LE SANCTUM MARTYRIUM

Montmartre

 
Saint Denis et sa légende

Selon la tradition, Denis disciple de saint Paul, est chargé par Clément, troisième successeur de Pierre d'évangéliser la Gaule.

Avec ses compagnons Eleuthère et Rustique il prêche et répand le nom du Christ dans Lutèce. Le préfet romain Sisinius Fesceninus à qui ce prosélytisme déplaît ordonne qu'on les arrête. Ce qui est fait dans une carrière située sous l'actuel Faubourg St-Jacques. Ils sont incarcérés à la prison du Glaucus de l'actuelle Ile de la Cité.

Torturés et mis sur le gril, à la pointe amont de l'Ile, on les condamne à la décollation devant le temple de Mercure tout en haut de Montmartre. Mais les soldats qui conduisent Denis et ses compagnons à leur supplice, n'ont pas le courage de gravir la montagne jusqu'à son lointain sommet.

Martyre de Saint Denis

Ils les décapitent à mi-pente, près de l'actuelle place des Abbesses, là où se trouve aujourd'hui le N°9 de la rue Antoinette (Qui s'appela curieusement jadis rue Marie-Antoinette - autre décapitée célèbre - et devenue aujourd'hui rue Yvonne Le Tac, une résistante communiste).

La décollation faite, Denis se relève, ramasse sa tête, reprend l'escalade de la butte, lave son chef souillé à une source (la Fontaine Saint Denis, impasse Girardon), dévale le versant nord, parcourt ainsi plus de six kilomètres, pour finalement, tomber et expirer aux pieds d'une pieuse veuve, Catulla, qui l'inhume.

La légende affirme que le blé poussât immédiatement sur sa tombe pour la dissimuler aux profanateurs.

Catulla

Ce fut là que sainte Geneviève lui élèvera plus tard un oratoire, berceau de la future basilique de Saint-Denis.
 

Une crypte souterraine

Une crypte fut également aménagée à l'emplacement du supplice, au-dessus de laquelle fut bâtie une chapelle d'abord, puis quelques siècles plus tard, la fameuse Abbaye de Montmartre.

Crypte du Sanctum Martyrium

 
Compagnie de Jésus

Ce fut le 15 août 1534 qu'Ignace de Loyola et six de ses compagnons désireux comme lui de vouer leur vie au Christ, d'entraîner leur corps et leur esprit par des exercices spirituels se rendent dans la petite chapelle des Martyrs où Pierre Faivre, le seul prêtre du groupe célébre sa première messe.

Parmi eux, on compte le gentilhomme navarrais François Xavier qui partage avec Ignace une petite chambre au Collège de Navarre, Simon Rodriguez un boursier du roi du Portugal, deux anciens étudiants Jacques Laynez et Alphonse Salmeron d'Alcala, un autre Espagnol Nicolas Alonso de Bobadilla.

Ignace de Loyola

Ces jeunes gens pieux décident de prêter un serment selon une formule mise au point par Ignace de Loyola, acte fondateur de ce qui deviendra l'ordre de la Compagnie de Jésus :

Le serment stipulait : «Vœu de pauvreté, de chasteté, Vœu de s'embarquer pour Jérusalem ou en quelque pays du monde que ce soit, chez les fidèles ou les infidèles et au retour de se consacrer, avec l'aide de Dieu au salut des infidèles non moins qu'à celui des fidèles, par la prédication, l'éducation, la confession et l'administration de l'Eucharistie, sans recevoir aucune rémunération.»

Il s'agissait en somme d'une association spirituelle à but non lucratif mais qui, au lieu de la Préfecture, fut déclarée au Vatican ! Le Pape Paul III reconnut en 1540 par une Bulle, cet ordre sous le nom de Compagnie de Jésus.

Paris vaut bien une messe

Henry IV

En 1590, au temps de la guerre civile, le Vert-Galant, roi de Navarre et futur Henri IV qui assiégeait Paris, logea à l'Abbaye de Montmartre qui comptait alors trente-trois religieuses. Se surnommant lui-même «moine de Montmartre», il séduisit Claude de Beauvilliers, la jeune et belle abbesse âgée de 17 ans. On dit que ce fut dans ses bras qu'il décida d'abjurer la religion réformée et proclama : "Paris vaut bien une messe".

Une grande misère régnait sur "la montagne des martyrs" où les religieuses se livraient à la prostitution pour survivre. L'abbaye n'avait guère bonne réputation auprès des Parisiens qui l'appelaient le «magasin des putains». On affirmait même que des moniales avaient tenté d'empoisonner leur abbesse.

