Cet Anglais, bricoleur de génie, débuta sa carrière comme apprenti horloger. Durant ses loisirs il inventait toutes sortes d'appareils, notamment un fil à couper le beurre et le fromage, s'inspirant du filin d'acier mobile des carriers. Londres lui doit l'instauration des toilettes publiques payantes, munies d'une poignée d'accès exigeant l'introduction d'une pièce d'un penny. D'où l'expression "to go spend a penny" (aller pisser). Il fabriqua également la première machine à écrire anglaise (1889), qui se différenciait des autres par l'élégance de ses caractères proches de ceux de l'imprimerie.Il déposa plus de 40 brevets dans différents domaines, notamment la signalisation ferroviaire ou la télégraphie.
Il s'intéressa à la magie, au spiritisme, à la voyance, à la médiumnité, dont il parvint à déceler les supercheries et dont il démonta les trucages.Il effectua un stage auprès des frères Davenport, médiums et spirites célèbres, observant attentivement leurs méthodes de travail. En 1965, Maskelyne démasqua leurs pratiques frauduleuses, démontrant publiquement que leur prétendu pouvoir miraculeux n'était que de l'illusionnisme.
Ayant reconstitué avec son ami Alfred Cooke leur fameux "cabinet magique", il présenta lui-même en scène leurs numéros, tout en expliquant les subterfuges utilisés.Le scandale de cette démonstration contraignit les deux charlatans à se reconvertir en illusionnistes de foire.
En 1873, Maskelyne fonda dans l'Egyptian Hall de Londres, avec son compère George Alfred Cooke (1843-1926), son propre théâtre où il produisit des numéros époustouflants, révolutionnant l'illusionnisme en tant qu'art de scène.
Il parvenait à escamoter des personnes enfermées dans des caisses clouées, disparaître des objets sous les yeux des spectateurs ou à faire léviter à travers un cercle de feu des volontaires choisis au hasard dans la salle.La fascination qu'exerça Maskelyne inspira d'autres illusionnistes célèbres comme David Devant, ou plus tard Georges Méliès, pionnier du cinéma.
En 1896, Maskelyne fut l'un des tout premiers artistes à être filmé, non pas en tant qu'illusionniste mais comme jongleur.
A la mort de Cooke en 1904, David Devant (1868-1941) prit la relève aux côtés de son maître.
Bien qu'il mît en doute l'explication magique des exhibitions des fakirs hindous grimpeurs de corde lancée dans le vide ou de l'époustouflant numéro de lévitation de Daniel Dunglas Home, Maskelyne ne parvint ni à les expliquer ni à les refaire. D'ailleurs, le secret en a-t-il jamais été éventé ?En 1894, son livre Sharps and Flats dévoilant les trucs utilisés par les tricheurs dans les jeux de hasard ou d'adresse, connut un immense succès.
Dans son Journal d'un Attaché d'Ambassade, Paul Morand qui l'avait rencontré à Londres, écrit en 1917 :« M. J.-N. Maskelyne vient de mourir à soixante-dix-huit ans. C'était une des figures intéressantes de Londres et la terreur des spirites.
Né en 1839, il avait débuté à seize ans comme apprenti chez un horloger et avait montré aussitôt d'extraordinaires aptitudes en mécanique. La princesse de Polignac l'a bien connu. Un jour, dit-elle, un client de son patron lui apporta un curieux petit appareil à réparer, sans lui dire à quoi il servait. Quand le propriétaire revint, Maskelyne lui remit une note: «Pour réparation d'un appareil de table frappeuse 1 shilling 9 pence.» Le client ne revint jamais dans la boutique.
« En 1865 Maskelyne démasqua les frères Davenport. Peu d'années après il se fixa à Londres, où il établit, à l'Egyptian Hall, son England's Home of Mystery. Il le transféra ensuite à Saint-George Hall où il existe encore; il avait fabriqué un automate extraordinaire, «Psygho», qui jouait au whist et y était imbattable. Cet automate a joué quatre cents parties sans un accroc.Maskelyne détestait, disait-il, voir duper les gens et c'est pour cela qu'il trouvait son plaisir à confondre les imposteurs spirites. Le plus curieux, c'est que les dupes lui en voulaient profondément quand il avait révélé les supercheries dont elles étaient victimes. »
John Nevil Maskelyne se disait le petit fils du célèbre astronome royal Nevil Maskelyne (1732-1811) qui donna son nom à un cratère lunaire. Son fils Nevil (1863-1924) qui lui succéda fut lui aussi un brillant illusionniste. Quant à son petit-fils Jasper Maskelyne (1902-1973) il s'illustra au cours de la Seconde Guerre mondiale dans le service de camouflage, inventant de superbes leurres pour tromper et intoxiquer l'ennemi. Voir :