KASSAGI
chez les guérisseurs philippins

Kassagi, célèbre illusionniste et prestidigitateur, émerveilla petits et grands durant près d'un demi siècle par ses tours de magie. Présent sur les scènes du monde entier, cet enfant de la balle d'origine tunisienne, se refusait à dévoyer le noble art de la prestidigitation en se livrant à la tricherie qui consiste à se faire passer pour un mage doté de pouvoirs surnaturels, comme, l'ont fait entre autres, Uri Geller, les guérisseurs philippins, et la plupart des soi-disants sujets PSI.
Il raconte
«Lors d'un débat sur Radio-Télé Luxembourg à propos de Uri Geller, avec Philippe Bouvard, j'ai rencontré Albert Para, grand reporter à Paris-Match, un journaliste que j'admirais beaucoup. Il défendait avec ardeur Uri Geller, célèbre faiseur de miracles auquel j'avais lancé un défi. Albert Para me demanda alors ce que je pensais des guérisseurs philippins. Connaissant l'affaire "Arigo", je lui fis part de mon scepticisme.

Bien sûr, il existe peut-être de par le monde des êtres exceptionnels, charismatiques, aux dons hors du commun. Chaque fois que j'ai entendu parler d'une personne dont on vantait les pouvoirs paranormaux, je me suis déplacé pour tenter de comprendre le phénomène, pour savoir si c'était vrai ou faux. Malheureusement, jusqu'à présent, je n'ai rien trouvé.

Attention! je ne dis pas que cela n'existe pas. Je serais même tout à fait ravi de rencontrer de tels génies, mais à ce jour, j'ai toujours été déçu. Je reste pourtant à l'affût, à l'écoute, et si un lecteur de Science & Magie possède un don exceptionnel, qu'il m'écrive, je serai ravi de le tester !

Dans les années 70
Dans les années 70, un ami photographe m'appelle pour que je visionne un film en 8 mm sur les "guérisseurs aux mains nues". L'appellation est jolie, c'est vrai, surtout pour un prestidigitateur, mais c'est aussi par cette expression poétique que commence l'escroquerie. En fait, les Philippins ont simplement repris et transposé la tradition chinoise des "médecins aux pieds nus".

Le réalisateur du film était d'ailleurs absolument convaincu de la réalité des pouvoirs de ces fameux guérisseurs philippins. Il me projette le film, j'écoute le discours du réalisateur qui confine à l'hystérie.

Mais cela se comprend. Face à la maladie, l'idée d'un miracle possible induit des espoirs fous. Hélas le film était mal fait, non pas sur le plan technique, mais sous l'angle de la prise de vue. Convaincu de la réalité des faits, le réalisateur n'a pas cherché à saisir les soi-disant opérations sous le bon angle, ni à capter les mouvements les plus furtifs en manipulant la vitesse de saisie! La seule conclusion que je tirais de ce film, c'est qu'en opérant, le guérisseur exécutait les mêmes gestes que moi. Bien sûr, à ce stade, il m'était difficile de conclure de manière formelle.

Il opérait comme un prestidigitateur !
Ce qui est certain, c'est que cet empirique n'opérait pas comme un chirurgien, mais comme un prestidigitateur !

Intrigué, je décidai d'aller observer le phénomène sur place, avec une équipe de cameramen qui filmerait les opérations selon mes directives. C'est ainsi que je suis parti aux Philippines avec un ami médecin, 15 malades et une équipe de tournage professionnelle équipés de cameras 16 mm. Je m'étais moi-même muni d'une petite caméra de secours, en 8mm. Notre expédition eut les honneurs de la presse et nous voilà au cœur du mystère.

Dès la première démonstration, je compris que j'avais à faire à des manipulateurs au demeurant très moyens. Leurs tours de passe-passe étaient à peine plus forts que ceux d'enfants découvrant la magie à travers un coffret-panoplie du parfait magicien!

Mais, s'ils n'ont aucun don, aucun pouvoir véritable, quels merveilleux organisateurs de spectacles! La prise en charge des malades débutait dès leur arrivée à l'aéroport. Et quelle esbroufe!

En fait je sentais que ce n'était qu'un remake de l'affaires Arigo, le soi-disant "chirurgien" illettré brésilien qui opérait à l'aide de pinces, de ciseaux et d'un simple couteau de cuisine! Il ouvrait l'épiderme des patients sans anesthésie ni asepsie, et il en sortait théâtralement des substances dont il prétendait qu'elles étaient la source du mal, avant de refermer la plaie d'une simple pression des doigts! Et bien sûr le tout sans cicatrice! L'enfance de l'art pour un illusionniste!

