Le Nopal est un don de Dieu.>
Il fait partie avec l'aloès, le thym,
l'ortie, le pissentit, l'ail et le plantain,
des plantes médicinales les plus utiles que la nature ait offert
aux hommes.
Avec sa silhouette rigolote hérissée
d'épines, ses raquettes bizarres aux formes inattendues, ses grandes
fleurs mystérieuses et éphémères qui fascinent
les enfants, son fruit au parfum subtil qu'il faut savoir mériter
(à cause de ses piquants), le Nopal est une plante étrange
qui n'a certainement pas encore révélé tous ses secrets.
Longtemps méprisé par les riches, les colons, les conquérants,
qui le considéraient comme Voltaire "tout juste bon à
nourrir les indigènes, les marins, la cochenille et les cochons,"
le Nopal connaît aujourd'hui une fantastique et juste revanche. Ce
drôle de cactus se retrouve en vedette dans d'innombrables films,
figure à la carte des meilleures tables du Nouveau-Monde, entre
dans la composition de remèdes efficaces pas encore reconnus officiellement,
mais cela ne saurait tarder.
"Il est né on ne sait où
ni trop comment.
Un jour il dressa vers le ciel son visage ovale hérissé d'épines.
Le lendemain la figure devint tronc.
Il en jaillit des mains plates armées de griffes.
De ces tiges partent de nouvelles mains, de nouveaux visages,
toujours ornés de piquants.
Nul ne l'arrose, nul
ne le cultive, sinon Dieu.
De ses racines à la fois
tendres et fortes qui dissolvent les pierres,
il emprunte à une terre
sans eau les sucs rares dont il se nourrit.
Alors ses mains bizarres
donnent naissance à des bourgeons.
Bouton d'or ou de rubis chaque
bourgeon s'ouvre sur une fleur admirable.
Fleur parfumée deviendra
fruit délectable, fruit divin.
De ce fruit naîtront
d'autres visages, d'autres mains, d'autres fleurs et d'autres fruits.
Il rassasie le faible,
rafraîchit l'assoiffé, guérit le malade,
embellit la femme, inspire l'artiste,
apaise l'esprit du fou
et transcende celui du sage".
(Salvador de Mendoza 1492-1560)
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