait que cela guérissait...
Mais tout de même, voir aujourd'hui une scène pareille, en plein Paris, n'est-ce pas stupéfiant ?
 
J. LM. Paris

JE LÈGUE MA TUBERCULOSE AU VIEUX POIRIER


A propos de l'étrange phénomène de transfert d'une maladie à une plante ou à un arbre, je voudrais témoigner d'une expérience personnelle, tout à fait extraordinaire. Bien que je demeure à l'écoute sans parti pris et l'esprit ouvert, sans préjugés, mon scepticisme à l'égard des phénomènes occultes reste profond. Pourtant, certains événements bizarres survenus dans ma vie m'ont laissé muet d'étonnement et incapable d'en donner une explication rationnelle. La guérison de ma tuberculose fait partie de ces mystères.
 

Fraîchement démobilisé en 1945, j'entre à pieds joints dans le monde carcéral du prolétariat sous la direction de mon père, directeur technique dans une usine de traitement du caoutchouc régénéré. Mon emploi : ouvrier mélangeur, l'une des plus rebutantes spécialités du métier de coutchoutier.
Pendant des mois longs comme des années, je passerai dix à douze heures par jour devant une machine à broyer, malaxer, couper des tonnes de caoutchouc naturel, régénéré et synthétique. J'assurerai des centaines d'heures supplémentaires. Pour arrondir mes économies, je travaillai comme jardinier lors des week-ends et des congés payés. Mon salaire et mes extras seront comptabilisés soigneusement par ma mère afin que je puisse acheter, un jour lointain, une caméra portable pour reporter d'actualités cinématographiques, profession que j'espère exercer un jour.
Un matin, un camion de la sécurité sociale stoppe dans la cour de l'entreprise. Radiographie systématique du personnel pour dépistage de la tuberculose.

Tuberculose

- Vous êtes tubard, mon vieux, m'apprend le médecin. Caverne sous-claviculaire au poumon gauche. Hospitalisation immédiate.
Neuf mois d'enfermement à l'Hôpital Cochin.
Pneumothorax... Section de brides... hydropneumothorax... liquide citrin... purulent... staphylocoques dorés, bacilles de Koch... purée de pois... coeur de travers... médiastin à la godille... diaphragme affaissé... piqûres intra-pleurales de streptomycine, de thyrotricine... ponctions... injections intra-pleurales d'antibiotiques, de bleu de méthylène... lavage de plèvres... colapsus... soixante-sept litres de pus additionnés de sérum physiologique injectés puis ponctionnés... Poids record : 47 kilos. Vingt-cinq kilos envolés en moins de trois mois.
Bien que miné par une fièvre constante, j'assure quotidiennement une séance de shadow-boxing en me rasant, en me lavant seul, en faisant mon lit sans aucune aide.
Un combat à mort contre la camarde. Groggy, mais jamais k-o. Je me retrouvais finalement chez moi après neuf mois de lutte pour reprendre un peu de poids afin de subir une thoracoplaxie en bonne condition physique (médecin dixit). Une mutilation à vie si je dois m'en sortir. Envolée, la possibilité de faire carrière comme reporter-cinéaste. J'ai le moral au zéro absolu.
C'est là que ma mère intervint. Qui décida de me guérir par magie.

Ma mère est une sorcière

Il faut dire que ma mère était une femme étrange. Très croyante, elle ne réservait pourtant pas toutes les certitudes de sa foi au seul Dieu de l'Église. Un peu sorcière, elle connaissait les plantes qui guérissent, nouait des relations avec des entités, entretenait des rapports étroits avec quelques esprits qu'elle évoquait sans problèmes.
Malgré mes expériences déjà vécues en famille et mes connaissances théoriques en la matière, je dois reconnaître que la décision de me guérir par magie ne souleva en moi aucun enthousiasme. Je ne pouvais nier le pouvoir de certaines forces dites surnaturelles, mais de là à croire que j'échapperais à la thoracoplaxie à la suite d'un rituel magique, il y avait un sérieux précipice à franchir !
Cependant, ayant atteint le point de non-retour, n'ayant plus rien à perdre, je me soumis à la bonne volonté maternelle.
- Je réussirai parce que j'ai la Foi, m'assura ma mère qui, à la fois mystique et fervente d'occultisme, jonglait avec aisance et d'une manière peu orthodoxe avec grimoires et livres pieux.
Il serait trop long de conter, en détail, le long cérémonial auquel je dus me plier. Un cérémonial enveloppé d'incantations, de prières, de supplications adressées à la fois aux entités du ciel et de l'enfer !
Ma mère-magicienne fit une curieuse préparation : elle malaxa de la terre de cimetière avec de l'eau bénite venue de Lourdes, ajouta à ce mélange quelques molécules émanant de ma personne : urine, sang, sueur, crachats, cheveux, morceaux d'ongles. Ce singulier et nauséeux amalgame fut enveloppé dans un morceau de soie noire et enterré au pied d'un vieux poirier par une nuit de pleine lune.
La ferveur, le sérieux, l'acharnement de ma mère, transformée en sorcière de film d'épouvante, m'empêchèrent de ricaner. Mieux ! Je me laissai prendre au jeu et chaque jour, comme l'exigea, impérativement, ma grande prêtresse de mère, j'allai me planter devant l'arbre pour lui commander d'absorber mon mal et de mourir à ma place !
Finalement, envoûté par ce rituel que n'auraient pas désavoué les Max Brothers, j'imaginai que ce que nous avions enterré au pied du poirier rongeait ses racines, les décomposait, transformait sa sève en purin imprégné de mes bacilles de Koch, grimpait le long de son tronc, se glissait sournoisement dans ses branches, ses feuilles et enfin dans ses minuscules poires vertes qui, un matin... jonchèrent le sol.