Dr Andreï Puarich

Or Zé Arigo était managé par Andreï Puharich, que l'on présentait tantôt comme un médecin, tantôt comme un électronicien d'origine yougoslave, spécialisé dans les appareils contre la surdité. Il s'est servi de ce guérisseur pour faire beaucoup d'argent. Mais Arigo rêvait de s'acheter une motocyclette, ce qu'il a fait. Et il s'est tué avec son engin. Du coup il fallait que ce M. Puarich trouve autre chose.

Ayant perdu Ze Arigo, il a lancé un nouveau "produit phénomène": Uri Geller. Mais ceci est une autre belle histoire d'escroquerie, que je vous raconterai peut-être une autre fois!

Dans le cas Arigo, tout était manipulé et truqué! Andréï Puarich et son protégé ont berné les plus grands savants et des hommes de science célèbres! Je suis personnellement convaincu qu'il en va de même pour les guérisseurs philippins. Je vais vous expliquer comment ça se passe.

Voyage organisé pour grands malades
Au départ d'Europe, le malade s'acquitte d'un forfait auprès de l'organisateur, qui comprend le prix du voyage et le séjour sur place, la prestation du guérisseur étant supposée entièrement gratuite. Tout est réglé selon les normes des professions touristiques: il s'agit en fait d'un véritable voyage organisé.

En arrivant aux Philippines, l'accueil est très chaleureux, très convivial, style Club Med. C'est la première astuce. Le malade se sent dorloté, entouré de visages souriants, il est mis en confiance. Le premier jour un repas très gai réunit tous les protagonistes: on fait connaissance. Ensuite les organisateurs s'attachent à satisfaire les moindres désirs de leurs clients (les malades), y compris, s'il le faut, en leur fournissant des prostitués hommes ou femmes selon les souhaits de chacun.

Pour un grand malade habitué à la froideur des services hospitaliers européeens, à la réserve distance des médecins, le manque de communication, l'ambiance ici est tout à fait extraordinaire. D'abord nous sommes dans un pays de soleil, exotique, à la végétation luxuriante.

Les malades vont tout de suite avoir meilleure mine. Ensuite il y a tous ces gens aimables, aux petits soins, qui s'occupent d'eux avec gentillesse, leur accordent de l'importance. On leur fait visiter le pays, on offre des friandises locales, de menus cadeaux.. Le troisième jour, tous les malades se retrouvent dans une chapelle avec un prêtre au statut assez flou. (Celui qui s'occupa de notre groupe avait , je ne sais pourquoi, un "flingue" sur lui).

Préparation psychologique des malades
Ce prêtre est chargé de la préparation psychologique des malades. Vêtu sans ostentation, il ne fait certainement pas partie de l'église officielle. Le nôtre portait des insignes maçonniques, il en est d'autres qui portent une croix pectorale ou même des emblêmes spirites. Allan Kardec, le "rénovateur" de la doctrine spirite est très en vogue ici. 

Notre prêtre s'adressa aux malades de notre groupe en ces termes:

- Si vous êtes malades, c'est de votre faute. Vous avez trop négligé votre corps, votre âme, vous avez été jaloux, envieux, malhonnêtes. Vous avez abandonné la prière et la loi du seigneur. Aussi, Dieu que vous avez délaissé, vous a à son tour délaissé. Mais Dieu vous aime! Il ne veut pas la mort du pêcheur, et si vous avez confiance en lui, foi en sa puissance, si vous le suppliez de vous guérir, il vous guérira, aujourd'hui... demain... dans huit jours, peut-être tout de suite!

C'était un discours fabuleux. Tellement convaincant que certains malades se mettent à pleurer comme des enfants. A cet instant, mis en condition, ils sont prêts à tout gober, à accepter l'invraisemblable. On amène alors les malades au domicile d'un chirurgien aux mains nues. C'est en général un type affable, très bien élevé, au physique attachant.

La veille de l'opération, afin de me rendre compte de l'état d'esprit des malades, je me suis entretenu avec l'un d'eux qui semblait tout à fait sensé et raisonnable. Il était atteint d'hémorroïdes, et les médecins français n'avaient pas pu l'en guérir. J'essayai de glisser dans la conversation, mais de manière prudente, que tout cela pouvait être truqué. Il ne m'a évidemment pas cru.

L'opération à main nue
Quand il arrive sur la table d'opération, le malade ainsi "conditionné" n'a plus qu'une envie, c'est que le praticien l'opère et le guérisse instantanément, de ses doigts de feu, comme on lui a raconté que cela se passait.

