Le courrier de Science & Magie, nous apporte chaque semaine couriels et lettres émanant de personnes blessées par la trahison d'un ami ou d'une amie, la fugue ou la fuite d'un conjoint. Nous recevons également les confidences pathétiques de personnes abandonnées par un être cher ou ne répondant plus à leur amour. Ces inconnu(e)s nous demandant ce qu'ils ou elles peuvent faire pour être aimées en retour par l'être qu'elles chérissent et reconquérir son affection.

D'autres correspondants exigent que nous leur communiquions une recette pour forcer, contraindre à l'amour un être qu'ils convoitent ou qui leur échappe à leur emprise.

Ces lettres sont pour la plupart sincères et représentent souvent un véritable appel au secours.

Ce genre de situation rend les personnes éconduites, trahies ou abandonnées très vulnérables aux propos alléchants de certaines publicités promettant le retour de l'être aimé grâce à la magie, à la sorcellerie, à des travaux occultes.

Qu'en est-il réellement ? Est-il possible de forcer un être à vous aimer s'il n'y a pas d'attirance spontanée ?

Est-il possible de faire "rentrer de force" au bercail, un mari ou une femme volage ?

Existe-t-il des mages, des sorciers, des praticiens aux pouvoirs réels capables d'agir avec succès à distance sur autrui, à contraindre l'être que vous aimez à vous aimer en retour ?

Les philtres, les parfums d'attirance, les pantacles, les bains rituels, les cérémonies magiques agissent-ils vraiment ?

A travers des témoignages, nous allons tenter de comprendre ce phénomène de société d'une actualité criante, et essayer d'apporter une réponse cohérente existe-t-il une formule magique ?

Depuis des années que nous recevons les confidences intimes de lectrices et de lecteurs confrontés à ce genre de problèmes, j'avoue n'avoir découvert que très peu de praticiens possédant un savoir-faire, un secret ou une formule magique assez efficaces pour les résoudre.

J'ai rencontré des dizaines de beaux parleurs, de jolies sorcières séduisantes en paroles, de vieux mages aux propos persuasifs. Mais pas un "homme de pouvoir", pas une seule "fée humaine".

Il existe en France des milliers de professionnels ayant pignon sur rue et qui occupent activement ce très juteux créneau, promettant l'amour, le retour de l'être aimé, le grand amour grâce à des opérations magiques, des travaux occultes, des philtres, etc.

Or, sur les milliers de personnes qui ont eu recours à ces pratiques, je n'ai pas rencontré souvent de consultants satisfaits par les opérations de ces sorciers, et marabouts.

Par contre, j'ai écouté et enregistré les récits pathétiques de personnes écrasées, malmenées, traumatisées, par les manigances honteuses de charlatans sans scrupules qui les ont volées, escroquées, spoliées, sans aucun résultat !

J'ai consulté personnellement avec mes amis, de nombreux praticiens annonçant dans leurs publicités parues dans des médias connus (dont Science & Magie), qu'ils pouvaient ramener l'être aimé au foyer, obliger la personne convoitée à vous aimer, etc.

Pour cette enquête, plusieurs lecteurs de Science & Magie ayant un problème de cet ordre, ont accepté de jouer le jeu et sacrifié plus de 30 000 euros F de leur poche pour voir le jeu...

Nous avons découvert une jungle aux pratiques étonnantes, parfois scandaleuses, avec ici et là quelques rares êtres bons, sincères et efficaces, îlots de pureté sur un océan de boue. Alors chers amis, soyez prudents si vous tentez l'aventure de la Magie, vous êtes prévenus.

 

Une magicienne témoigne

C'est en Algérie que j'ai appris mon métier. Dans ma famille, les femmes étaient toutes un peu sorcières et prodiguaient leur savoir de mère à fille, de tante à nièce, de grand-mère à petite fille.

Je me souviens, dans le douar où je grandis, c'était de très loin à la ronde que l'on venait consulter ma grand-mère les jours de marché.

En l'absence des hommes, même des gamins, occupés à la terre ou à l'étal, les femmes se réunissaient dans la chambre de l'aïeule et ma grand-mère tirait les cartes, opérait le test du plomb fondu, piquait le doigt des consultantes et examinait les formes étranges que prenait le sang qui gouttait dans la coupelle d'huile d'olive.

Il y avait aussi des cérémonies mystérieuses au cours desquelles des femmes amenaient des linges souillés de sang menstruel ou de sperme, des poules noires, des colombes blanches, des crapauds, des lézards, des scorpions ou des serpents vivants que l'on sacrifiait, des coeurs d'animaux que l'on piquait...

Toute jeune déjà, j'étais passionnée par ces pratiques que je refaisais en cachette avec mes amies dans une cabane de bambous que nous avions construite dans la palmeraie.

L'opération magique qui me fascinait le plus c'était celle au cours de laquelle ma grand-mère prélevait le coeur vivant d'un oiseau et l'échangeait avec celui d'un autre. Lorsque les deux volatiles s'envolaient vers l'oasis, elle disait que "ces deux-là s'aimeraient toujours".

Mais lorsque l'un d'eux tombait, c'était signe de séparation.
Si les deux oiseaux chutaient, c'était signe de deuil, de haine, de mort affective.

Ma grand-mère connaissait les plantes et leurs vertus. Elle confectionnait des philtres d'amour, de fidélité ou de courage, dont elle affirmait qu'ils étaient irrésistibles.

Elle élevait secrètement des rats musqués dont elle prélevait le musc des glandes pour composer des parfums d'amour.

Je me souviens encore comment elle transforma en fort en thème un de mes cousins qui était toujours le dernier de la classe, dans toutes les matières.

Elle enferma dans un bocal un crapaud, un scorpion, un aspic des sables, des fourmis rouges et une grosse araignée velue. Les animaux se battirent avec acharnement, se mutilèrent et s'entredévorèrent jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Au bout de quelques jours, seules survécurent quelques centaines de fourmis que ma grand-mère broya dans un mortier avant d'en diluer les restes dans du vin de palme.

Elle fit boire cette mixture à mon cousin qui, en quelques mois, se transforma complètement, devint l'un des meilleurs élèves de sa classe.

Un enseignant, constatant son intelligence, le fit admettre dans un lycée d'Alger bien que notre famille fût pauvre. Il y acheva ses études secondaires bon premier, puis obtint une bourse afin de poursuivre ses études dans une grande école française.

Aujourd'hui c'est un caïd, il est ingénieur des pétroles, possède une villa de rêve, de belles voitures et voyage dans le monde entier. Il a trois femmes, de nombreuses maîtresses, et dix-huit enfants.

Ma grand-mère confectionnait aussi, selon le même système, un philtre très efficace pour séduire l'homme ou la femme dont ses clientes désiraient obtenir les faveurs.

Estrellia, magicienne