Le poirier a pris mon mal

Devant cet incroyable spectacle, je sentis mon coeur bondir d'émotion dans ma poitrine blessée et je titubai, au bord de l'évanouissement. 
Ainsi ça avait marché ! Le poirier était tubard !
Dans la quinzaine qui suivit, les feuilles jaunirent et tombèrent. Noirâtres, huileuses. Alors qu'à quelques mètres un autre poirier étendait ses branches vigoureuses, sous une frondaison de feuilles saines. Normal.
Quant à moi, je me sentais magnifiquement bien.
J'attendis à la fois avec impatience et crainte, la visite de routine à l'hôpital m'étant imposée chaque mois.
- Incompréhensible ! s'exclama l'interne de service. Ton pouvoir respire... il est souple... il va reprendre sa place. Un vrai miracle !
De crainte de passer pour un fou, je me gardai bien de lui révéler la vérité, cette parcelle de réalité magique orchestrée par ma mère.
Un miracle ? Peut-être. Car il s'agissait bien d'un fait dont la cause échappait à la raison ; un phénomène inexplicable, extraordinaire, supra-normal. Je ne m'expliquais pas très bien comment et par quelle voie mystérieuse la focalisation sur l'arbre du peu d'énergie vitale dont je disposais encore avait pu opérer le transfert de ma maladie.  Une énergie décuplée par la rage du désespoir et les encouragements de ma mère.
Par quelle secrète alchimie mon cerveau avait-il réussi à provoquer un sursaut de mon organisme blessé à mort et de le ramener à la santé ?
Lorsqu'on est passé par là, notre regard sur le mécanisme de la vie n'est plus tout à fait le même.
Je devais reconnaître que sans l'intervention de ma mère, sans ce rituel loufoque qu'elle m'avait imposé, sans cette ambiance étrange, déraisonnable, insensée dans laquelle ce cérémonial m'avait plongé tout entier, je n'aurais peut-être jamais eu la force, l'opiniâtreté de lutter sans faiblir.  Roland Bonnet
         FOI
MAGIE  =      ----------------  +  X
           VOLONTÉ
 
 

Témoignage: Transfert magique.

LA MORT DU VIEUX CHENE

Je me souviens que mon oncle, nous racontait, qu'étant jeune curé, frais émoulu du séminaire, il ne croyait guère au diable et vitupérait les procès de sorcellerie de jadis.
- Maintenant, disait-il, je suis beaucoup plus réservé car dans notre ministère, on voit bien des faits étranges, allez!"
Il ne croyait plus que les magistrats du XVIIe siècle, tel un Nicolas Rémy, avaient condamné et fait brûler les sorcières à la légère. Il estimait que ce qu'on leur reprochait, c'étaient bien des crimes de droit commun. 
Car il a vu des faits, l'oncle Bernard. Même dans sa famille.
Fils de fermiers, il avait dix ans, lorsque une de leurs vaches eut le charbon. Sa mère lui dit:
- Va chez l'oncle Arthur (un peu rebouteux et qui guérissait en secret hommes et bêtes), et dis-lui que la vache est tombée sur la litière.
Il y courut.
- Bon, dit l'oncle, comment qu'elle se nomme?
- Fifine!
- Et quelle couleur qu'elle a?
- Noire et blanche... 
Les mains jointes, il  marmonna quelques paroles incompréhensibles, puis prit le futur curé par le bras:
- Ta vache est guérie, mon garçon, allons déjeuner.
A la même heure, la Fifine qui râlait sur sa litière, se leva et recommençait à manger.
L'oncle Arthur raccompagna son neveu à la ferme. A table, le père dit à son frère:
- Mais dis? moi, le mal qu'elle a la Fifine, où donc que tu le portes?
- Ailleurs, pour sûr.
- Mais où crénom?
- Sur une autre bête dans la forêt pardi.
- Alors tu pourrais aussi bien l'envoyer sur un homme?
- Bien sûr et il en mourrait.
Le père secoua la tête incrédule. Ils firent un pari et l'oncle Arthur dit que, la prochaine fois, pour le convaincre, il enverrait le mal d'une bête malade sur un chêne de la forêt.
Quinze jours après, un cheval des Muller fut atteint d'un mal inconnu et condamné par le vétérinaire. Ils firent appel à l'oncle Arthur qui alla voir son frère pour lui rappeler leur pari. Le cheval fut guéri, mais dans la forêt ils virent le chêne fort mal en point. Le feuillage avait séché. L'arbre  dépérissait visiblement. Ils eurent beau l'examiner ils n'y virent aucune blessure secrète, aucun trou suspect. A la Noël il était mort.
L'oncle Arthur, qui venait de gagner son pari, expliquait encore que ce qui dissuade ceux qui jettent des sorts, c'est qu'on peut les renvoyer sur eux.
         G. A.  Epinal

 

Il s'agit-là d'une guérison magique assez commune, telle qu'elle est encore pratiquée par quelques sorciers de nos campagnes. Le mage transfère le mal de la personne ou de l'animal envoûté sur un émissaire extérieur, par une série d'opérations occultes qui varient selon les provinces ou les pays. Plusieurs témoignages de nos lecteurs relatent des expériences de ce type.
 

Marc Schweizer 1990

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 Travail occulte

LE TRANSFERT MAGIQUE
 


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