Voici le malade allongé sur une table de soins. La mise en scène est grandiose. Beaucoup de gens vont et viennent. Nous, les observateurs sommes là, avec nos caméras. Brouhaha. Cela va jusqu'aux chœurs d'enfants et de jeunes filles qui chantent des cantiques émouvants pendant l'opération. Dans la position qui est la sienne, le patient ne voit plus son corps. Dès que le guérisseur lui touche le ventre, par exemple, ou une autre partie du corps, sa perception est faussée, son attention détournée. (Tous les illusionnistes et les pick-pockets savent ça!).

C'est l'instant du coup de théâtre choisi par le manipulateur pour faire jaillir du sang. C'est très spectaculaire, ça ressemble à du grand guignol. Le spectacle est total, impressionnant. L'assistance frissonne.

Quand il sort de la salle d'opération, en criant qu'il est guéri, le malade à qui j'ai fait part de mon doute sur la réalité de ces miracles, m'eût certainement frappé s'il m'avait trouvé sur son chemin. Cela montre bien comment une telle mise en scène peut transformer les gens les plus sensés en gogos naïfs, si ce n'est en dangereux fanatiques.

Le malade ne ressent plus son mal
Mais une chose me tracassait. Il me fallait aller plus loin dans l'analyse de ce phénomène. Ce qui me troublait le plus, c'est que le malade n'avait effectivement plus mal. J'ai donc réussi à subtiliser un échantillon de l'onguent que le guérisseur utilisait, et je l'ai porté à mes lèvres. Je me retrouvai durant toute la journée avec une bouche en partie insensible, comme paralysée. J'avais la preuve que le coquin se servait d'un puissant anesthésique pour donner le change. J'avais retrouvé, mais en plus fort, la sensation éprouvée autrefois chez le dentiste.

A l'époque où je me trouvais aux Philippines (1977), ces charlatans étaient plus de 2000, recevant des milliers de clients amenés par charters par les Medical Tour Operators du monde entier ! On pouvait véritablement parler d'industrie.

Tony Agpaoa

Tony Agpaoa Le chef de file de cette organisation était le jeune et célèbre Tony Agpaoa qui avait berné de nombreuses équipes médicales munies de caméras, de photographes et d'attachés de presse... Il paraît que la combine fonctionne encore aujourd'hui, mais faute de véritables guérisons, la vogue s'est un peu calmée ! Et pour cause!

Ce qui m'a le plus étonné, c'est le niveau tout à fait médiocre de la prestation de ces soi disant guérisseurs. Le moins doué des illusionnistes pouvait aisément démonter leurs combines! Comment des savants, des médecins prestigieux, des docteurs en tous genres pouvaient-ils se laisser prendre à de telles inepties? Et ces pauvres malades que l'on trimballait dans ce cirque, heureux, souriants, sûrs de guérir et qui mouraient dès leur retour au pays, s'ils ne restaient pas en route, coûtant à leurs familles des fortunes en frais de rapatriement.

Dans un état d'extrême faiblesse, fatigués par le voyage, les ballades, les visites, les cérémonies, mais conservant la foi dans le miracle, ils faisaient pitié à voir.

Après l'opération, on distribue une petite enveloppe au malade en lui disant de mettre dedans la somme qu'il voulait. Mais il y a dans la salle des "conseillers bénévoles" qui suggèrent le montant des dons et, pour chauffer l'ambiance, les cris de remerciement et les pleurs hystériques des faux-malades, dont la proclamation bruyante de la guérison imaginaire est bien utile au guérisseur pour faire cracher l'Européen au bassinet.

Il y a deux siècles, Abraham Lincoln disait: "Amenez- moi une personne qui croie en moi, et à partir de là j'en trouverai mille!"

Fausse rumeur
Nous savons tous combien il est facile de répandre une fausse rumeur qui, au bout d'un certain laps de temps, passera pour vraie.

Toutes les guérisons miraculeuses des chirurgiens philippins ne sont qu'une fausse rumeur qui s'est répandue à travers le monde comme une traînée de poudre et renaît ici et là, comme une épidémie.

Certains guérisseurs refusent d'être filmés
Pour le film que mon équipe désirait tourner, il y eut évidemment des difficultés. Certains guérisseurs refusèrent d'être filmés, d'autres exigèrent des sommes d'argent prohibitives (jusqu'à dix mille dollars). Après avoir sillonné le pays et visité plusieurs de ces officines, nous avons réussi à filmer les opérations de Placido, et de Joséphine, une guérisseuse assez connue. Au départ, ayant mis en boîte les premières scènes, nos cinéastes croyaient vraiment être en présence de phénomènes tout à fait authentiques. 