Lorsque le roi leva le siège, Claude de Beauvilliers suivit Henri IV à Senlis, et eut l'imprudence de lui présenter sa ravissante cousine Gabrielle d'Estrées qui la supplanta dans le cœur du Roi.

Marie de Beauvilliers, sœur de Claude, louée de son vivant à l'égal d'une sainte, vint remettre de l'ordre dans cette Abbaye aux murs délabrés et aux mœurs dissolues.

Hameau de Montmrtre

Monmartre

Dès le 6ème siècle, en haut de la butte se trouvait un hameau, avec sa chapelle et son cimetière. En 1133, le roi Louis VI le Gros racheta les terres aux moines et fit construire une église et un monastère.

L'Abbaye de Montmartre devint une des plus riches et plus importantes du royaume. Marie de Beauvilliers fit des travaux et l'abbaye restera le siège des Dames de Montmartre jusqu'à la Révolution. Quarante-six Abbesses dirigèrent ce monastère. On peut retenir parmi elles Marguerite de Rochechouart ou Louise de la Tour d'Auvergne.

Les biens de l'Abbaye furent confisqués par la Révolution et partagés en lots. Les acheteurs, des maçons et des carriers, rasèrent tous les bâtiments pour vendre les matériaux, le sol fut défoncé pour extraire le gypse, le Sanctum Martyrium disparut aussi ... il ne reste, semble-t-il, que peu de vestiges de ce lieu qui était si cher au cœur des Parisiens !

Les vandales à l'œuvre

 
Mont de Mars ou Mont du Martyre ?

La Butte Montmartre, longtemps considérée comme la "Butte Sacrée" est une colline s'élevant à 100 mètres au dessus du niveau de la Seine et à 127 m d'altitude. Selon certains historiens, comme mon ami Pillement, elle était autrefois occupée par un temple du Dieu Mars (Mons Martis) et était, étymologiquement le "Mont Martial de Paris". D'autres, plus tard, en ont fait le théâtre du martyre de Saint Denis, premier évêque de Paris, vers 250, et son nom a été transformé, sous l'influence de l'église chrétienne, en Mons Martyrum, le "Mont du Martyre".

Monmartre vu de Saint-Germain-des-Prés

Temple de Mars ou de Mercure ? Les historiens ne s'accordant pas tous sur l'histoire de ce haut-lieu savourons ses belles légendes.

La Chapelle des Martyrs ou Sanctum Martyrium, située à mi-hauteur de la butte sur l'emplacement d'un ancien "champ des morts", un cimetière de chrétiens persécutés, fut élevée au 9e siècle, refaite en 1134 et comportait une crypte à laquelle on accédait par un escalier de quinze marches puis un autre escalier de 45 marches, à l'époque déjà effondré, qui menait, disait-on, à un temple romain dédié à Mercure devant lequel Saint Denis fut décapité.

La décapitation de Saint-Denis

Saint Denis prit sa tête entre se mains, se releva et parcourut les 6 Km qui séparaient Montmartre de Saint Denis. Il tomba enfin devant une veuve pieuse, Catulla, qui le fit inhumer suivant les rites de la religion chrétienne. Sur sa tombe elle planta du blé pour la dissimuler et c'est à cet endroit que Sainte Geneviève, en 475, fit ériger la Basilique de Saint Denis que l'on voit toujours fort bien de nombreux endroits de la Butte.

En 1133 le Roi Louis VI sous l'influence de sa femme, Adélaïde de Savoie, décida de faire construire à l'emplacement du Sanctum Martyrium un monastère de femmes qui fut occupé jusqu'à la Révolution par l'Ordre des Bénédictines et ruiné en 1794. La plupart des pierres du vaste monastère de l'Abbaye de Montmartre servirent à cette époque pour consolider les maisons de la Butte.

Le lieu fut acheté par un carrier qui fit disparaître la Chapelle des Martyrs et les deux cryptes, donc, probablement le petit Temple de Mercure. Mais, cependant, la première hypothèse liée au Dieu Mars est pleinement justifiée car les hauteurs de Montmartre dominent toute la ville et ont souvent joué un rôle important dans les sièges de Paris. C'est de Montmartre qu'en 1589 Henri de Navarre, plus tard Henri IV bombarda la ville occupée par la Ligue.

Pierre Genève 1990

Saint-Denis sculpture de Notre-Dame de Paris

 
Pour en savoir plus :
Histoire en ligne

 


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