Il m'a fallu leur indiquer sous quels angles filmer l'opération pour qu'ils puissent enfin découvrir la supercherie lors de la projection. Il est en effet difficile de mettre en évidence une manipulation à l'aide d'une caméra.

Vous le savez, la norme de déroulement d'un film est de 24 images par seconde. Il s'agit donc d'une décomposition du temps au 24e de seconde. Or les mouvements d'un prestidigitateur peuvent atteindre le 60e de seconde. Cela explique comment on peut réaliser des trucages devant une caméra sans qu'ils soient décelables. N'oublions pas qu'un film est lui aussi une "illusion"!

En fait, tout le secret peut être révélé en changeant d'angle de prise de vue, car si l'œil humain est mobile et qu'il est facile de détourner son attention, la caméra elle, représente une sorte d'œil fixe. C'est pourquoi, pour réussir ses tours devant un caméraman astucieux, le prestidigitateur doit être rapide et savoir improviser...

Quelques dessins
Voici quelques dessins réalisés selon mes directives publiés dans la revue Science & Magie en 1994). Ils sont assez explicites. Voyez, les guérisseurs philippins nous montrent toujours leurs mains vides, puis ils prennent du coton.

Comme il est difficile de le partager sans le mouiller, car le coton sec aura toujours tendance à reprendre son volume d'origine, ils le trempent dans de l'eau. Une fois humidifié, le manipulateur peut le faire disparaître facilement. Le sang utilisé pour ces spectaculaires hémorragies est une gelule de sang caillé de la taille d'un petit pois. Au contact de l'eau, il va se dissoudre et la colorer en rouge.

L'effet est spectaculaire. Allongé, le malade ne voit pas ce qui se passe, il ne peut que l'imaginer. Et quand le guérisseur griffe la peau avec son ongle, le patient a l'impression qu'on l'incise. Soulagé de ne pas avoir mal, il croit vraiment à la réussite de l'opération. On lui a tellement expliqué la mécanisme auparavant... C'est ainsi que ces charlatans suggestionnent le patient et lui donnent l'impression de subir un acte de chirurgie surnaturelle.

(Fig. A) Avant l'opération, le guérisseur dissimule les morceaux de chair qu'il va extraire du corps du malade durant l'opération, sous le rebord d'une cuvette, où il s'en saisit lorsqu'il se lave les mains.
FIG B.Un autre truc rencontré aux Philippines: Durant l'opération, en jouant avec une serviette, ou tout autre linge, il extrait les morceaux de chair disposés sur une plaquette de bois cachée dans sa braguette.
(Fig. C) L'incision miraculeuse. Certains guérisseurs déclarent qu'ils peuvent inciser la peau à, distance. En réalité, ils demandent au malade de se concentrer et, d'un geste rapide, ils appliquent une bible truquée sur le corps à l'endroit où ils doivent opérer.
Une lame de rasoir dissimulée dans la reliure et dépassant à peine le niveau des pages incise très légèrement la peau; l'estafilade est nette et sans bavure. Le malade ne voit ni sent rien; aucun sang n'apparaît avant quelques secondes, répit que le guérisseur met à profit pour retirer la bible et presser de son doigt le corps du malade, à l'instant même où le sang jaillit !

Alors, pour son nouveau tour de passe-passe, il utilise l'empalmage, un vieux truc bien connu des prestidigitateurs.

(Fig. D). Il empalme donc une gelule de sang coagulé, plonge prestement sa main dans la cuvette, la retire tout aussi vite, puis, perçant la gelule d'un ongle adroit, il presse le corps du malade de ses deux mains faisant jaillir le sang qui semble sourdre du corps même du patient.
(Fig. E). Après quoi, le guérisseur fait apparaître un morceau de chair soi-disant extrait du malade. D'abord ces bouts de viande sont le plus souvent constitués d'entrailles animales, mais il arrive parfois qu'elles soient humaines, prélevées on ne sait où.

Voici le déroulement de l'opération: Le morceau de chair à extraire étant dissimulé dans la main, coincé dans la paume légèrement repliée. (Fig. H).

Le truc est indécelable pour un non professionnel. Le guérisseur pose la main sur le malade (Fig. I)...
...et saisit le morceau de viande entre deux doigts, tout en masquant l'opération en cours, de son autre main. (Fig. J.)
Il tire sur la viande qui paraît sortir duventre du malade. (Fig.K).
C.Q.F.D.

Quant aux malades-cobayes que nous avions emmené dans notre expédition, voici le résultat. Après plusieurs interventions chez différents thérapeutes, une jeune fille âgée de 18 ans est morte sur place. Elle avait suivi tout le circuit sans aucun résultat.

Avec la complicité du médecin qui accompagnait notre groupe, il me fallut passer les services de douane et de police en simulant que la malade était encore en vie, afin d'éviter un rapatriement trop coûteux pour sa famille. Durant tout le voyage de retour, j'ai joué la comédie de l'infirmier attentif. A l'arrivée de l'avion, les parents étaient là, effondrés.

En moins de trois mois tous les malades que nous avions emmené là-bas, et dont certains avaient parfois éprouvé un mieux-être passager durant leur voyage, étaient morts.

Les voyageurs de la dernière chance
Il en va généralement de même pour les autres malades participant à ces charters médicaux, bien qu'il y ait, ici et là, de rares et inexplicables rémissions.

Je précise que durant toute cette expérience, j'ai bénéficié de l'appui de quelques amis médecins. Ce sont eux qui ont réuni le groupe de malades condamnés par la médecine officielle pour nous accompagner, afin de tenter de vérifier la valeur de ces guérisseurs.

En fait, je le répète, je suis convaincu qu'il s'agit d'une escroquerie organisée sur une grande échelle. Evidemment, je n'ai pas rencontré ni testé les 2000 guérisseurs psi des Philippines. Mais j'ai vu opérer à Baguio le célèbre Tony Agpaoa dont la renommée fait l'un des plus prodigieux guérisseurs empiriques de tous les temps. Je l'ai percé à jour comme les autres. Je me trouvais d'ailleurs aux Philippines en même temps qu'Alfred Stelter qui publia un ouvrage apologétique: Guérisseurs PSI (Editions Robert Laffont). Je pense qu'il était sincère, mais il a été roulé dans la farine comme beaucoup d'autres.

* Tony Agpaoa n'est plus, mais sa tombe reste un pélerinage obligé pour les touristes des médical-charters.

Phénomènes paranormaux ou PSI
Avec regret et une certaine humilité je dois avouer que jamais, au cours de ma carrière pourtant bien remplie, je n'ai assisté de visu à un phénomène paranormal ou psi dont je n'aie pu démonter la mécanique. Pourtant j'aimerais bien rencontrer un jour quelqu'un ou quelque chose qui me surprenne. On lit beaucoup de ralations de miracles dans les livres et les journaux. La réalité en produit hélas très peu. Sinon ce ne seraient plus des "miracles".

Les seules personnes qui m'ont vraiment étonné et surpris ce sont des confrères surdoués, illusionnistes ou prestidigitateurs, dont je n'ai pas encore réussi à élucider certains tours qu'ils exécutaient devant moi. Mais je savais qu'il s'agissait d'un truc, ou d'un tour de main que j'ignorais, et non de pouvoirs surnaturels, comme voudraient nous le faire croire tous les faiseurs de miracles du monde.

Vous allez me demander comment je puis être si sûr de ce que j'avance? Eh bien imaginez qu'il soit possible à un individu de voir les choses cachées, d'agir sur la matière par la force de la pensée, ne serait-ce qu'une fois sur mille?

Les espions, les services secrets deviendraient vite obsolètes et leurs enquêteurs inutiles. Les gouvernements n'auraient plus besoin d'entretenir à grands frais des agences de renseignement!

Or, on ne constate rien de tout cela. De même pour la télépathie: si cela marchait vraiment, plus besoin de téléphone. On communiquerait de cerveau à cerveau !»

J'ai confiance en l'homme et en la science

Sans doute communiquerons-nous un jour directement de cerveau à cerveau, mais nous n'en sommes pas encore là! J'ai confiance en l'homme et en la science. Nous autres prestidigitateurs, nous utilisons toutes sortes de trucs, mais nous ne trompons personne quant à la réalité des faits.

Je propose donc que toutes les équipes qui entreprennent des investigations dans le domaine du paranormal, invitent un prestidigitateur compétent à participer à leurs recherches. J'ai constaté qu'il est plus facile de tromper l'attention d'un intellectuel que celle d'un manuel. Il est plus sensible au verbe, et se laisse manipuler par une belle démonstration théorique, tandis qu'une personne de sens commun restera plus proche de la perception brute des faits.»

© (Propos recueillis par André Jimenez & Pierre Genève)


 
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